Photo : Riad Synthèse par Sihem Ammour L'association artistique et culturelle «Le troisième millénaire» a organisé, lundi passé, au Théâtre national algérien (TNA) Mahieddine-Bachtarzi, une émouvante soirée en hommage au musicien, chef d'orchestre et compositeur Haddad El Djillali, décédé il y a vingt-cinq ans. Cet hommage, qui clôture le programme des soirées ramadhanesques du TNA, s'est distingué par la présence de Karima Haddad, la fille du regretté artiste, et d'une pléiade d'artistes qui ont apporté leurs témoignages sur la personnalité et le parcours du regretté disparu tels que Lamari, Oujdi, Nardjess ainsi que l'orchestre de l'association El Djazira.Le comédien Sid Ali Bensalem, le président de l'association «Le troisième millénaire», a souligné à cette occasion que «c'est un honneur pour notre association de rendre ce vibrant hommage à Haddad El Djillali, un homme d'une grande valeur qui a enrichi le patrimoine national culturel par un grand nombre d'œuvres et qui a été à l'origine de la carrière d'un nombre important d'artistes», a rapporté l'APS. Pour sa part, l'artiste Brahim Bahloul, président de l'association artistique «El Djazira», a mis en valeur «le talent, la rigueur dans le travail, la modestie et la gentillesse de cet homme de l'art qui a tant donné à la musique algérienne» en confiant à propos du regretté artiste qu'«il était à la fois très sociable et très rigoureux avec les artistes desquels exigeait une maîtrise parfaite du solfège». De son côté, le chanteur Mohamed Oujdi a souligné que «Haddad El Djillali faisait tout. Il composait la musique, écrivait les paroles et dirigeait l'orchestre. C'était une école qui a lancé de nombreux artistes».Quant à l'indétrônable chanteur Mohamed Lamari, il a souligné à propos du défunt que «c'était un artiste complet», ajoutant que «je dois ma réussite dans la chanson à Haddad El Djillali, qui a créé un genre musical répondant à ma personnalité. Il m'a composé la chanson ‘'Ayamna el hiloua'' qui a eu un énorme succès puisque le disque a été vendu à cinquante mille exemplaires».Haddad El Djillali, qui a lancé de nombreux artistes à l'instar de Lamari, Driassa, Anissa, Djida, Abderrezak Bouguettaya et tant d'autres encore, avait au départ intégré la troupe d'Abdelhamid Ababsa en qualité de chauffeur, puis ayant été découvert par ce premier, il devint musicien, maniant avec dextérité son instrument fétiche, l'accordéon. Quelques années plus tard, il quittera la troupe d'Abdelhamid Ababsa pour rejoindre l'Opéra d'Alger où il travaillera avec Mahieddine Bachtarzi. Haddad El Djillali épouse en 1954 la défunte comédienne Latifa qu'il encouragera à embrasser une carrière de chanteuse.En 1957, il rejoint l'orchestre moderne de la radio dirigé par Mustapha Skandrani. Excellent musicien, compositeur et parolier, il dirigeait en plus l'orchestre de l'émission Mene koul fen chouaya, animée par Habib Hachelaf. En 1958, il composera pour Fadéla Dziriya Ana touiri et pour Lamari trois chansons à succès, à savoir Manstitchi, Samoura et Djazaïriya. A l'indépendance du pays, il dirigera l'orchestre moderne de la radio avant de rejoindre le Théâtre national, créé en janvier 1963, et au sein duquel il occupera les fonctions de directeur artistique et chef d'orchestre. Après un bref passage à la radio, il créa son propre orchestre avec lequel il réalisera plusieurs enregistrements de disques, notamment quelques titres de Hadj M'hamed El Anka et Lamari. En 1966, il prend en charge l'Orchestre de l'ensemble national de danses populaires, pour lequel il créera la fresque Farha wa zahwa et dirigera l'orchestration de l'émission enfantine Djenatou el atfal. Il quittera le Théâtre national en 1971 et reprendra du service à l'ex-Radio télévision algérienne (RTA) en qualité d'assistant de production. Il continuera à composer et à diriger, de temps en temps, des enregistrements jusqu'au moment où, atteint par la maladie, il cessera toute activité en 1979. Haddad El Djillali s'éteindra le 10 janvier 1985 à l'âge de 58 ans.