Trois jours après celle en bronze gagnée par Soraya Haddad, le judoka Amar Benyekhlef vient d'offrir à l'Algérie une médaille d'argent dans la même discipline. La seconde performance de ce sport dans un rendez-vous aussi prestigieux que les jeux Olympiques vient de signer l'accession du judo algérien à un stade supérieur après sa domination pendant longtemps au niveau continental. Les deux médailles de Haddad et de Benyekhlef sont le couronnement d'un travail de longue haleine qui conduit tout sportif ambitieux à des titres de champion au niveau national avant de briguer les sacres mondiaux. En plus du fait de replacer l'Algérie dans la cour des grands de la discipline, les présents sacres du judo algérien sont porteurs d'un message lourd de sens qui va droit aux dirigeants du sport national, articulièrement ceux qui se servent des postes qu'ils occupent au lieu de servir une jeunesse qu'ils ont la responsabilité d'encadrer. Les médailles acquises par l'Algérie à Pékin 2008, au-delà du fait qu'elles rappellent la victoire de nos sports individuels sur ceux collectifs qui ne cessent d'accumuler les échecs et les contre-performances, incitent toute la famille du sport national à réhabiliter la valeur du travail, du sacrifice et le désir de mieux faire surtout quand il s'agit de défendre les couleurs du pays. Parti à Pékin se mesurer avec les meilleurs du monde dans la discipline, le judo algérien a confirmé sa bonne santé et celle de son environnement. A travers le bronze de Soraya Haddad et l'argent de Amar Benyekhlef, la discipline a incontestablement justifié le budget qui lui était alloué. Ce n'est malheureusement pas le cas pour les autres sports -le football en premier lieu- où la mentalité de la rente et de la fidélité aux privilèges est en train de détruire le critère de mérite que nul n'est censé pourtant mettre au placard. Aujourd'hui, si le sport algérien va mal à tous les niveaux, nonobstant le budget conséquent que l'Etat lui réserve annuellement, c'est que la notion de mérite et de compétence a été transgressée. Depuis que les portes du secteur sont ouvertes à des gens manquant d'honnêteté et de probité, d'autres valeurs –plus mercantiles que morales- se sont installées, allant jusqu'à justifier, avec des procédés vils et malsains, certaines contre-performances enregistrées pour permettre au président d'une association, d'un club ou d'une fédération de se maintenir en poste. Un tel glissement a naturellement mené notre sport à évoluer loin, très loin, des terrains de la performance et de l'excellence. Celui qui n'avance pas recule, dit l'adage. L'Algérie des sports collectifs est tenue de disputer des tours préliminaires face à des adversaires qu'elle dominait il y a quelques années. La joie et la fierté que procurent les médailles gagnées par le judo à Pékin ne doivent pas nous empêcher d'attendre plus de la part des athlètes qui sont en mesure de faire mieux et d'exiger des comptes auprès des dirigeants ayant mené des disciplines à la faillite. A. Y.