Quelque peu délaissée durant la canicule de juillet et d'août derniers, victime aussi d'un certain désamour pendant le mois sacré de Ramadhan, la pêche à la ligne revient, ces derniers jours, en force en de nombreux points du littoral de la wilaya d'El Tarf. Des jeunes et moins jeunes profitent ainsi de la relative fraîcheur pour saisir leurs cannes à pêche et taquiner le poisson, histoire de passer agréablement le temps ou s'offrir pourquoi pas une fricassée de dorade ou de pageot, d'autant que le prix du poisson ne cesse d'échapper aux bourses moyennes. Sur les plages ou sur les rochers, à proximité de criques, des personnes seules ou en groupe s'installent avec tout leur attirail pour s'adonner à leur passe-temps favori. «C'est une manière saine de s'occuper et de remplir sa journée loin du tumulte de la ville, notamment pour ceux qui ont choisi de prendre leur congé annuel en cette période pré-automnale», souligne Djelloul H., la quarantaine, rencontré au niveau de la crique de F'kirina. D'autres jeunes installés sur les rochers gesticulent entre eux, mais sans cesser de guetter avec attention les mouvements du bouchon de leur ligne, tandis que les pêcheurs au moulinet surveillent les vibrations du fil sur leurs doigts pour retirer une éventuelle prise. Pour Djelloul, féru de pêche à la ligne «il n'est de plus belle allégresse que celle qui vous étreint lorsque vous agrippez, après l'avoir détaché de l'hameçon, un poisson frétillant !». De temps à autre, des jeunes se mettent à narguer l'un d'entre eux pour avoir accroché sa ligne à de la végétation marine ou pour la prise d'un tout petit poisson, le tout dans la bonne humeur. Des exclamations heureuses jaillissent quelquefois de la bouche d'un pêcheur excité qui vient de réussir une bonne prise, notamment s'il est un simple amateur ayant choisi ce loisir pour tuer le temps. Lorsqu'ils sillonnent les plages, des promeneurs sont invariablement attirés par ce nombre impressionnant de pêcheurs à la ligne au niveau de la plage Aouinet. Outre pour la rareté de ses baigneurs en cette période de rentrée des classes, ces pêcheurs ont choisi cette plage aussi pour son banc d'herbiers de posidonies (algues marines) qui occupent de vastes surfaces et qui assurent le rôle de véritables nurseries pour de nombreux alevins tout en renfermant de nombreuses espèces de poissons également. D., un jeune homme de 22 ans à la recherche d'un emploi, assure qu'à El-Aouinet, il goûte à ce plaisir incomparable que procure la pêche à la ligne. «C'est une vraie passion, je ne rentre jamais bredouille, parfois même la moisson est tellement bonne que je remets avec plaisir quelques sars, oblades ou marbrés à mon voisin de palier, même que de temps à autre, je vends une partie du produit de ma pêche pour me faire un peu d'argent de poche», assure-t-il. Plus loin, le site des brisants surplombant le port de pêche d'El Kala accueille chaque après-midi une nuée de pêcheurs à la ligne qui occupe tous les espaces, rochers, tétrapodes de soutien au mur de garde et autres blocs de pierre jetés en mer en guise de brise-lames. Des jeunes, des adultes et même des enfants s'en donnent à cœur joie dans ce site poissonneux à souhait pour prendre toutes sortes de poissons allant du sar au loup de mer en passant par le mulet qui en pareille période se déplace en bancs. D'autres jeunes utilisent des palangrottes pour jeter leur hameçon le plus loin possible et traquer notamment les gros mulets qui s'aventurent rarement vers les rochers. «C'est une manière comme une autre de lutter contre l'oisiveté et le stress d'autant plus que la pêche à la ligne est une occupation saine qui constitue un moment d'évasion pour tous ses adeptes», souligne Abdallah M. (35 ans), un autre mordu de ce loisir. En fin de journée, que le panier en osier utilisé pour transporter leurs prises soit plein ou vide, ces pêcheurs à la petite semaine rentrent chez eux ragaillardis par une partie de pêche à la ligne, la tête pleine d'histoires, vraies ou fausses, à raconter aux copains. APS