Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug Le stationnement à Alger, à l'instar de toutes les grandes villes du pays est un grand problème. La finalité d'un moyen de transport est de faire parvenir le voyageur à un point de chute, le plus rapidement possible. Dans les grandes cités algériennes, même après des heures d'embouteillage, arriver à l'endroit voulu n'est pas synonyme de fin de calvaire. C'est plutôt là que le véritable supplice commence : trouver une place pour immobiliser son véhicule et éteindre son moteur. «Le stress est tellement important qu'on en arrive à se réjouir de repérer une place. C'est presque jubilatoire», plaisante amèrement Kamel, un jeune cadre algérois. Il faut dire que la capitale suffoque. Avec près de 3 millions d'habitants condensés sur 1 200 km2, Alger est innervée par 2 500 km de routes (d'importance variable), selon les sources. En termes de circulation, les derniers chiffres révélés par différents organes en charge sont impressionnants. Plus de 1,3 million de véhicules immatriculés 16 (indicatif de la wilaya d'Alger) soit 1/5 du parc national. 3,5 millions de véhicules circulent quotidiennement sur ce réseau. Et comme l'objectif de l'automobiliste est de s'arrêter à un moment donné, c'est la crise. Les places se font rares. La capitale compte 11 parkings, 7 parkings pour une capacité totale de 5 600 places auxquels il faut ajouter 8 aires de stationnement privé et garages disposant de 500 places et 148 autres espaces de 31 000 places gérés généralement de manière anarchique et très controversée par des jeunes chômeurs. Avec les 5 000 autres disponibles sur voierie, le total de 42 000 places pour les 3,5 millions de véhicules circulant ou même les 1,3 million immatriculés à Alger, le malaise est donc quantifié. Loin de ces chiffres qui restent des données, somme toute abstraites, le quotidien des automobilistes est un véritable calvaire. «Chaque matin, je stresse à l'idée de me rendre sur mon lieu de travail», reconnaît Madjid, cadre dans une compagnie d'assurances. De son aveu, c'est moins l'ambiance de travail, le trajet à faire -20 km- ni les embouteillages qui lui causent ces montées d'adrénaline quotidiennes que le fait de tourner en rond de longues minutes pour s'arracher du véhicule. «Cela peut me prendre de 20 à 40 minutes pour trouver une place. Parfois, je suis obligé de me garer à des kilomètres de mon point de chute et faire le trajet à pied ou en bus. A la longue, cela devient problématique», se désole-t-il. En l'absence d'une gestion efficiente de cette problématique, le peuple s'organise à sa manière. Au détriment de certains. A commencer par les voyageurs en passant par les riverains. Les trottoirs sont privatisés et les aires de stationnement des cités accaparées par des jeunes qui se sont autoproclamés gardiens de parking. « Je me suis entendu avec un gardien de parking. Je paye 700 DA par mois et il me réserve une place de stationnement chaque jour. Parfois, le parking est encombré, alors je lui laisse les clés de la voiture. Il la stationne dès qu'une place est disponible», se félicite presque Mourad, un fonctionnaire à Alger. Une trouvaille qui présente des risques et des désagréments certains. Premièrement pour le vol, la détérioration du véhicule sans oublier les désagréments causés aux locataires des cités. Mais le mal est plus profond qu'il n'y paraît. La gestion «sauvage», que beaucoup d'automobilistes qualifient de racket, avec les 30 et 50 DA exigés à chaque stationnement constitue parfois le seul revenu pour des familles en détresse. Sans vouloir justifier la pratique, il n'est pas aisé d'y mettre fin sans apporter un palliatif à ces centaines de jeunes qui y «travaillent». Certaines APC d'Alger ont bien tenté de récupérer ces espaces, en délivrant des autorisations d'exploitation en bonne et due forme, mais cela n'a pas non plus fonctionné idéalement. Car des frictions entre voisins apparaissent çà et là puisque la rente est importante. Comme dans le commerce, c'est la loi de l'offre et de la demande qui a créé ce malaise. Beaucoup de véhicules pour un nombre limité de places. En 2008, les pouvoirs publics ont bien prévu de réaliser, «prochainement», 14 parkings dans la wilaya, dont 7 d'une grande capacité. Mais est-ce la solution idoine ? Si une véritable politique de décentralisation n'est pas engagée, afin de limiter l'accès à la capitale et dans l'incapacité des services des transports en commun à jouer pleinement leur rôle, le problème restera le même. Car la population algérienne croît et son parc automobile aussi.