De notre correspondant à Constantine A. Lemili Un total de 2 500 logements sociaux locatifs sera livré au premier trimestre 2011 dans la wilaya de Constantine, aurait indiqué le wali au cours de la semaine à nos confrères de l'APS. Le commis de l'Etat ajoutant que l'important lot de logements viendrait s'ajouter aux 4 000 construits dans les nouvelles villes Ali Mendjeli et Massinissa et permettrait de mener à bien l'opération d'éradication des bidonvilles et autres sites anarchiques qui continuent à encercler de toutes parts la ville du Vieux Rocher.6 500 logements au premier trimestre 2011, cela ressemble comme deux gouttes d'eau au dossier des 6 907 familles officiellement recensées et appelées à être relogées dans le cadre de l'éradication de l'habitat. précaire un point d'ordre s'impose toutefois sur l'affirmation euphorique du premier magistrat de la wilaya. Il a officiellement déclaré, voire pris l'engagement devant la presse écrite, parlée et télévisée au début de cette année que «contrairement à tout ce qui pourra être spéculé ici et là, tous les sites de bidonvilles seront éradiqués avant le premier janvier 2011».Soulignons que le même engagement avait été pris pour janvier 2010, un certain mois de février 2008 lors d'une retransmission faite en direct par la télévision à l'occasion des journées de l'ENTV à Constantine et en concomitance d'une visite du secrétaire d'Etat chargé de la communication de l'époque, en l'occurrence A. Boukerzaza, lequel est-il besoin de le rappeler, avait été initialement en charge du dossier de la ville et qu'il avait déjà effectué une mission dans le cadre du fameux SCUC (schéma de cohérence urbaine de Constantine), projet tombé comme d'habitude dans l'oubli. Or, exception faite de la démolition de deux sites (Bardo et avenue de Roumanie) et l'évacuation spectaculaire mise en scène par les pouvoirs publics, la carte topographique de l'habitat précaire est restée en l'état.Ceci étant, si les 6 500 logements sociaux locatifs réputés disponibles d'ici la fin du premier semestre 2011 devaient servir à reloger les familles résidant dans les bidonvilles, qu'en sera-t-il alors des demandeurs sociaux, et ils sont malheureusement tout aussi nombreux si ce n'est plus, à piaffer d'impatience pour bénéficier d'un logement d'autant plus que lors d'une rencontre tenue au mois de juin dernier au palais de la culture Malek-Haddad, Abdelmalek Boudiaf avait assuré ne pas les avoir oubliés, comprendre «leur inquiétude» et qu'il était sensible à leur cas. A titre d'exemple, La Tribune a rapporté celui de nombreux demandeurs qui tenaient à la fin du printemps et jusqu'en début d'été des rencontres à la limite du secret (mais dont les services des renseignements généraux étaient informés et qu'ils toléraient pour ne pas rajouter au drame des concernés) dans les tribunes du stade Abed-Hamdani pour discuter de la stratégie à adopter auprès des autorités locales pour faire valoir leurs légitimes revendications. Et les bidonvilles ne se trouvent pas seulement dans la commune du Khroub, la wilaya de Constantine en compte dix autres et plus particulièrement celui du chef-lieu. Si les logements sociaux locatifs devraient résorber un tant soit peu la crise, des milliers de jeunes ne demanderaient qu'à bénéficier du système de logements sociaux participatifs. Or, dans leur majorité, les promoteurs dénoncent l'absence de terrain et sont toujours dans leur quasi-totalité en arrêt obligé avec une demande phénoménale de la part des demandeurs. Lors de la dernière visite du ministre de l'Habitat, certains de ces promoteurs nous ont même fait part de leur intention de boycotter la visite.Enfin, pour en revenir au recensement officiel des familles résidant dans un habitat précaire, les chiffres qui nous ont été communiqués au cours du mois de mai par la structure ad hoc de la daïra seraient de 6 907 familles au cours d'un recensement réalisé et clos au 25 mai 2007. Entre-temps, les mêmes familles se sont agrandies par l'union de certains de leurs enfants devenus potentiellement demandeurs à leur tour jusqu'à confiner à l'impasse pour ne pas dire laisser présager une situation compliquée lors des prochains relogements si tant est qu'ils aient lieu effectivement avant la fin du trimestre 2011. Soulignons également que jusque-là les sites évoqués par l'administration sont ceux seulement visibles. Or, il en existe complètement ignorés parce qu'isolés mais aussi d'autres qui naissent quotidiennement ou viennent s'y greffer.La morale aurait voulu que les représentants des pouvoirs publics cessent de faire des promesses et prendre des engagements à tout bout de champ alors qu'ils savent pertinemment leur impuissance à les honorer. Or, ces attitudes ont à chaque fois débouché sur des contestations rapidement transformées en émeutes réprimées, lesquelles dans la foulée ne font qu'accentuer le désamour citoyen pour les institutions de l'Etat.Pour l'anecdote, il faut connaître le méga-bidonville de Fedj Errih pour comprendre la situation. Au plus fort du terrorisme politique, un ministre de l'Intérieur avait déjà, lors d'une visite, appelé discrétionnairement les responsables locaux à éradiquer ce bidonville qui en serait, selon ses propos, le terreau par excellence. L'avenir lui avait donné raison.