Photo : Riad Par Smaïl Boughazi La Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) a publié, la semaine dernière, les programmes indicatifs d'approvisionnement du marché national en gaz et des besoins en moyens de production d'électricité pour la période 2010-2019. Ce document riche en chiffres et prévisions indique que notre pays produira de 6 à 8% d'électricité en énergies renouvelables à l'horizon 2020. Deux scénarios ont été prévus selon les experts de la CREG. Le premier parle d'une capacité annuelle à installer qui serait de 335 MW par an à partir de 2015 et d'une capacité en énergies renouvelables de 1 675 MW sur la période 2015-2019. La deuxième hypothèse prévue par la commission de régulation fait état d'une capacité de 1 108 MW en énergies renouvelables durant la période 2015-2019 et d'une capacité annuelle à installer qui serait de 236 MW par an à partir de 2015. A travers ces chiffres qui parlent d'eux-mêmes, relevons la faiblesse de ces taux qui, en l'absence des énergies fossiles, ne couvriraient qu'une infime partie des besoins énergétiques du pays et en 2020. Ce qui est déjà un danger pour le pays qui dépend entièrement du pétrole. L'investissement dans ce créneau est devenu indispensable pour l'Algérie sachant que les énergies fossiles disparaîtront sûrement un jour. Malgré ces prévisions, il faut dire que l'Algérie a déjà orienté la politique énergétique vers ce créneau. Pour un véritable programme d'action Le président de la République avait aussi ordonné aux responsables du secteur de l'énergie de mettre en place un véritable programme d'action. «Le développement des énergies nouvelles et renouvelables doit mobiliser fortement notre attention, et j'en attends la présentation d'un véritable programme d'action, tout en précisant, dès à présent, que les propositions qui seront retenues bénéficieront d'un appui financier public approprié», a recommandé le chef de l'Etat. Le ministre en charge du secteur avait, lui aussi, présenté un exposé dans lequel ce volet constitue un axe important dans la politique énergétique nationale. Aussi, l'Etat, selon le ministre, poursuit la mise en place des moyens institutionnels et financiers à même d'assurer une pérennité du développement des énergies renouvelables pour préserver les ressources en hydrocarbures du pays et couvrir ses besoins énergétiques sur le long terme. En chiffres, le programme à moyen terme d'électricité d'origine renouvelable, d'une capacité globale de près de 200 mégawatts (MW), comprend la réalisation de 3 centrales solaires, dont une en voie d'achèvement et, en matière de rationalisation de la consommation d'énergie, le secteur prévoit le renforcement du programme de maîtrise de l'énergie, qui comprend notamment une introduction plus significative de la lampe basse consommation (LBC) au niveau des ménages, la promotion du chauffe-eau solaire, ainsi que la réalisation de logements à haute performance énergétique. La liste des projets entamés par le pays comprend aussi la station centrale hybride en cours de réalisation à Hassi R'mel, et un institut des énergies renouvelables qui sera réalisé à Bellil, au sud de Hassi R'mel. Malgré tous ces investissements, il faut signaler cependant que les experts de la Banque mondiale estiment que notre pays investit peu dans ce domaine. Pourtant, la volonté et l'engagement politiques de l'Etat sont palpables. Les pouvoirs publics ont mis en place un cadre réglementaire et institutionnel favorable, principalement la loi sur l'électricité en 2002 et le décret sur les énergies renouvelables. L'arsenal juridique encourage, en effet, la concurrence, permet l'accès au réseau à tous les opérateurs et donne la possibilité aux énergies renouvelables d'accéder au marché de l'électricité avec comme objectif d'atteindre 5% à l'horizon 2015. Et bien qu'on pense que ces énergies propres sont coûteuses pour le pays, les spécialistes relèvent aussi les ressources que recèle le pays. L'Algérie dispose, en fait, du potentiel solaire le plus important de la rive sud-méditerranéenne. Le solaire thermique est de 169 440 Wh/an,soit l'équivalent de 38 000 milliards de m3/an, représentant près de 4 fois la consommation énergétique mondiale. Des besoins en énergie croissants Et pour comprendre toute l'importance d'investir dans ces énergies nouvelles, rappelons les dernières prévisions de la CREG en ce qui concerne le gaz et l'électricité. Le document présenté par la CREG a prévu trois scénarios de demande interne de gaz naturel. Le premier scénario évoqué par la CREG fait état d'une augmentation de la demande domestique qui atteindra, en 2019, plus de 55 milliards de mètres cubes, soit une évolution annuelle de l'ordre de 7% comparativement avec l'année 2009, alors que la seconde probabilité estime que la période 2010-2019 sera caractérisée par un taux de croissance de 4%, soit un niveau de demande devant atteindre 42 milliards de m3 d'ici neuf années. Le troisième scénario, selon la Commission, avance une autre estimation en précisant que les probabilités affichent une demande moyenne de l'ordre de plus de 45 milliards de m3. Sur ce point, la consommation du pays en 2009 a été de 27 milliards de m3 en croissance de 3,3 par rapport à l'année 2008 et, en 2010, on prévoit une hausse de 2%. Quant à la consommation d'électricité, la CREG dans son rapport estime que les besoins du pays sont encadrés par deux scénarios. Il s'agit, note cette source, d'une capacité totale additionnelle en fin de période qui varie entre 7 700 MW à 11 300 MW, une capacité de 4 800 MW est engagée et le reste sera réalisé sur la deuxième période. Ainsi, pour la capacité installée en fin de période, la CREG estime qu'elle sera de 16 500 MW pour le premier scénario et de 20 000 MW pour le second scénario.