Photo : S. Zoheir Par Reda Cadi Des familles entières se donnent rendez-vous, juste après la rupture du jeûne, au niveau des deux grands ronds-points de la ville d'Oran pour profiter de la fraîcheur que procurent les jets d'eau installés en ces endroits. Que ce soit au niveau du rond-point de l'hôtel Sheraton ou encore celui érigé à proximité du tout nouveau Centre des conventions, inauguré à l'occasion de la 16ème conférence mondiale sur le gaz (LNG 16), en avril dernier, un même spectacle s'offre aux passants. Des dizaines de familles squattent la pelouse pour discuter en dégustant un verre de thé accompagné de chamia et autres gâteaux. Certains s'installent à proximité des bassins, juste pour regarder les jets d'eau lancer le précieux liquide vers le ciel et recevoir les embruns rafraîchissants. D'autres, en petits groupes, arpentent d'un pas nonchalant ces vastes ronds-points qui font la réputation d'Oran, au vu de leur grand nombre. De temps à autre, une petite troupe de musiciens troubadours vient égayer ces lieux. Au son du guellal et de la zorna, ces «musiciens» viennent collecter une «saddaka». Les spectateurs, imprégnés par le sens de la solidarité et de l'entraide aiguisé par le mois de Ramadhan, se montrent très généreux, à la grande joie de ces troupes. Ces noctambules ne viennent pas seulement des cités d'habitations limitrophes, fuyant l'exiguïté des appartements et la chaleur torride de ce mois d'août, mais de tous les quartiers d'Oran. Le nombre de véhicules stationnés un peu partout est impressionnant, tout comme celui des voitures, «tournant en rond», à la recherche d'une place pour stationner. Evidemment, cette situation ne manque pas de créer d'énormes bouchons sur la route longeant la façade maritime menant au centre-ville, sans que les représentants de l'ordre ne songent à venir mettre justement de l'ordre sur ces ronds-points et ces jets d'eau qui sont détournés de leur vocation. Quant aux conducteurs, pris dans l'embouteillage, ils n'ont d'autre choix que de prendre leur mal en patience en contemplant ce spectacle qui pourrait paraître insolite pour celui qui visite pour la première fois Oran. Ce n'est qu'à partir d'une heure du matin que les premières familles commencent à quitter les lieux. Les agents du service de nettoiement de la commune, lors de leur tournée matinale, ne feront que constater les dégâts subis par la pelouse et les quantités énormes de détritus et d'ordures qu'ils devront enlever.Il est vrai que les autorités locales ont une grande part de responsabilité dans le fait que les citoyens en soit arrivés à passer leur temps libre sur des ronds-points en se rafraîchissant des embruns de jets d'eau, mais ces mêmes citoyens sont aussi coupables. Comment peut-on salir un endroit sur lequel on reviendra le lendemain ? Tant d'incivisme ne peut être justifié ni ne doit être toléré. Les élus et responsables doivent sévir,mais ils doivent aussi offrir à leurs administrés un meilleur cadre de vie.