La Somalie n'arrive toujours pas à faire face à la rébellion islamiste radicale des Shebab après deux décennies de guerre qui ont fait des milliers de morts parmi plus de deux millions de déplacés. La présence des soldats du maintien de la paix (Amisom) de l'Union africaine suffit à peine à protéger le palais présidentiel à Mogadiscio et quelques sites stratégiques comme certains aéroports et les sièges des ministères. Au lieu donc de renforcer cette lutte contre les rebelles islamistes, les Etats-Unis semblent préférer s'allier aux deux régions séparatistes du Somaliland et Puntland qui ont déclaré leur indépendance vis-à-vis de la Somalie en 1990. Tout en sachant que la communauté internationale refuse de reconnaître la déclaration unilatérale d'indépendance de ces deux régions, situées au nord du pays, Washington s'est engagé dans un jeu diplomatique qui risquerait de causer beaucoup plus de tort que celui engendré actuellement par les rebelles en somalie. Un diplomate de l'administration Obama pour l'Afrique a affirmé en effet, à la chaîne britannique BBC, que les Américains veulent renforcer leurs liens avec ces deux régions sécessionnistes afin d'empêcher les islamistes de dépasser les frontières de la Somalie. Selon lui, ce nouvel engagement «intensif» pourrait aider à parer à ce danger qui guette le reste du continent noir. L'administration américaine compte en fait envoyer plus d'humanitaires et de diplomates dans les deux régions indépendantistes et d'accentuer son soutien pour les gouvernements locaux afin de réaliser davantage de projets de développement, a précisé la chaîne britannique, citant toujours M. Carson. «Dans le passé, nous ne nous sommes pas engagés dans ces domaines [économique] et avec les institutions politiques [de ces deux Etats]. Nous allons maintenant commencer à le faire», a dit M. Carson. «Nous pensons que ces deux parties de la Somalie ont été les zones de stabilité politique et civile relative, et nous pensons qu'elles seront en fait un rempart contre l'extrémisme et le radicalisme qui pourraient émerger du Sud», a-t-il ajouté. Si les Etats-Unis affirment continuer à soutenir officiellement le gouvernement de transition somalien, leur intention de renforcer leur «collaboration» avec le Somaliland et le Puntland est la preuve qu'ils refusent de traiter avec les autorités de Mogadiscio en butte à la rébellion islamiste, d'une part, et aux conflits d'intérêts internes, d'autre part. En se liant d'«amitié» avec les deux régions séparatistes, Washington n'a-t-il pas reconnu indirectement leur indépendance ? L. M.