Dans moins d'une semaine, le championnat national «professionnel», dont c'est la première expérience, va débuter sous l'œil vigilent des observateurs et des milliers de supporters des différents clubs. Le projet est vraiment ambitieux, mais la réalité du terrain pourrait faire en sorte qu'il n'y ait pas ou qu'il y ait peu de changement dans le fonctionnement et l'évolution du championnat national. Et ce n'est pas la gestion des instances footballistiques nationales qui pose problème. Le blocage résiderait surtout au niveau des mentalités. En tout cas, la Fédération algérienne de football (FAF), en lançant la professionnalisation, veut, en premier lieu, mettre en œuvre les orientations de la Fifa, l'instance internationale de football, qui exige des fédérations nationales d'adopter le cahier des charges du club professionnel avant la saison 2011-2012, et en second lieu, faire un saut qualitatif au niveau du football national. Des enjeux qui nécessitent énormément d'efforts tant humains que matériels, et qui, dans le cas d'une réelle et bonne mise en œuvre, vont impulser un nouveau souffle au football national dont le niveau laisse à désirer. En effet, il est clair, depuis plusieurs années maintenant, qu'une nouvelle logique ou une autre manière de gérer le football national s'impose. Depuis la Coupe d'Afrique des nations de 1990, remportée par les Verts à domicile, la sélection nationale et les clubs trouvent beaucoup de difficultés à s'imposer sur la scène footballistique internationale. Les bonnes performances ne sont qu'épisodiques. L'Algérie n'a exporté vers l'Europe qu'une dizaine de joueurs depuis environ vingt ans, contrairement à beaucoup d'autres pays africains qui fournissent régulièrement de bons joueurs aux championnats européens. La quasi-totalité des clubs ne disposent plus de centre de formation. Tous les efforts sont, ainsi, concentrés sur l'équipe senior «A» qui «consomme» le plus gros du budget. Si tous les acteurs du football national se sont mis d'accord sur le constat, les solutions, quant à elles, ont tardé à voir le jour. Le «secteur» footballistique est devenu complètement «déréglementé». Des primes de signature de joueurs très élevées qui n'obéissent à aucune logique, des stades inadéquats quelquefois, des joueurs qui ne signent plus des contrats de plus d'une année, des clubs qui recrutent jusqu'à cinq entraîneurs en une saison, etc. Tout cela fait que le football national est sur une voie des plus incertaines, à moins que les uns et les autres réagissent avant que la situation ne s'aggrave davantage. Que faut-il faire, donc, pour repositionner l'Algérie sur la scène sportive mondiale ? Depuis environ trois ans, la Fédération algérienne de football a pris quelques initiatives allant dans le sens d'une meilleure prise en charge de la chose footballistique dans le pays. On peut citer, à titre indicatif, les écoles de football, les académies de la FAF, qui sont les équipes nationales des jeunes catégories, lancées il y a près de trois ans. Mais, c'est avec le lancement de ce championnat professionnel que les uns et les autres espèrent que l'évolution du football national prenne une courbe croissante. Le cahier des charges touche à tous les aspects Le cahier des charges devant être souscrit par les sociétés et clubs sportifs professionnels, établi donc par la FAF, a été publié au Journal officiel il y a de cela près d'un mois. Celui-ci fait référence et évoque tous les aspects liés à la gestion d'un club de football. Il y a, ainsi, des conditions et obligations en matière d'encadrement sportif et technique des joueurs et des dirigeants, d'installations sportives et de formation, en matière financière et comptable, sécuritaire, d'encadrement des supporters, des conditions et obligations vis-à-vis de l'administration chargée des sports de la fédération sportive nationale et de la ligue nationale sportive professionnelle concernées, en matière de relations de travail et de règlement intérieur et d'organisation structurelle. Le championnat professionnel va être lancé avec deux divisions, «une» et «deux», composées de seize clubs chacune. Ce qui veut dire que les 32 clubs répondent aux conditions et obligations du cahier des charges. Bien évidemment, comme l'a d'ailleurs rappelé le président de la Fédération algérienne de football, M. Mohamed Raouraoua, l'instance footballistique a été quelque part «souple» avec certains clubs, comme l'USM Harrach, dont le stade, actuellement, ne répond pas aux conditions. Mais dès la saison prochaine, la FAF, comme le promettent ses responsables, va être plus sévère. Ainsi, en l'espace de quelques mois seulement, 32 clubs ont réussi à se transformer en société commerciale. Les observateurs, mais surtout les supporters, suivent donc de très près cette évolution. Ces derniers sont soucieux plus que jamais de l'avenir de leurs clubs qui, après avoir été longtemps propriétés de leurs fans, sont devenus, désormais, propriétés de certains industriels, même si, globalement, les dirigeants qui ont été à la tête de ces clubs avant la transformation sont majoritairement toujours là. D'ailleurs, c'est ce dernier détail qui pose, pour les supporters, un problème. Comment des dirigeants qui sont, en partie, responsables de la situation actuelle du football national, peuvent-ils mener à bien ce processus ? La question mérite, bien évidemment, d'être posée. Certains présidents de club ont fait preuve d'une incompétence, et quelquefois de mauvaise foi, sans pareille. En tout cas, pour les supporters, quoique ces dirigeants veulent, bien sûr, maintenir leurs privilèges, les dispositions existantes dans le cahier des charges feront en sorte que la gestion des clubs soit plus transparente. Du moins, c'est le vœu de tout un chacun. C'est pour cela que cette saison s'annonce comme un test. Les uns et les autres vont suivre son évolution de très près. A. A.