Photo :S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Depuis le lancement des travaux en octobre 2008, le projet de réalisation du tramway d'Oran s'est avéré une source intarissable de désagréments pour les habitants. Voies interdites à la circulation, déviations multiples génératrices d'importants embouteillages, impossibilité de fonctionner pour des centaines de commerces situés le long du tracé… jamais réalisation d'un projet de développement n'a été autant controversée. Et ce qui n'arrange rien, le délai de 26 mois initialement imparti à la réalisation du projet devrait être prolongé en raison de retards enregistrés pour diverses raisons (aléas climatiques, manque de matériel…). Pourtant, dès le début des travaux, une commission multisectorielle avait été installée pour suivre l'avancée de la première phase des travaux de réalisation du tramway. Composée de représentants de la commune d'Oran, de la Direction des transports, de l'Entreprise du métro d'Alger (EMA) et du consortium espagnol Tram-Nour, cette commission technique devait veiller au respect des délais fixés pour le démarrage de la deuxième phase et, plus globalement, à ceux impartis à la réalisation entière du tramway. Mais ni cette commission ni les différentes visites ministérielles pour constater l'avancée des travaux et, au besoin, prendre les mesures palliatives qui s'imposeraient en cas de risques de retard n'ont évité le constat que tout le monde reconnaît aujourd'hui – même de manière informelle : dans le meilleur des cas, le délai de réalisation devrait être prolongé d'une année. Les chiffres, pour autant qu'ils soient fidèles à la réalité, avancés par la Direction des transports sur le taux d'avancement des travaux sont de 70% pour le génie civil, près de 60% pour le terrassement, un peu plus de 30% pour la réalisation des ouvrages d'art et de 36% pour le dépôt de Sidi Maarouf. Des chiffres qui inquiètent beaucoup de monde, y compris parmi les techniciens impliqués dans la réalisation du projet qui remarquent que les travaux devant toucher le centre-ville (sans doute les plus délicats) n'ont même pas encore été lancés. D'où la décision, annoncée il y a plus d'un mois par le directeur de l'EMA, d'accélérer la cadence du travail par l'adoption du système «3X8» afin de tenter de rattraper les retards dont la facture risque d'être lourde. Mais force est de constater que cette mesure n'a pas encore été concrétisée pour, semble-t-il, une question de moyens défaillants, et que les retards accumulés restent entiers. Une autre mesure, quelque peu désespérée, prise ces derniers jours par les responsables du projet est la désignation au sein de chaque concessionnaire de réseaux (Sonelgaz, Seor, Algérie Télécoms, directions de l'hydraulique et des travaux publics) d'un responsable qui serait chargé du suivi des travaux de déviation des réseaux aux fins de donner un coup d'accélérateur à la cadence des travaux.A quelques mois de l'écoulement des délais initialement impartis, il est devenu clair même pour l'homme de la rue que le tramway ne sera pas livré à temps et qu'il faudra se résoudre à une prolongation du délai. La question qui se pose désormais est de savoir qui est responsable des retards accumulés et de l'inévitable prorogation qui se profile. Surtout, il faudra déterminer qui de la partie espagnole ou algérienne assumera les lourdes pénalités de retard qui en découleront.Pour rappel, le tracé du tramway devrait passer par quelque 31 stations qui seront réparties sur l'itinéraire de 17,7 kilomètres séparant Sidi Maarouf (est de la ville) de l'université de Sénia (sud). Entre ces deux terminus, le tramway desservira successivement Haï Sabbah, l'Usto, le carrefour des Trois Cliniques, le futur palais de justice, Dar El Beïda, le quartier de Plateau St-Michel, la place du 1er Novembre, M'dina J'dida, Boulanger pour, enfin, prendre la direction de Sénia. Le coût de ce projet qu'il faudra désormais revoir à la hausse est de plus de 39 milliards de dinars.