Devant le prochain choc alimentaire mondial, annoncé par les experts de la Fao, les pays arabes n'en seront que plus concernés en ce sens où ils font partie des pays gros importateurs de produits alimentaires de première nécessité. «Ils devront donc changer de stratégie dans leurs politiques respectives de production agricole pour se mettre à l'abri de la volatilité des marchés des matières premières», a indiqué le secrétaire général adjoint de l'Union arabe des agronomes et président de l'Union nationale des agronomes, M. Zane Yahia. Ce dernier, qui était hier l'invité du centre de presse d'El Moudjahid pour animer une conférence sur le thème de la sécurité alimentaire dans les pays arabes, a insisté, en raison de la grande dépendance des pays arabes en produits alimentaires, sur le fait que ces derniers devront donner beaucoup plus d'importance à la recherche scientifique dans le domaine de l'agriculture et de mettre en place un programme d'investissement agricole. En clair, «la mise en œuvre d'une stratégie efficace et où l'intelligence économique est de rigueur s'ils veulent relever le défi de la sécurité alimentaire», a expliqué M. Zane. Ce dernier a tenu, par ailleurs, à rappeler à l'assistance que le dernier choc alimentaire de 2008 «a dévoilé toute la vulnérabilité des pays arabes en matière de sécurité alimentaire». Il poursuivra dans ce même ordre d'idées que ce choc s'est traduit par une surfacturation qui s'est élevée à près de 22,5 milliards de dollars. Le risque de voir à la hausse ce montant, dans le cas d'un autre choc alimentaire, est des plus plausibles connaissant la poussée démographique dans chacun des pays arabes. «Il s'agira donc de renforcer la sécurité alimentaire pour éviter d'accentuer la dépendance alimentaire de nos pays», a préconisé l'invité du centre de presse d'El Moudjahid. Selon le conférencier, trois conditions sont nécessaires pour renforcer la sécurité alimentaire. En premier lieu, soutenir les filières de production agricole et améliorer l'accès aux services du planning familial. De même promouvoir la production nationale et la chaîne alimentaire. Et en troisième lieu, réduire l'exposition à la volatilité des marchés et «non plus agir juste après la flambée des cours mondiaux», a signifié M. Zane. Il a, par ailleurs, invité les pays arabes à s'investir davantage dans la production des semences, «et c'est là une priorité au vu de l'extrême difficulté à approvisionner en semences de qualité», a-t-il averti. Concernant les potentialités agricoles dormantes, le secrétaire adjoint citera l'exemple édifiant du Soudan. Un pays qui, à lui seul, détient 30% des terres arables de l'ensemble des Etats arabes. Par ailleurs, le chargé de la communication de l'ambassade du Soudan à Alger, qui, lui aussi, est intervenu, a rendu compte des immenses potentialités que décèle son pays qui «ne demandent qu'à être exploitées sous le régime de la concession aux opérateurs qui le désireraient». Non sans rappeler que malgré la forte grande disponibilité de la ressource hydrique (le Nil), le développement agricole ne suit pas faute de mauvaise utilisation de l'eau. «Plus de 50% se perdent», a indiqué le responsable soudanais. Lors des débats qui ont suivi les exposés, la question de la sécurité alimentaire en Algérie a été soulevée ; il a été reconnu que des efforts ont pu être accomplis dans ce sens. «Mais il reste beaucoup à faire», a lancé un expert agronome et ancien cadre au ministère de l'Agriculture. Il ajoutera en substance que si nous voulons réussir le défi de l'autosuffisance, «il nous faudra améliorer et notre production agricole et les conditions de vie en milieu rural, pour sédentariser les populations». Il reste à savoir comment atteindre cet objectif. La stratégie à mettre en œuvre pour y parvenir commence peu à peu à être instituée et le droit à l'erreur n'est plus permis. Les besoins alimentaires seront plus importants en volume, c'est donc dès maintenant qu'il faut s'y préparer. Z. A.