Les footballeurs, dorénavant professionnels, sans doute semblerait-il, vont être sécurisés. Le contrat de trois ans consacrant leur relation de travail avec un employeur, en l'occurrence le club de football cornaqué par une société sportive par actions, serait, dans l'absolu, le premier indice palpable de la professionnalisation du football national et, secondement, le signal fort d'une moralisation de la discipline. Ainsi, exception faite donc du souhait d'un élément de quitter, au motif de temps de jeu insuffisant, de sa seule volonté une équipe, toutes les chances de jouir d'une stabilité et préservation de son poste d'emploi sont dorénavant garanties au footballeur. En réalité, dans un environnement sain, normalisé, une telle option n'est pas de nature à seulement protéger le sportif ; elle devrait également conférer une grande stabilité au club lui-même et, dans la foulée, assurer à l'équipe dirigeante une continuité dans l'action, d'un travail en profondeur à moyen terme et possiblement à long terme, la discipline générale et, par voie de conséquence, une sérénité ambiante laquelle, forcément, ne pourra que se répercuter sur l'ensemble de la société locale en n'entretenant plus la notoriété d'une association sportive par les frasques de ses dirigeants, ses footballeurs et la gestion quasi folklorique, pour ne pas dire suspecte, des deniers de l'Etat et l'argent du contribuable. Des comportements qui, indirectement, ont souvent été à l'origine de grandes dérives (émeutes d'El-Eulma, Oran, Saïda).Mais faudrait-il pour autant croire que le cadre réglementaire mis en place par la Fédération algérienne de football va être respecté ? Cela est bien loin d'être évident dans la mesure où la contractualisation des footballeurs avec leur employeur ne date pas de cette saison et elle a, à chaque fois, été superbement contournée. Plus grave, elle a été foulée et le plus souvent avec la complicité passive des instances sportives d'abord (FAF, LNF) et les institutions nationales comme le ministère de la Jeunesse et les Sports, celui du Travail et de la Protection sociale, mais aussi de la Justice en tant que tutelles pour la FAF et ses ramifications (Chambre de résolution des litiges, Tribunal arbitral des sports) et les directions du travail, voire leurs inspections locales et les tribunaux civils, lesquels ont rarement fait aboutir ou ont contribué à le faire dans le règlement des contentieux entre footballeurs et clubs employeurs. Preuve en est avec les saisines par les concernés (les footballeurs) au TAS (Suisse). Pis encore, la FAF semble cultiver un malin plaisir à entretenir les paradoxes et, à l'image de sa décision renvoyée jusqu'au 31 décembre prochain de surseoir à la sanction de clubs qui n'ont pas fait suivre d'effet les décisions - et elles sont nombreuses - de la CNRL (Chambre nationale de résolution des litiges), alors qu'elle avait les moyens de mettre la pression sur les clubs en bloquant le recrutement d'intersaison et mieux encore leur passage au statut de club professionnel, d'autant plus que, dans ce cas de figure, la réglementation en dispose nettement (décret exécutif 64-06). Or, elle y était parvenue, lorsqu'au cours de l'été 2009, elle avait brandi la menace d'interdire les recrutements au cours du mercato d'hiver de la saison 2009-2010 jusqu'à contraindre des présidents à faire en sorte que les clubs qu'ils dirigeaient s'acquittent de leurs dettes envers des joueurs au centre d'un conflit social. En remettant au 31 décembre 2010 l'exécution de son oukase, la Fédération a tout bonnement choisi le camp qui lui permet de mener à bien son programme de professionnalisation du football. Quitte pour cela à spolier de leurs droits des footballeurs dont elle s'évertue autrement à obtenir la protection. Ainsi nombreux sont parmi ces derniers qui ont d'ores et déjà fait le choix de recourir directement à la résolution de leur problème auprès de la FIFA. Or, celle-ci ne fait pas dans la dentelle et a régulièrement, après une procédure d'usage, contraint les clubs à s'exécuter via une dite fédération qui donne la nette impression de faire dans le masochisme et de préférer le bâton à la carotte. En plus évidemment de la déconsidération auprès des instances internationales que tout cela induit. Le contrat de trois ans alors ? Ce ne sera qu'un acte routinier parmi tant d'autres auxquels la FAF a habitué son environnement en ce sens que les clubs continueront malgré tout à traficoter et leurs dirigeants à perpétuer un rapport de force avec leurs footballeurs nettement à leur avantage. Le rapport que peut avoir un négrier avec un esclave. Malheureusement, les joueurs eux-mêmes contribuent à cet état de fait en versant dans des tractations douteuses et autres combines.Enfin soulignons pour l'anecdote qu'en 2008, la LNF a homologué, excepté l'identité (nom et prénom) d'un joueur du Mouloudia de Constantine, le contrat vierge de toute disposition contractuelle, notamment celles financières et la durée de la relation de travail. Celui-ci envisage aujourd'hui, il nous l'a fait savoir, de donner la preuve d'une ultime requête faite à la FAF d'en référer au TAS (Lausanne) pour l'obtention de ses droits. Tout d'ailleurs comme elle a laissé passer la licence d'un joueur (CSC) avec la photo d'un arbitre national. Ce qui a abouti à une affaire scabreuse qui a atterri sur les bureaux de la LNF, conséquence de réserves formulées par le MOC après le fameux derby local. La ligue nationale, bien entendu, déboutera la partie plaignante. Pouvait-il en être autrement avec un tel pavé qui aurait éclaboussé la crédibilité de l'instance sportive ! Il l'a d'ailleurs éclaboussé, mais comme l'amnésie est un sport national dans le pays, l'affaire n'a pas fait trop de remous finalement. A. L. L'Etat maintiendra son soutien au sport amateur et professionnel L'Etat ne se désengagera jamais de son soutien au sport amateur et professionnel, a affirmé mercredi dernier à Aïn Larbaa, 30 km d'Aïn Temouchent, le ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Hachemi Djiar. «L'Etat est en train de mettre en place les moyens nécessaires au démarrage des clubs professionnels, sans occulter son soutien au sport amateur qui bénéficie de plus en plus d'importance», a-t-il précisé dans un point de presse en marge de sa visite de travail dans cette wilaya. S'agissant des futurs centres d'entraînement des clubs professionnels, le ministère, a indiqué son premier responsable, a saisi l'ensemble des wilayas concernées pour mettre des terrains d'assiette à la disposition de ces derniers, avant de souligner que «certaines wilayas ont répondu, d'autres pas encore». Les procédures de déblocage des 10 millions de dinars remboursables pour chaque club sont en cours, a signalé le ministre qui venait de visiter le projet de réalisation d'une salle spécialisée de basket-ball.