Un 3 septembre 1990, le Soir d'Algérie voit le jour dans une atmosphère politique euphorique d'une Algérie qui s'ouvre sur le pluralisme politique, syndical et communicationnel. Une équipe de professionnels venus de la presse publique, entourée de jeunes journalistes, s'est lancée sans retenue dans l'aventure intellectuelle qui a fait de l'Algérie, pendant deux ans, l'un des pays les plus ouverts au monde en termes de liberté d'expression. En effet, le Soir d'Algérie, qui est né dans ce contexte prometteur, a accompagné l'ouverture démocratique, ouvrant ses pages à toutes les opinions politiques, syndicales et sociales qui foisonnaient alors, même si le penchant du journal, à travers sa ligne éditoriale, était ostentatoirement pour la mouvance démocratique. Fouad Boughanem, le directeur de la publication du soir d'Algérie, écrit à ce propos : «Cependant, prétendre que le journal qui est entre vos mains aujourd'hui est la réplique exacte de l'idée que s'en faisaient ceux qui l'ont initié relèverait de la tromperie.» Cet aveu de Fouad est assez éloquent sur le désenchantement de la presse nationale quant à l'idée qu'elle se faisait d'elle-même lorsqu'elle a pris son envol. Ce désenchantement ne concerne hélas pas uniquement la presse, mais surtout l'idéal démocratique que portait une partie des Algériens au lendemain des événements d'Octobre 1988. Après l'arrêt du processus électoral en décembre 1991, le Soir d'Algérie est naturellement devenu le porte-voix du courant démocratique et de toutes les victimes du terrorisme qui a failli mettre l'Algérie à genoux. Le Soir d'Algérie payera avec le sang de ses journalistes et de ses travailleurs cet affront lorsqu'une bombe a explosé derrière le mur de son siège à la maison de la presse Tahar- Djaout. C'est ce jour-là que Mohamed Dorban, Allaoua Aït Mebarek, Mohamed Derraza sont morts. Mais têtu, le Soir d'Algérie n'a baissé ni les bras ni le ton pour combattre à sa manière l'hydre intégriste qui voulait museler toutes les voix libres et courageuses. A 20 ans, le Soir d'Algérie ne s'accommode pas de l'âge de raison car les raisins de la colère n'ont pas été digérés. Le Soir d'Algérie s'engage ainsi à poursuivre son combat pour l'Algérie, ses intérêts et la liberté de tous les Algériens. Longue vie au Soir d'Algérie. A. G.