Lorsque Abdelhamid Mehri anime une conférence, il faut forcément s'attendre à un public des grands jours. Et quand le sujet porte sur l'histoire, l'intérêt devient grandissant. C'était le cas, hier en fin de matinée, quand l'ancien ministre des Affaires sociales du GPRA avait animé, au siège d'El Moudjahid, une conférence à l'occasion du cinquante-deuxième anniversaire de la création du Gouvernement rovisoire de la République algérienne (GPRA). Mehri est rompu aux témoignages et des années après l'indépendance et son éloignement des affaires, l'homme garde toujours intacts ses souvenirs. Il détient également quelques secrets. Il a en revanche retrouvé son âme de rebelle.«Il faut faire du 19 septembre une journée commémorative de la naissance de la République algérienne», a demandé Abdelhamid Mehri, dont la revendication ne date pas d'aujourd'hui. «Aujourd'hui, nous sommes confrontés à un problème de taille : celui de la date de naissance de la République», a-t-il dit. «De ce fait, il est nécessaire de revoir certaines dates. Et j'en profite pour adresser un appel aux historiens et à l'ensemble de la société afin de plaider pour que le 19 septembre soit fêté comme date de naissance de la République algérienne», a encore précisé l'orateur. L'ancien secrétaire général du Front de libération nationale, qui rappelle que le GPRA avait une reconnaissance internationale, a néanmoins avoué que ce premier gouvernement avait ses insuffisances. Il a réagi aux révélations faites récemment par Saïd Sadi faisant état de problèmes entre les responsables des wilayas de l'intérieur et ceux du GPRA, alors établis à Tunis. «Pour la vérité historique, aucun responsable de l'intérieur, aucun maquisard n'était content du travail accompli par le GPRA», a-t-il révélé. «Mais la vérité ne peut être dite à moitié, poursuit-il. L'autre part de vérité est que la France était une puissance imposante qui bénéficiait du soutien de la majorité des pays occidentaux. Elle (la France) avait imposé un tel blocus sur l'Algérie au point de rendre toute tentative d'acheminer les armes impossible. L'exemplede Ghaza aujourd'hui est un petit échantillon de ce qu'avait fait la France en Algérie», a précisé l'ancien ministre du GPRA. «Cela ne doit pas nous faire oublier que l'histoire ne doit pas être limitée à une question de personnes», a-t-il encore rappelé.Sur un autre chapitre, Abdelhamid Mehri a révélé que les Accords d'Evian ne contenaient pas de clauses secrètes. «Je n'étais pas présent à la signature des Accords d'Evian. Mais à ma connaissance, il n'y avait pas de clauses secrètes», a-t-il avancé, tout en reconnaissant que ces Accords, qui avaient permis l'indépendance de l'Algérie, contenaient des insuffisances. «Le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA) avait entériné ces Accords en prenant acte des insuffisances qui devaient être traitées plus tard», a répondu Abdelhamid Mehri à une question relative au refus de certains dirigeants de l'époque d'approuver ces accords. A. B.