Le président vénézuélien Hugo Chavez a revendiqué la victoire aux élections législatives de dimanche dernier et invite l'opposition à convoquer un référendum pour tester sa popularité. Chavez, à la tête du premier pays exportateur de pétrole d'Amérique du Sud, a évoqué une victoire en nombre «de voix au niveau national, en députés et en qualité de députés». Selon les chiffres officiels, le parti du chef de file de la gauche radicale latino-américaine, le PSUV (socialiste), conserve la majorité absolue avec 98 sièges sur 165. Pour le reste, 65 vont à la Coordination de l'union démocratique, vaste rassemblement de partis d'opposition allant du centre-droit à la gauche. L'opposition dit avoir eu 52% des voix. Une vue de l'esprit selon le président en exercice qui qualifie l'opposition d'agglomérat de «micro-partis» sans ancrage dans la population. «Qu'ils convoquent un référendum révocatoire, puisqu'ils ont la majorité !» a-t-il lancé, défiant ses contradicteurs. En 2004, l'opposition avait réuni assez de signatures pour organiser un référendum de ce type, prévu par la Constitution, finalement remporté par Hugo Chavez avec plus de 59% des voix. A l'occasion de ces législatives, l'opposition fait un retour au Parlement monocaméral, où elle était absente depuis cinq ans après avoir boycotté les précédentes législatives. L'Assemblée nationale est contrôlée à une écrasante majorité par le PSUV. Le rapport de force en sièges est moins favorable cette fois à l'opposition qu'en 2000 (86-79), mais suffisant pour priver le PSUV de la majorité qualifiée des deux tiers, appelée de ses vœux par le président pendant la campagne. Sans cette majorité, Chavez sera obligé de composer avec l'opposition pour faire passer des lois organiques ou nommer des personnalités clés dans l'appareil judiciaire. Et il ne pourra plus se voir attribuer des pouvoirs exceptionnels pour légiférer directement. L'opposition s'est félicitée de cette nouvelle configuration qui écorne le pouvoir jugé «trop personnel» de Chavez. Ce dernier, encore populaire chez les plus démunis pour lesquels il a monté de nombreux programmes sociaux, a choisi de regarder sereinement l'avenir. Il s'est dit déjà en «pré-campagne» pour la présidentielle de 2012. R. I.