Les associations des personnes diabétiques à travers le pays ne chôment pas durant ce mois de Ramadhan. Ce n'est pas qu'elles soient engagées dans des opérations de solidarité au profit des démunis mais de nombreux adhérents les sollicitent pour des conseils sur les mesures à prendre pour prévenir les risques du jeûne sur leur glycémie. A la question posée, il y a toujours une réponse. Une réponse bien étudiée, bien réfléchie. Cela entre dans le cadre de tout un travail de sensibilisation que chaque association doit mener sur le terrain, de la meilleure manière qui soit, de façon à informer un maximum de personnes sur les moyens d'éviter les complications. Force est de reconnaître que des efforts considérables sont déployés dans ce sens, pas seulement à Alger mais dans plusieurs wilayas du pays. Ce n'est pas le cas pour les associations des personnes hypertendues qui se manifestent peu sur le terrain. Ces dernières semblent manquer de moyens, d'organisation mais aussi de vision d'avenir. Pourtant, les malades ont grandement besoin de leurs services, sachant qu'un tiers de la population algérienne est atteinte de cette maladie chronique, selon des chiffres donnés par des professionnels de la santé. Pour en revenir aux personnes diabétiques, ces dernières peuvent être rassurées quant à la disponibilité des médicaments, des soins hospitaliers… et d'informations. Les maisons des diabétiques –pas toutes- font aussi un travail remarquable pour venir en aide à ces personnes malades et les diététiciens s'y impliquent sérieusement. Malheureusement, comme nous pouvons le constater au quotidien, quels que soient les conseils donnés aux malades et les mises en garde contre les abus et la surconsommation de tel ou tel produit, certains résultats vont à contresens du travail élaboré. «La boisson gazeuse est sacrée pour l'Algérien durant le Ramadhan… Comment voulez-vous persuader un malade de s'en passer ? Même quand nous l'autorisons à en prendre à condition de ne pas dépasser une certaine quantité, il ne suit pas le conseil. Après la rupture du jeûne, il arrive dans un état catastrophique», affirme un diététicien de la maison des diabétiques de Belouizdad à Alger. Le même scénario revient chaque année à la même période. Les interdictions ne concernent pas seulement les boissons gazeuses mais aussi tout ce qui est sucré et bien d'autres produits. «Rien à faire. Certains malades sont têtus. Ils s'obstinent à répéter les mêmes erreurs et blâmer par la suite les médecins», se plaint le diététicien. Et un de ses collègues de lancer sur un ton de résignation : «La tentation !» Pour certains malades, il est carrément interdit de jeûner… mais beaucoup passent outre. L'argument religieux a son poids : «Je tiens absolument au respect de ma religion musulmane. Je ne peux pas renoncer au jeûne… quitte à m'évanouir.» Ce sont les propos d'un jeune diabétique de type 2. D'autres évoquent le regard «impitoyable» de la société, ce piège dans lequel tombent facilement certaines femmes. «Et que dirons mes collègues, mes voisines ?» demandent-elles. Pour cette catégorie de personnes diabétiques qui refusent ainsi d'assumer leur maladie, la seule manière de se protéger, c'est de faire semblant de jeûner, alors que ce n'est pas le cas. Manger en secret. Prendre ses médicaments et son insuline sans que personne ne s'en aperçoive. Il ne faut surtout pas que la belle-mère ou la belle-sœur découvre le «handicap» de la nouvelle venue de leur maison. Des tabous, des jugements ô combien négatifs qui n'en finissent pas. Hélas ! c'est cela aussi la société algérienne. Pour rappel, il est strictement interdit au diabétique de jeûner s'il est traité par insuline, si le diabète est compliqué ou s'il présente des épisodes d'hypoglycémie (acidocétose ou coma récents de moins de trois mois). Il y a aussi le cas du diabète gestationnel (femmes allaitantes diabétiques). En revanche, le jeûne est autorisé si le diabétique est de type 2 non compliqué et est bien équilibré par les règles hygiéno-diététiques et/ou les comprimés. Par ailleurs, il est conseillé de procéder à l'autosurveillance glycémique par des glycémies capillaires, le matin à jeun, avant et après les repas (ftour et shour). En cas de malaise, il faut interrompre le jeûne si la glycémie est inférieure à 0,70 grammes/litre ou supérieure à 3 grammes/litre. K. M.