Ceux qui le connaissent savaient que l'enfant de la «Montagne», dans la banlieue d'El Harrach, était décidé à aller le plus loin possible dans la compétition. Les autres, en revanche, ont été surpris par les prouesses de Amar Benyekhlef. En judo, s'il y avait, pour les non-spécialistes évidemment, quelqu'un qui pourrait revenir de Pékin avec une médaille, c'était Soraya Haddad, qui s'était déjà illustrée dans plusieurs compétitions continentales et régionales. Seulement, voilà : Amar Benyekhlef a pu décrocher la médaille d'argent dans une épreuve très disputée. Il aurait même pu prétendre à l'or. Mais, ce n'est pas grave. Ce n'est que partie remise. En se hissant à la seconde marche du podium des moins de 90 kg, le judoka algérien a offert à l'Algérie sa seconde médaille des jeux Olympiques de Pékin, après le bronze de Soraya : une performance sans précédent dans les annales du judo algérien et africain. C'est aussi la première médaille «homme» dans cette discipline sportive pour l'Algérie. Trois jours seulement après le triomphe de sa compatriote Soraya (médaille de bronze), Benyekhlef, âgé de 26 ans, crée donc la sensation sur les tatamis des joutes de Pékin en parvenant haut la main en finale de sa catégorie. Son père, fier de son Amar, qui, d'ailleurs, a fait sortir dans la rue, juste après la fin de la finale et après avoir décroché la médaille, tous les gars de son quartier pour manifester leur joie, a déclaré que Amar est sérieux dans tout ce qu'il entreprend. C'est ainsi qu'il a obtenu l'année dernière sa licence en sciences du sport. Devant les caméras de la télévision, ses voisins, fort nombreux, n'ont cessé de scander son prénom en guise de reconnaissance. Toute l'Algérie est fière de Amar qui a pu, en compagnie de Soraya Haddad, redonner le sourire aux nombreux amoureux du sport privés de consécration à l'échelle mondiale depuis plusieurs années. Durant ces JO, il s'est battu jusqu'à la fin sans jamais «courber l'échine». Plein d'assurance, Amar élimine tour à tour le Marocain Mohamed El Assri (yuko) et l'Espagnol David Alarza par ippon. En finale de tableau, il domine le Français Yves-Matthieu Dafreville et le bat par ippon également. Lors de la grande finale (médaille d'or en jeu) face au champion du monde en titre, le Géorgien Irakli Tsirekidze, Benikhlef s'incline sur pénalité (koka). Une décision arbitrale jugée très sévère par les observateurs. Donc, le judoka algérien n'avait pas perdu dans le jeu proprement dit. C'est un avertissement de l'arbitre qui a fait la différence. Dans cette catégorie, l'Egyptien Hesham Mesbah a gagné le bronze. La première médaille égyptienne dans ces Jeux. Grâce à sa brillante performance, Benyekhlef inscrit son nom en lettres d'or dans les annales du sport algérien. L'enfant de la «Montagne», quartier populaire d'Alger, a longtemps caressé le rêve de monter sur un podium olympique. Champion d'Afrique à Agadir (Maroc) en mai 2008, il avait mis les bouchées doubles pour être au top aux Jeux de Pékin. En dernier lieu, il faut dire que, si le judo algérien a pu se distinguer durant ces Jeux, c'est grâce, entre autres, à la stabilité et au travail sérieux qui se fait au niveau de la Fédération algérienne de judo (FAJ). Mohamed Meridja, le président, est plus que satisfait.