La reprise des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens aura lieu dans un contexte de division des rangs palestiniens ,alors que l'establishment israélien est globalement soudé et homogène. Le fait de négocier «sans conditions préalables» est considéré par Israël comme un succès diplomatique qui redore le blason du Likoud et de Netanyahu. Abbas a, quant à lui, accepté de reprendre langue avec le gouvernement israélien sans que ses conditions de geler les colonies soient satisfaites. Depuis le lancement des négociations après les accords d'Oslo, c'est-à-dire après dix-sept ans de tergiversations, de fuites en avant, de temporisation, les Palestiniens n'ont arraché que deux bantoustans non viables, un déchirement sans précédent des Palestiniens dont les clivages idéologiques, politiques et territoriaux les éloignent de plus en plus du fondement commun, qu'est l'indépendance de la Palestine et des droits nationaux de tous les Palestiniens. Jamais un processus de paix entre deux entités n'a duré dix ans sans aucun résultat. Le prochain round de négociations ne diffère en rien des précédents puisque les divisions palestiniennes ne font que renforcer la stratégie israélienne qui consiste à gagner du temps et à continuer à grignoter des territoires aussi bien à Ghaza qu'en Cisjordanie.Quant à l'essentiel des revendications palestiniennes, aucune n'a été satisfaite. L'Etat palestinien et ses pouvoirs Les Palestiniens veulent proclamer en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza un Etat ayant tous les attributs de la souveraineté. Israël réclame la démilitarisation de cet Etat, le contrôle de son espace aérien et de ses frontières extérieures. Frontières et devenir des colonies juives Officiellement, les Palestiniens exigent un retrait israélien de tous les territoires occupés depuis juin 1967, y compris El Qods-Est annexée après sa conquête. Ils sont toutefois disposés à accepter des modifications frontalières mineures sur la base d'échanges territoriaux avec Israël. Ce dernier exclut catégoriquement un retour aux frontières d'avant 1967 mais est prêt à des retraits importants en Cisjordanie. Il entend annexer les «blocs d'implantation» où vivent la grande majorité des 300 000 colons, hors El Qods-Est. Les Palestiniens exigent le gel des colonies durant les négociations, mais n'en font plus un préalable à leur reprise. En 2005, Israël a unilatéralement démantelé toutes les colonies de la bande de Ghaza et quatre implantations isolées de Cisjordanie. En novembre dernier, il a annoncé un moratoire de la construction de dix mois en Cisjordanie qui s'achève le 26 septembre. Statut d'El Qods Israël considère El Qods, dont sa partie orientale annexée à majorité arabe, comme sa capitale «indivisible et éternelle». L'Autorité palestinienne veut faire d'El Qods-Est, où vivent 260 000 Palestiniens et plus de 200 000 Israéliens, la capitale de son Etat. A Camp David en 2000, le Premier ministre israélien de l'époque, Ehud Barak, avait suggéré que les quartiers arabes périphériques passent sous souveraineté palestinienne. Israël insiste pour garder le contrôle du «Bassin sacré» comprenant la Vieille Ville, site des principaux Lieux saints des trois religions monothéistes (islam, judaïsme et chrétienté). Les Palestiniens s'y opposent catégoriquement. La problématique de la diaspora palestinienne Il y a plus de quatre millions de réfugiés palestiniens. Il s'agit en grande majorité des descendants des quelque 700 000 Palestiniens ayant fui le territoire devenu en 1948 l'Etat d'Israël ou qui en avaient été chassés. Les Palestiniens ont toujours exigé qu'Israël reconnaisse un droit au retour dans ses frontières, conformément à la résolution 194 de l'Assemblée générale de l'ONU. Israël refuse catégoriquement ce «droit au retour» qui, s'il était appliqué, mettrait en péril le caractère juif de l'Etat. L'enjeu des ressources hydriques et partage des eaux : Israël se réserve une grande partie des nappes phréatiques dans le sous-sol de la Cisjordanie. Les Palestiniens réclament un partage équitable. Le caractère juif d'Israël Le Premier ministre Benyamin Netanyahu demande que les Palestiniens reconnaissent Israël «comme l'Etat du peuple juif». Les Palestiniens rejettent cette revendication dont l'acceptation reviendrait pour eux à renoncer au «droit au retour» des réfugiés en Israël. A. G.