La sublime et inoubliable Nedjma, l'œuvre majeure du grand écrivain algérien Kateb Yacine, sera au cœur de la réflexion de la 2ème édition du séminaire international sur la vie et l'œuvre de l'auteur d'expression française, prévue à Guelma du 26 au 30 août, a annoncé le président de l'Association pour la promotion touristique et l'animation culturelle de la wilaya de Guelma, en charge de l'organisation de ce rendez-vous, à l'APS. Intervenant sur le choix de Nedjma, l'œuvre maîtresse de la création artistique de Kateb Yacine, M. Ali Abassi, président du comité d'organisation, a estimé que cette option procède du souci de «dévoiler davantage la richesse de cet ouvrage énigmatique», qui, selon lui, «recèle une densité linguistique, sentimentale et sémantiquequi en fait une œuvre révolutionnaire à plus d'un égard». Une tâche, a-t-il précisé, à laquelle s'attelleront des académiciens de différents pays ayant confirmé leur participation à ce séminaire qui a attiré d'ores et déjà différents sponsors disposés à honorer l'enfant de la région de Aïn Ghror relevant de la commune de Hammam N'bails de Guelma.Dès sa publication, en 1956, en pleine guerre d'Algérie, Nedjma s'est imposé comme le roman fondateur de la littérature algérienne moderne. Écrit pour l'essentiel avant le 1er novembre 1954, date du déclenchement de l'insurrection, il a été lu comme une somme d'informations sur l'Algérie colonisée annonçant sa nécessaire libération. Kateb Yacine devait souligner lui-même qu'«il s'agissait à l'époque de montrer en français que l'Algérie n'était pas française». Par ailleurs, à la suite du succès de la 1re édition de cette manifestation culturelle, en 2009, dédiée à la commémoration du 20ème anniversaire de la mort de Kateb Yacine, militant acharné pour la culture et la liberté, cette 2ème édition sera parrainée par le ministère de la Culture qui en prendra en charge, partiellement, le financement. Pour rappel, l'association avait œuvré avec succès en 2009 pour qu'une stèle à l'effigie de Kateb Yacine soit inaugurée en marge du colloque et érigée sur le site d'Aïn Ghror, près de Hammam N'bails. Ce monument rend aussi hommage à la résistance de la tribu des Beni Keblout à laquelle appartenait Kateb Yacine. Une salle de cinéma de la ville de Guelma a également été baptisée du nom du père de l'Homme aux sandales de caoutchouc. Pour l'édition de 2010, la présidence d'honneur du comité d'organisation de ce séminaire international autour de l'œuvre littéraire de Kateb Yacine, constitué de figures illustres d'hommes de communication et de lettres, reviendra, selon les organisateurs, à une figure littéraire nationale dont le choix sera fixé ultérieurement. Pour conclure, citons une autre grande plume des lettres algériennes, en l'occurrence Tahar Djaout qui avait écrit de son vivant : «Nedjma est en effet sans conteste le texte fondamental de la littérature algérienne de langue française […] Il a fallu attendre 1956 pour que Nedjma vienne, par lacomplexité de sa quête et la superbe échevelée de son écriture, fonder une vraie maturité littéraire.» Ajoutant que «pour la première fois dans la littérature maghrébine, l'expression de l'intérieur fracture la syntaxe qui la porte et fait éclater du même coup cet ‘‘indigénisme'' qui sous-tend jusqu'aux meilleures œuvres des années 1950 […] Depuis, Nedjma demeure un texte sans doute inégalé dans la littérature maghrébine; il demeure, en tout cas, le texte le plus inépuisable». S. A.