Depuis plusieurs années, toutes les rentrées sociales sont marquées par les mêmes grèves et menées par les mêmes travailleurs, brandissant, à quelques nuances près, les mêmes plates-formes de revendications. Et souvent, ce sont les mêmes silences ou menaces qui leur sont opposés par des pouvoirs publics, décidément allergiques à toute forme de dialogue. C'est ainsi que la situation socioprofessionnelle des travailleurs de l'enseignement supérieur, de l'éducation nationale ou de la santé - pour ne parler que de ces secteurs dont les mouvements de grève ont un lourd retentissement et un impact direct sur la société - n'a pas évolué d'un iota. Hormis les augmentations salariales des enseignants de l'éducation nationale (on se souvient de l'énorme et déshonorant vacarme qui en a entouré l'annonce), les conditions de travail dans les établissements scolaires sont restées strictement les mêmes et ne semblent pas près de connaître des améliorations qui ouvriraient la voie à une meilleure qualité de l'enseignement. Il n'est donc pas étonnant de voir les adjoints de l'éducation monter à leur tour au créneau pour dénoncer l'absence d'une politique de promotion et de formation continue et annoncer une grève pour la rentrée, ni les universitaires prévoir un mouvement de protestation pour contraindre la tutelle à prendre en considération leurs revendications, désormais archiconnues, liées au régime indemnitaire, à l'amélioration des salaires, à la participation aux décisions touchant aux grands dossiers de l'université… Quant au secteur de la santé, les travailleurs préfèrent accorder plus de temps au nouveau ministre pour la concrétisation de ses engagements mais sans écarter le recours à la grève. Et connaissant le manque d'empressement des pouvoirs publics à régler les situations de conflits (certains durent depuis de longues années), il n'étonnera personne que les blouses blanches (re) paralysent les établissements sanitaires dès septembre. Et ce qui n'arrange rien à la veille de la rentrée des classes, souvent perturbée, les mesures prises par le ministre de l'Education nationale de licencier tout enseignant ou surveillant cumulant trois absences. Sortie que tout le monde avait décodée comme un avertissement en direction des syndicats de travailleurs qui auraient des velléités de grève. Une atteinte aux libertés syndicales incompatibles avec les lois de la République, selon les concernés qui ont rappelé que les grèves sont une réponse socioprofessionnelle à des injustices de la part de l'administration publique. Aux menaces de grèves de ces secteurs peuvent s'ajouter celles, très possibles, d'autres catégories comme les boulangers dont les revendications risquent d'être remises au goût du jour après un Ramadhan plutôt calme, les transporteurs qui menacent de paralyser le secteur si le ministère ignorait leurs requêtes liées aux augmentations des tarifs de transport, ou encore les retraités (ce ne serait pas la première fois) dont beaucoup n'ont pas encore touché les revalorisations des pensions… On le voit, la rentrée sociale risque encore d'être très perturbée mais, cette fois, il n'est pas sûr que les performances de l'équipe nationale de football réussiront à calmer les esprits. S. O. A.