Le paiement de la rançon pour la libération d'otages détenus par El Qaïda se banalise. C'est ce que vient de confirmer Kamel Rezag-Bara, conseiller sur les affaires du terrorisme du président de la République. Ce qui est inquiétant dans cette affaire, c'est plutôt l'implication directe de certains pays qui ont pourtant promis le contraire. L'Espagne est, à titre indicatif, le pays qui a le plus payé de rançons aux terroristes. Avec une somme de près de 8 millions d'euros, versée en l'espace d'une année, Madrid est donc en tête des pays qui règlent rubis sur l'ongle les «réclamations» des groupes terroristes activant dans la région du Sahel. C'est du moins ce qui ressort des affirmations de Kamel Rezag-Bara, dont les propos ont été rapportés, hier, par le quotidien espagnol El Mundo. Cela dément du moins les allégations des responsables madrilènes qui veulent faire croire que la libération, le mois dernier, des derniers otages espagnols s'était faite sans payer «un centime». L'Algérie avait déjà critiqué cet état de fait. Elle a même demandé à l'Assemblée générale des Nations unies de «criminaliser» le paiement de la rançon. Cela ne fait pas l'affaire de ces pays. Bien au contraire. Puisque les groupes d'El Qaïda ne font que se renforcer davantage. C'est d'ailleurs grâce à ces rançons que les groupes terroristes ont engrangé quelque 150 millions d'euros, selon le conseiller de Abdelaziz Bouteflika. L'Algérie n'est cependant pas le seul pays à critiquer l'Espagne. Le président français, Nicolas Sarkozy, avait, lui aussi, mis en garde contre le paiement de rançon. Chose presque normale pour un chef d'Etat dont le pays vient de perdre un otage, en la personne de l'humanitaire Michel Germaneau. Il paraît d'ailleurs, selon les propos de Rezag-Bara, que Paris n'avait pas payé de rançon. Ce n'est pas le cas de l'Italie. Rome aurait versé l'équivalent de 3,6 millions d'euros pour la libération de plusieurs de ses otages détenus dans plusieurs régions du monde. L'Autriche, qui avait des ressortissants détenus au Sahel, avait, elle aussi, versé une rançon de 2,5 millions d'euros, selon la même source. Ce n'est pas le cas de l'Angleterre qui a vu deux de ses ressortissants tués par les terroristes de l'Aqmi au Sahel, l'année dernière. En l'absence d'une résolution des Nations unies, la situation ne devrait pas changer. Puisque rien n'indique que d'autres otages ne seront pas détenus. Rien ne garantit non plus que d'autres rançons ne seront pas versées. D'autant plus que des pays comme le Mali et la Mauritanie jouent le jeu des terroristes en libérant des criminels en contrepartie d'un retour des otages chez eux. A. B.