Les bilans des accidents de la circulation se succèdent et se ressemblent : beaucoup, trop de morts sur les routes algériennes. Chaque semaine, on en compte plusieurs dizaines à travers le pays. La première cause des accidents est l'élément humain. Excès de vitesse, dépassement dangereux, non-respect de la distance de sécurité…Avec des voitures de plus en plus puissantes, des routes de mieux en mieux aménagées, avec des voies rapides, et aucun contrôle, c'est la porte ouverte à tous les excès. Des voitures slalomant sans se soucier ni des limitations de vitesse ni de l'interdiction de dépasser à droite, des transports en commun roulant sur la voie rapide, des poids lourds collant au pare-chocs de voitures légères pour les obliger à s'écarter, et tout ça sans qu'il n'y ait aucune patrouille d'autoroute ou radar pour mettre un terme à ces rodéos sur les routes. Il y a bien un ou deux radars signalés et quelques patrouilles stationnées généralement au niveau des bretelles d'accès, mais ils n'ont pas le moindre effet parce que connus par les conducteurs et localisés sur les périphériques. Autrement dit, il suffit de sortir de la ville et de sa banlieue pour faire ce qu'on veut sur la route. Et c'est ce qui se fait. On respecte scrupuleusement le code de la route en ville où on risque à tout moment de se faire coincer par un agent de l'ordre, mais dès qu'on est sur la grande route ou l'autoroute, on peut rouler à tombeau ouvert et accomplir toutes les prouesses de conduite qu'on veut, rien ni personne ne peut vous arrêter… sauf la mort.En effet, au risque de se répéter, l'application du code de la route n'est contrôlée que dans la ville et ses abords immédiats. Combien de fois n'a-t-on vu des chauffeurs de bus et de poids lourds, surtout, détachés la ceinture de sécurité une fois sur la route en rase campagne, car sachant qu'ils ne risquaient rien. D'autres conducteurs ne se gênent plus pour parler au téléphone. C'est là les moindres délits. Le plus grave est l'absence totale de règles de conduite, au propre et au figuré. Le code est foulé… aux roues en toute impunité.Quant aux forces de l'ordre, on les voit lorsqu'il s'agira de faire le constat d'un accident, compter les morts et «ouvrir une enquête pour définir les causes et circonstances exactes de l'accident». Tous les morts comptabilisés finiront en chiffres sur les bilans de la semaine, du mois, de l'année… et puis rien. On attendra le prochain accident mortel, bilan funeste ou lancement d'une énième campagne de sensibilisation, budgétivore et inutile, pour parler de la sécurité routière. Certains responsables pousseront l'outrecuidance jusqu'à soutenir que le nouveau code de la route a produit ses effets, que l'élément humain n'est pas toujours la cause des accidents et que l'état des routes a aussi sa part dans ces hécatombes. Pas si sûr. Ce serait même le contraire. On n'avait pas autant d'accidents quand toutes nos routes étaient défoncées. On se plaignait des nids-de-poule qui déglinguaient les voitures mais on ne pouvait guère aller vite. On pouvait voir venir l'accident, dirait-on. On devrait rendre grâce aux routes défoncées qui nous coûtaient en matériel quand les voies rapides et les autoroutes nous font payer le tribut du développement en vies humaines. H. G.