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Daham : «Non, je ne suis pas fini !»
Publié dans Le Buteur le 14 - 03 - 2009

«J'avais perdu ma place parce que je faisais le carême»
«Si je retourne au MCA, ce sera sous conditions»
- «J'ai encore 2 ou 3 ans dans le haut niveau»
- «Si l'entraîneur de Koblenz reste, je pars !»
- «J'avais perdu ma place parce que je faisais le carême»
- «Cavalli a demandé de mes nouvelles, mais pas Saâdane»
- «Si je retourne au MCA, ce sera sous conditions»
Absent des terrains depuis près de sept mois, Noureddine Daham attend patiemment son heure au TuS Koblenz. Certes, il est complètement guéri de la fracture au tibia qu'il avait contractée l'été dernier, mais il ne joue pas. Il continue quand même de s'entraîner. Cela fait tellement longtemps qu'on ne parle pas de lui que certains croient qu'il a pris sa retraite. Pourtant, lui est formel : il n'est pas encore fini et il le prouvera. Rencontré dans la ville allemande de Coblence, celle de son club TuS Koblenz, il se confie volontiers à nos
lecteurs.
* Comment cela se passe pour vous au Tus Koblenz ?
Disons que ça ne se passe pas exactement comme je l'espérais. Je reviens d'une grave blessure, une fracture du tibia, qui m'a tenu éloigné des terrain durant près de six mois. Là, j'ai réintégré le groupe et je m'entraîne normalement, mais je ne joue pas. Cela peut se comprendre car l'équipe a aligné quatre victoires d'affilée et on sait tous qu'on ne change pas une équipe qui gagne. Je suis professionnel et je me fais une raison. Même si je suis malheureux de ne pas jouer, je suis heureux pour le club.
* Pourtant, lorsque vous aviez rejoint TuS Koblenz en 2007, vous étiez très content. Que s'est-il donc passé entre-temps ?
C'est vrai qu'à mon arrivée au club, les choses avaient bien débuté pour moi. Je jouais régulièrement et j'avais même inscrit un but à mon deuxième match. Or, j'ai eu plusieurs problèmes par la suite. Cela avait commencé avec le Ramadhan. Lorsque j'étais à Kaiserslautern, nous étions quatre à observer le jeune : Ismaïl Bouzid, Aïmen Demaï, le Burkinabé Ouattara et moi. L'entraîneur que j'avais à l'époque, Wolfgang Wölf, se montrait plutôt souple et tolérant. Il nous aidait même en nous exemptant de la deuxième séance d'entraînement lorsque nous faisions du biquotidien. Cependant, les choses sont différentes avec Rapolder, l'entraîneur de Koblenz. Il n'acceptait pas que je fasse carême et, donc, n'a plus compté sur moi durant cette période. Il m'est arrivé alors ce qui arrive à celui qui laisse sa place : ma place a été prise par un autre joueur qui a été régulier et performant. J'avais donc perdu ma place de titulaire.
* Mais la saison était quand même longue et vous pouviez la reconquérir…
Oui, mais cela n'a pas été possible. Du fait que je manquais de compétition, je n'étais pas très performant lorsque j'étais incorporé. Et puis, dans ma tête, j'avais perdu la confiance de l'entraîneur.
* Pourquoi alors n'être pas parti l'été dernier ?
Parce que le coach a discuté avec moi et m'a assuré que, puisqu'il y avait une nouvelle saison, tout le monde allait repartir de zéro avec des chances égales pour tous. J'ai été donc convaincu de rester. J'étais encore sous contrat et je n'avais pas trop le choix.
* A-t-il tenu sa promesse ?
Oui, il a respecté son engagement puisque j'ai participé à toutes les rencontres amicales et j'ai repris ma place de titulaire. Je sentais que j'étais parti pour une bonne saison. Malheureusement, il y a eu cette fracture du tibia qui a freiné mon élan. Rater la moitié de la saison, c'est presque rater toute la saison.
* Ce n'est peut-être pas terminé puisqu'il reste encore beaucoup de matches et un des attaquants titulaires du moment peut se blesser lui aussi…
Oui, tout est possible. Ce qui est certain, c'est que si la chance m'était donnée de rejouer, je saurais la saisir. En football, tout va tellement vite.
* Franchement, regrettez-vous d'avoir quitté le FC Kaiserslautern ?
Oui et non. Oui, car le TuS Koblenz n'a rien à voir avec Kaiserslautern au plan sportif. Kaiserlautern a une histoire dans le football, un public et des traditions, alors que Koblenz n'a rejoint la Bundesliga 2 que depuis quelques années. Coblence, en tant que ville, est bien plus grande et importante que Kaiserslautern, mais en tant que club, c'est plusieurs crans en dessous. Donc, sur ce plan-là, je regrette d'être parti. Cependant, sur un autre plan, c'était une option inévitable. Je n'ai pas beaucoup joué durant la deuxième partie de la saison et il me fallait de la compétition car j'étais un international et j'avais besoin de matches dans les jambes en prévision de la Coupe d'Afrique des nations.
* La Coupe d'Afrique des nations ? Celle de 2008 ?
Oui car, à l'été 2007, je ne pouvais pas imaginer que nous allions perdre à domicile contre la Guinée et, étant leaders de notre groupe, je nous voyais déjà au Ghana à disputer la CAN-2008. J'ai donc pensé à la Coupe d'Afrique et je me suis dit qu'il fallait que je parte dans un club où je pourrais jouer afin de ne pas rater cet important rendez- vous.
* En quelque sorte, en signant au TuS Koblenz, c'est un sacrifice que vous avez fait ?
Tout à fait. J'ai consenti à aller dans un club de moindre envergue que Kaiserslautern pour l'équipe nationale. Malheureusement, nous ne sommes pas allés à la CAN.
* Vous aviez fait de très bons débuts au FC Kaiserslautern, mais la deuxième partie de saison a été moins bonne. Pourquoi ?
J'avais fait d'excellents débuts avec l'équipe. C'est simple : il m'était arrivé ce qui est arrivé à l'Egyptien Amr Zaki à Wigan. Je venais d'Algérie et, pour ma première saison en Europe, j'enchaînais les buts. Or, durant le mercato, le club a ramené deux attaquants de la Bundesliga à titre de prêt. Il s'agissait d'un joueur qui revenait d'une longue blessure et d'un autre qui ne jouait pas beaucoup dans son club. Dans la tête de l'entraîneur, deux attaquants venus de la première division sont forcément mieux préparés et plus talentueux que les attaquants du club. Alors, il les a fait jouer et j'ai perdu ma place. Ma situation a été compliquée par une maladie que j'ai contractée durant le début de l'année 2007 et qui m'a éloigné des terrains durant près de deux mois. Entre-temps, l'entraîneur Wölf, qui m'avait recruté et qui me faisait jouer durant la première partie du championnat, avait été limogé car l'équipe dégringolait au classement et son remplaçant ne comptait pas sur moi. Voilà pourquoi j'étais parti à Koblenz l'été venu.
* A quand remonte votre dernière apparition en équipe nationale ?
Cela remonte au match amical disputé à Rouen contre le Mali, sous la houlette de Rabah Saâdane. Je m'en rappelle très bien : Bouazza avait inscrit ce jour-là son premier but en sélection et il était très content. Depuis, plus rien.
* Saâdane vous a-t-il donné des explications sur votre non- convocation ?
Non, aucune. J'aurais aimé qu'il m'explique ma mise à l'écart. Je suis professionnel et j'accepte ses choix, mais une explication aurait été appréciée, d'autant plus que je suis un ancien. Il ne l'a pas fait.
* Qu'est-ce que cela vous a fait de suivre les matches de qualification de l'Algérie à la télévision et via les médias ?
Cela m'a fait bizarre car j'espérais être de l'aventure. Cela dit, je suis extrêmement heureux que l'Algérie ait atteint la dernière phase des qualifications, même si je suis déçu de ne pas y avoir participé.
* Le sélectionneur vous appelle-t-il pour prendre de vos nouvelles ?
Non, jamais.
* Même pas lorsque vous avez été blessé ?
Même pas ! Je vais vous révéler une chose : lorsque j'ai eu la fracture au tibia, j'ai reçu un SMS de Jean-Michel Cavalli dans lequel il me souhaitait un prompt rétablissement et m'encourageait à revenir fort. Pourtant, c'est un Français et il n'est plus sélectionneur national. Mais lui n'est pas oublieux, ni ingrat. Quant aux autres…
* Cavalli vous appréciait beaucoup et prenait le risque de vous convoquer, contre l'avis des médias, même lorsque vous releviez de blessure ou que vous jouiez peu…
La confiance qu'il avait en moi m'a toujours transcendé. Je me rappelle de ce match à Alger où il m'avait titularisé alors que je me relevais d'une longue maladie et que je ne jouais pas dans mon club. Il m'avait dit : «Nounou, je sais que tu peux nous faire gagner ce match !» Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela m'a galvanisé. Alors, en voyant en plus que le 5-Juillet, ce stade que je ne connais que trop bien, était plein, cela m'avait donné des ailes ! Effectivement, j'avais donné la victoire à l'Algérie en marquant un but de la tête.
* C'est pour cela que vous être déçu que Rabah Saâdane n'ait même pas daigné vous envoyer un message ?
Absolument. Demandez à n'importe quel joueur qui contracte une grave blessure et il vous dira à quel point de tels messages sont importants pour le moral. Moi, on m'a oublié, comme si j'étais fini.
* Pensez-vous réellement être fini ?
Non, je ne le suis pas. Vous savez, nous travaillons dur en Allemagne et je tiens parfaitement la cadence. Je peux avancer sans risque de me tromper que je peux encore jouer deux à trois saisons à un haut niveau.
* Vous serez en fin de contrat avec le TuS Koblenz cet été. Allez-vous rempiler au club ?
C'est une possibilité, si on me le propose. Il y en a d'autres. Qui sait ? Peut-être recevrai-je une offre d'un club allemand. Peut-être irai-je tenter ma chance dans un pays du Golfe.
* Dites-nous les options existantes par ordre de priorité…
Ma priorité est de rester en Allemagne, car j'y ai acquis mes repères et une expérience. Cela dépendra des offres qui me parviendront. A défaut, aller dans un autre club européen, mais pas en Ligue 2 français, par exemple, car j'estime que le niveau y est faible. Maintenant, si je n'ai pas d'offres intéressantes en Europe, j'irai dans les pays du Golfe.
* Vous dites que votre priorité est de rester en Allemagne, mais pas dans un club de troisième division, quand même !
Pourquoi pas ? Ici, c'est le vrai professionnalisme, même en troisième division. S'il s'agit d'un club ambitieux qui visera l'accession et qui m'offrira quelque chose d'intéressant financièrement, j'étudierais la proposition.
* Il y a une option que vous n'avez pas évoquée : celle d'un retour dans un club algérien. Est-ce une possibilité ?
Si je ne trouve rien d'intéressant en Europe, pourquoi pas ? Revenir en Algérie, ce serait possible, surtout si cela pourrait m'ouvrir de nouveau les portes de la sélection nationale. Cependant, ce n'est pas d'actualité pour le moment. Je réfléchirai et me déciderai l'été prochain.
* Si vous retournez en Algérie, ce sera au MC Alger ?
Peut-être, mais ce n'est pas forcément là-bas. Certes, ce serait l'idéal pour moi car je garde un excellent souvenir des Chnaoua. Cependant, les dirigeants ne sont plus les mêmes que ceux que j'avais laissés et je ne sais pas comment cela se passerait avec ceux de maintenant. Et puis, en toute franchise, les querelles actuelles à l'intérieur du club ne m'encouragent pas à revenir.
* Pourtant, même du temps où vous étiez au MCA, il y avait de problèmes…
Certes, mais je suis à présent un autre homme. J'ai vu le vrai professionnalisme de près et il y a des choses que je n'accepterai plus dorénavant. Par exemple, je suis outré de voir qu'il y a des joueurs qui n'ont pas été payés. D'ailleurs, à ce jour, on ne m'a pas encore octroyé la prime de la victoire en Coupe d'Algérie. Cela n'existe pas en Europe et, à mon âge, je ne veux pas en arriver à quémander mon dû, comme si je faisais l'aumône. Cela est valable dans tous les clubs et pas seulement au MCA.
* En plus clair, si vous reveniez au Mouloudia, vous poserez vos conditions ?
Absolument. Il faut que tout soit clair. Je ne ferai plus de bricolage. Je n'accepterai plus de courir derrière mon argent.
* Gardez-vous contact avec les Chnaoua ?
Absolument. Comme il n'y a pas de vol direct d'Allemagne vers Oran, je transite obligatoirement par Alger et là, je suis toujours chaleureusement accueilli et encouragé. J'ai conservé l'estime du public et c'est cela le plus important.
* Apparemment, vous ne savez pas ce que vous allez faire une fois votre contrat arrivé à terme. Au moins, savez-vous ce que vous ne voulez pas faire ?
Il y a une chose que je ne ferai pas : je ne resterai pas au TuS Koblenz si le coach actuel reste ! C'est une certitude. Je n'ai pas beaucoup joué avec lui et je ne veux pas prolonger la mésaventure avec lui. Même sur ce plan, je n'ai pas eu de chance. Figurez-vous que lorsque j'étais à Kaiserslautern, l'entraîneur de Koblenz à l'époque me voulait coûte que coûte et, à présent, il est l'entraîneur de Kaiserslautern !
* Vous voyez comme tout peut changer vite dans le football ?
Justement, tout pourrait peut-être changer pour vous en cette fin de saison en faisant quelques gros matches qui attireraient l'attention des recruteurs sur vous…
C'est possible. Moi, je continuerai à m'entraîner sérieusement et à attendre. Je sais une chose : je ne suis pas fini et je le prouverai.
* L'équipe nationale, vous y pensez toujours ?
Bien sûr ! C'est un honneur de défendre l'équipe nationale. Certes, c'est normal que je ne sois pas convoqué car j'ai été blessé et je ne joue pas ces dernières semaines, mais je suis toujours disponible.
* Un dernier mot ?
J'aimerais dire que c'est dommage que la ville d'Oran, qui a enfanté tant de grands footballeurs, n'ait plus aucun club parmi l'élite. C'est une aberration. J'espère de tout cœur que le MCO et l'ASMO reviennent en Division 1 la saison prochaine, du moins l'un d'eux. Un petit coucou aussi pour tous les Algériens et pour les Chnaoua qui, je le sais, ne m'ont jamais oublié.
Entretien réalisé à Coblence par
Farid Aït Saâda
«Merci au Buteur de ne pas m'avoir oublié»
Noureddine Daham a été content et surtout touché qu'un journaliste du Buteur se soit déplacé jusqu'à Coblence pour le rencontrer et prendre de ses nouvelles. «Je croyais qu'on m'avait oublié car personne ne parle plus de moi dans les médias. Déjà, quand on est en exil et qu'on voit quelqu'un du pays, on est content. Quand, en plus, il s'agit d'une personne qui va répercuter mes propos à tous les Algériens, je suis carrément heureux et ému. C'est la deuxième fois que Le Buteur vient me voir en Allemagne et j'en suis extrêmement touché et fier. Je tiens à ce que vous l'écriviez. Merci infiniment d'être venu me voir», nous a-t-il demandé, avant d'ajouter : «Je lis souvent dans votre journal des interviewes accordées par des stars. Arriver jusqu'à Figo, Schumacher ou Abou Trika n'est pas évident. Je vous rends hommage pour cela et c'est très sincère.»
Pas convoqué pour Kaiserslautern-Koblenz
Hier a eu lieu le match entre le FC Kaiserslautern, l'ancien club de Noureddine Daham, et le TuS Koblenz, son club actuel. Bien entendu, «Nounou» aurait tant aimé prendre part à cette rencontre, ne serait-ce que pour se retremper dans l'ambiance de folie du grand stade de Kaiserslautern, mais il n'a pas été convoqué. «Ayant été grippé, je ne me suis pas entraîné pendant une semaine. Ici, le règlement est strict : un joueur grippé doit rester éloigné du groupe afin de ne pas contaminer ses coéquipiers. Ce n'est que lundi passé que j'ai repris les entraînements, mais comme j'étais à l'arrêt, l'entraîneur ne m'a pas convoqué», a-t-il regretté.
Rien de ce qui se passe en Algérie ne lui échappe
Il n'y a rien à dire : «Nounou» Daham est au parfum de l'actualité du football algérien. A travers le site internet de notre journal, il ne rate rien. Son sujet préféré : les interminables luttes au sein du MC Alger. «Parfois, je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer. Là, avec du recul, en voyant cela d'un pays étranger, je dis que c'est vraiment dommage pour un grand club comme le Mouloudia.»


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