L'Algérie a plaidé auprès de l'ONU et de ses institutions chargées de la lutte contre le terrorisme pour la criminalisation du paiement des rançons aux terroristes en contrepartie de la libération d'otages. Son représentant à la deuxième revue par l'ONU de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme tenue du 7 au 9 septembre à New York, le conseiller auprès du président de la République, Kamel Rezag Bara, a recommandé que, dans le prolongement de la décision de l'Union africaine prise lors du sommet de Syrte (Libye) en juin 2009, il convient d'appeler la communauté internationale à œuvrer pour l'amélioration du dispositif juridique international de lutte contre le terrorisme. Une amélioration qui passe par l'adoption d'une résolution spécifique du Conseil de sécurité des Nations unies renfermant une disposition juridique plus contraignante que celle figurant dans sa résolution 1904, qui devrait incriminer aussi bien le paiement de rançons que l'élargissement des détenus pour activités terroristes en contrepartie de la libération d'otages. M. Rezag Bara, qui intervenait dans le cadre du panel consacré au thème «la rançon comme moyen de financement du terrorisme», a rappelé que le cadre juridique actuel dans le domaine de la lutte contre le financement du terrorisme ne semble pas contenir les éléments d'un système suffisamment efficace pour faire face aux défis complexes induits par ce phénomène. Même si elle comporte des aspects positifs, la résolution 1904 de décembre 2009 du Conseil de sécurité des Nations unies n'appelle pas de manière expresse à incriminer le versement de rançons aux terroristes. Ce qui a encouragé les groupes terroristes à poursuivre les opérations de kidnapping en innovant par le recours à la sous-traitance auprès de réseaux de criminalité organisée (cas des Français Pierre Camette et Michel Maurice Germaneau, des 2 diplomates canadiens, des 3 Espagnols et des 2 Italiens), a-t-il insisté. Il a également recommandé l'adoption d'une résolution de l'Assemblée générale qui donnerait mandat à ses organes compétents d'engager le processus d'élaboration de mesures complémentaires aux conventions pertinentes déjà existantes, à savoir la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme de 2002 et la Convention internationale contre la prise d'otages de 1979. Le représentant de l'Algérie, M. Rezag Bara, a, auparavant, mis en garde contre la grave menace pesant sur la sécurité internationale du phénomène de prises d'otages par les groupes terroristes suivi de demandes de rançons et d'élargissement de terroristes en contrepartie de la libération d'otages, appelant à la mise en place de procédures de rappel à l'ordre contre les Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements. M. Rezag Bara a avisé la communauté internationale de l'ampleur prise par le phénomène, notamment dans la région du Sahel africain, avant de signaler que «les enlèvements d'Occidentaux au Sahel africain ont rapporté aux terroristes plus de 50 millions d'euros auxquels s'ajoute un montant de 100 millions d'euros sous diverses formes». «La communauté internationale est ainsi de nouveau interpellée en vue d'une prise en charge effective de ce problème à travers un renforcement de l'ensemble des mesures prises par les résolutions 1373, 1267 et 1904 du Conseil de sécurité des Nations unies», a-t-il souligné. «L'établissement de nouvelles règles et la mise en place, également, de procédures de rappel à l'ordre contre les Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements deviennent, à cet égard, cruciaux. Cela requiert, bien entendu, un engagement plus fort des Etats ainsi qu'une implication plus grande du système des Nations unies», a-t-il tranché. L'Assemblée générale des Nations unies a, par ailleurs, adopté à l'unanimité de ses 192 membres, jeudi dernier, une résolution où elle réaffirme son soutien pour la stratégie antiterroriste de l'ONU, et appelé à la mise en œuvre de l'initiative de 2006. L'Assemblée générale de l'ONU demande «aux États qui ne l'ont pas fait d'envisager de devenir parties sans plus tarder aux conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte contre le terrorisme». Elle appelle également «tous les États à n'épargner aucun effort pour conclure une convention générale sur le terrorisme international». A. R.