Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Encore une fois, le premier secrétaire national du Front des forces socialistes (FFS), Karim Tabbou, n'a pas été tendre avec le pouvoir algérien qu'il a fustigé à l'occasion d'une conférence organisée pour commémorer le quarante-septième anniversaire de la fondation de cette formation politique. «Le pouvoir a des rapports violents avec le peuple. Il le considère comme un adversaire. Contre lui, il est violent physiquement mais aussi par la corruption et la manipulation», dit le responsable du FFS devant une assistance nombreuse à laquelle se sont jointes quelques familles de disparus à la recherche d'un soutien après la répression qui s'abat depuis début août sur leur rassemblement hebdomadaire. Le chapitre des disparus a eu une part importante dans le discours de Karim Tabbou qui a saisi l'occasion de cette rencontre avec le public pour «répondre à Me Ksentini qui a défendu la thèse des actes isolés concernant la question des disparus». Pour le conférencier, les disparitions forcées en Algérie, ne s'arrêteront jamais tant que «tant qu'on ne passe pas par la vérité et la justice, la machine à tuer sera toujours là».Le premier secrétaire national du FFS fustige la Charte pour la paix et la réconciliation nationale adoptée par référendum en 2005, accusant le pouvoir de l'avoir gérée dans l'opacité. Tabbou qui ne manquera pas encore une fois de stigmatiser le pouvoir «qui ne s'arrêtera jamais de tenter de casser notre parti, de créer des doutes en son sein». En réaction à l'un des cadres, Kamel Eddine Fekhar, qui a rendu publique récemment une déclaration dans laquelle il le fustige pour «son inertie», Karim Tabbou, sans le citer, rappellera qu'au FFS, «quand on dépasse la ligne politique, on saccage une mosquée, on parle de minorité kabyle, mozabite ou autres, on se met soi-même en dehors du FFS, parce que notre parti est porteur d'un projet démocratique national». «L'Algérie n'a pas de problèmes ethniques ni religieux, l'Algérie a un problème politique avec un pouvoir qui empêche les Algériens d'accéder à leurs libertés», conclut le premier secrétaire national du FFS après avoir rappelé que son parti «a toujours plaidé pour tous les pluralismes».Avant l'intervention de Tabbou, la vice-présidente de SOS-Disparus, Madame Bouchaf, a pris la parole pour stigmatiser Farouk Ksentini, le président de la Commission nationale des droits de l'Homme et lui rappeler que les familles des disparus ne veulent pas d'argent. «Qui peut vendre son fils ? Donnez-nous votre fils M. Ksentini et on vous donnera de l'argent. Nous voulons faire notre deuil. Nous voulons des tombes pour nos enfants», martèle-t-elle, provoquant l'émotion dans la salle de spectacles de la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou où elle fera appel pour un soutien «parce que, depuis le 4 août dernier, les services de sécurité nous répriment tous les mercredis à l'occasion de notre rassemblement hebdomadaire». Quant à son camarade de l'association, M. Ferhati, frère d'un disparu, il considèrera que «la question des disparus restera une tache noire dans l'histoire de l'Algérie».