Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine Décidément, la pomme de terre ne cesse d'alimenter la chronique quotidienne au niveau de la wilaya de Aïn Defla. Devant l'abondance de la production, les agriculteurs reviennent à la charge et remettent sur le tapis leurs problèmes financiers en demandant des aides de l'Etat. La baisse des prix de ce féculent sur le marché ne les arrange pas. En effet, la production très abondante pour cette arrière-saison a fait réagir les producteurs de pomme de terre.Et ce, d'autant que le prix est tombé à 15 DA le kilogramme en gros et entre 20 à 35 DA chez les détaillants. Mais ce qui inquiète davantage les agriculteurs, c'est le risque de pourrissement face à l'absence des moyens de stockage efficaces. Les fellahs risquent ainsi de subir des pertes énormes surtout que la production de la saison sera prochainement récoltée et elle s'annonce également importante. Ce qui peut compliquer davantage la situation. Il faut dire aussi que le Système de régulation des produits agricoles à large consommation (Syrpalac) mis en place il y a presque deux ans par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural ne semble pas fonctionner. Et ce, pour l'unique raison que, cette arrière-saison, très peu nombreux sont les agriculteurs à avoir adhéré à cette politique. Selon certaines sources, des agriculteurs ont préféré vendre eux-mêmes leur production pour échapper au prix appliqué dans le système de régulation. D'après des observateurs, le choix par des agriculteurs de s'occuper eux-mêmes de leurs productions a eu des incidences sur le prix et ce, après que la quantité produite eut dépassé leurs prévisions. Face à cette situation, le département de Benaïssa tente de rattraper le coup en jouant sur la communication. Les services agricoles sont, en effet, en train d'inciter les agriculteurs à adhérer au Syrpalac en vendant leur production au ministère. C'est une manière, selon les services agricoles, d'éviter les pertes. Leur adhésion au Syrpalac, nous explique-t-on au niveau de la direction locale, «leur évitera de grandes pertes financières et permettra, entre autres, de réguler encore mieux le marché de la pomme de terre». Parallèlement à l'inquiétude des agriculteurs, c'est le soulagement chez les consommateurs qui n'arrivent pas à comprendre pourquoi les producteurs réagissent de cette manière et évitent d'assumer les risques du métier comme le font les producteurs dans les autres secteurs. Qu'en est-il exactement de la situation et qu'est-ce qui a engendré cette hausse de production ? A ce sujet, il est utile de relever que la production totale a atteint 680 000 quintaux. Ce chiffre important est le résultat de l'extension de la surface semée en pomme de terre de plus de 1 000 ha et de l'augmentation du rendement à l'hectare. Ce dernier est de l'ordre de 256 q/ha, soit une augmentation de 30 q/ha par rapport à la même période de l'année dernière. D'autres paramètres ont contribué à cette augmentation de la production. Il s'agit de l'implication des fermes pilotes dans la production du tubercule et de l'utilisation des techniques de traitement suite aux campagnes de sensibilisation lancées par le service de la protection des végétaux de la Direction des services agricoles de la wilaya. Ces techniques utilisées ont empêché l'apparition de certaines maladies. Pour la saison, 11 000 ha ont été plantés dont 2 500 hectares seront réservés à la pomme de terre de semence. Par ailleurs, l'apparition du mildiou, l'ennemi principal du tubercule, dans certains endroits de cette wilaya a poussé le service de la protection des végétaux de la DSA, en étroite collaboration avec d'autres intervenants, à tracer un programme de sensibilisation afin d'assister les agriculteurs dans les opérations de traitement et les informer sur l'efficacité des nouveaux produits. En somme, cette année est marquée par la surproduction de la pomme de terre au niveau de la wilaya de Aïn Defla, mais aussi par les craintes des agriculteurs de ne pouvoir en tirer profit. La Direction des services agricoles, consciente de l'importance de cette production, se penche sur cette situation depuis un certain temps et ce, afin de réguler le marché et préserver les capacités de production des agriculteurs de cette wilaya, lesquels alimentent le marché national à hauteur de 30% des besoins.