Dans de nombreux pays, qu'ils soient riches ou pauvres, l'inflation suscite des tensions internes qui obligent les gouvernants à réviser radicalement leur politique de production et leur pratique commerciale. L'Algérie n'échappe pas à cette règle qui se généralise partout. Ce n'est pas un cas isolé, tous les pays du monde entrent dans l'ère des produits alimentaires rares et chers, voire très chers. Nombre d'économistes sont certains que les improvisations commerciales ponctuelles ne soient de nature à répondre durablement à ce nouveau contexte. D'autant plus que les prévisionnistes, qui sont généralement réticents à se risquer sur le long terme quand il s'agit de technologie agricole, n'hésitent pas, cette fois-ci, à prédire que les prix alimentaires resteront élevés pendant au moins une décennie. Pour faire face à cette nouvelle conjoncture, le gouvernement algérien est contraint depuis des mois à intervenir en vue d'atténuer l'impact négatif sur les consommateurs, en particulier les plus pauvres. A première vue, la mesure de régulation du marché interne est une nécessité absolue et va dans le bon sens. Elle devrait renforcer la concurrence dans un secteur gangrené par la spéculation et le phénomène de l'informel. Pour autant, il faudrait compter encore sur les pouvoirs publics pour garantir le pouvoir d'achat, car lorsque la loi ne s'applique pas, cela légitime la triche. Les récentes mesures annoncées pour être appliquées à partir du 1er janvier 2008 relatives au soutien de l'Etat à la semoule normale et supérieure, ont été inévitables. Elles s'inscrivent dans une stratégie qui tient compte de la particularité de ces deux produits et la situation actuelle qui prévaut sur le marché mondial. Tout indique que les céréales coûtent plus chers, et de manière générale, pratiquement tous les dérivés alimentaires. L'engagement de l'Etat à soutenir les prix des produits de large consommation a été interprété par certains observateurs de l'actualité nationale, comme une mesure populiste pour d'autres, elle soutient le pouvoir d'achat d'une forte partie de ménages modestes. Un effet d'aubaine, l'Etat continue à soutenir l'accès des citoyens aux produits de base. On ne peut pas se permettre au regard de la conjoncture internationale, de mettre un terme au soutien par l'Etat des prix des produits de première nécessité. Tant la décompensation se répercute lourdement sur le niveau de vie de la population en général. La charge pour le Trésor sera lourde. Il s'agit de faire face à la flambée générale des prix sur le marché mondial. Et ce, à un moment où la production mondiale n'arrive plus à satisfaire les nouvelles habitudes alimentaires des pays émergents, ni la soif de biocarburants des économies industrialisées. Le dernier rapport de la FAO " perspectives de l'alimentation " constate que " la facture mondiale des importations alimentaires s'alourdit en raison principalement de la forte demande sur les biocarburants qui dope les prix. Elle est en passe de franchir le cap des 400 milliards de dollars, soit près de 5% de plus que le niveau record de 2006 ". En prenant en considération cette prévision de la FAO, pour le consommateur qu'il soit algérien ou d'ailleurs, les perspectives sont donc terriblement sombres. Les experts internationaux estiment que la hausse des prix des céréales, des huiles végétales, de la viande et des produits laitiers, outre le taux record du fret international, se traduisent par une hausse des produits alimentaires importés de 13% cette année par rapport à l'année dernière. Selon l'indice de la FAO, les produits laitiers ont atteint des niveaux " historiques " et ont augmenté de 46% depuis novembre 2006. Dans le cas des pays les plus pauvres, le panier des importations alimentaires pour 2007 coûtera en moyenne 90% qu'en 2000. La flambée des prix des produits alimentaires est alarmante. Un indice en dollar, montre une augmentation d'environ 40% au cours de ces derniers mois. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse, mais le premier est une augmentation de la consommation, à nouveau liée à la croissance économique de la Chine. Pour le cas de l'Algérie, la facture d'importation pour l'année 2007, selon les estimations, se clôturera à près de 4,5 milliards de dollars. La bataille contre l'inflation s'annonce rude. Le moment n'est donc plus à l'improvisation, l'économie algérienne a besoin d'une vraie politique de l'offre pour valoriser au mieux les indicateurs socioéconomiques qui permettent au pays de jouir d'une croissance plus dynamique, mettre l'agriculture à un niveau supérieur de modernité et de développement pour doper la production, renforcer les moyens et les pôles industriels de compétitivité dans le cadre de la nouvelle stratégie économique afin de donner envie aux opérateurs et autres investisseurs à s'impliquer efficacement.