Photo :S. Zoheir Par Ziad Abdelhadi Dans la wilaya de Aïn Defla, que nous avons visitée dernièrement, région phare en matière de production de pomme de terre (près de 25% de la production nationale), l'activité de production de semence connaît un net regain d'intéressement au point où des producteurs de tubercule se sont convertis en fournisseurs de semences. En effet, et comme nous a indiqué le président de la Chambre de l'agriculture de cette wilaya, les producteurs multiplicateurs sont de plus en plus nombreux. Selon ce responsable, la wilaya de Aïn Defla comptait 41 multiplicateurs durant la saison 2007/2008, leur nombre a doublé (89) pendant la saison 2008/2009. Actuellement, c'est-à-dire pour cette saison (2009/2010), ils sont 121 multiplicateurs. C'est dire que dans cette wilaya, ce créneau d'activité est des plus porteurs. C'est aussi le cas dans les wilayas où la culture de la pomme de terre est importante en termes de surface consacrée à ce type de culture. Le président de la chambre nous a, par ailleurs, expliqué que cet engouement pour ce secteur d'activité «montre que les producteurs multiplicateurs ont réussi le pari de produire de la semence de bonne qualité et à haut rendement». Et de poursuivre : «Nos producteurs ne tournent plus le dos à la semence locale, convaincus qu'effectivement les multiplicateurs offrent une semence de bonne facture et en quantité suffisante.» Ce retour à la semence locale démontre globalement que les multiplicateurs ont compris que s'ils voulaient pérenniser leur activité, il fallait que leur production de semences ne souffre d'aucune suspicion. Faut-il rappeler dans la foulée que jusqu'à une date pas très lointaine, l'écoulement de la semence produite localement se faisait très difficilement, à cause du manque de confiance des agriculteurs dans la semence nationale. Et de lui préférer ainsi la Timate, Spunta, Diamant, Mondial, Désirée et Condor importées à coups de millions de dollars. Toujours à propos des achats extérieurs, il faut savoir que le commerce et l'importation de la semence de pomme de terre (et ce qui va avec : pesticides et produits de soins) constituent un vrai pactole qui frise les 100 millions de dollars pour les deux parties contractantes : l'importateur algérien et l'exportateur étranger. Par ailleurs, compte tenu de la croissance démographique, les besoins nationaux ne vont pas cesser d'augmenter. Actuellement, les besoins en pomme de terre s'élève à 200 000 tonnes par an. Ce volume est appelé à être revu à la hausse dans les prochaines années. C'est pourquoi du côté du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, on prête une attention particulière à la production des semences, notamment celles de la pomme de terre. Cette filière occupe d'ailleurs une place stratégique dans le cadre de la nouvelle politique de renouveau agricole et rural initiée par ledit ministère. Et pour preuve, il a été décidé en 2009 la mise en place d'une subvention des coûts de reproduction des semences et plants et d'autres initiatives qui s'inscrivent dans la même perspective : celle de s'autosuffire en semences et plants dans les cultures stratégiques. A noter qu'un grand espoir est fondé sur ces initiatives considérées comme un moyen susceptible de permettre à notre pays de revoir à la baisse sa très grande dépendance à l'égard des importations de semences et plants, voire résorber l'énorme déficit de sa balance agricole.