L'opposition a changé son fusil d'épaule alors que le président crie victoire. L'opposition vénézuélienne a levé officiellement dimanche soir une grève nationale lancée contre le président Hugo Chavez et qui a paralysé l'économie du pays pendant 63 jours et perturbé considérablement ses exportations de pétrole. Elle change ainsi son fusil d'épaule en se lançant dans une campagne de signatures en faveur d'une consultation électorale garantie par la communauté internationale. Le président Chavez a, lui, crié victoire. Le porte-parole de l'opposition regroupée dans la Coordination démocratique Timoteo Zambrano a déclaré, lors d'une conférence de presse, que «la Coordination démocratique annonce en prenant ses responsabilités devant le pays que cette nuit marque le début d'une nouvelle étape, porteuse de plus d'espoir et de plus d'exigence (...), qui prend de nouvelles formes avec pour objectif de soutenir la table des négociations et les accords». Allusion faite à la mission de négociation dirigée à Caracas par le secrétaire général de l'OEA (Organisation des Etats d'Amérique), César Gaviria. Sur le terrain, quelque 3400 bureaux de vote ont commencé à fonctionner dimanche dernier pour accueillir 11 millions de Vénézuéliens appelés par l'opposition à signer dix pétitions différentes visant au départ du président vénézuélien. Selon des correspondants de presse sur place, des milliers d'habitants de la capitale Caracas ont déjà signé pour la démission de Chavez, une réforme constitutionnelle réduisant son mandat électoral, la démission de l'Assemblée nationale et un référendum «révocatoire» pour le 19 août prochain. Et ce, malgré des affrontements entre partisans et adversaires du président vénézuélien Hugo Chavez qui ont fait au moins cinq blessés, dimanche dernier, dont un par balle à Caracas, selon des sources hospitalières. Immédiatement après l'annonce de l'arrêt de la grève, le président vénézuélien Hugo Chavez a déclaré qu'il n'avait pas peur d'un référendum, ainsi que l'affirme l'opposition. «Certains disent que Chavez a peur d'un référendum. Non», a dit le président Chavez à une émission de radio. «Le premier président de toute l'histoire vénézuélienne qui a convoqué les électeurs pour un référendum est votre humble serviteur», a-t-il ajouté. Selon la loi, il faut réunir les signatures de 20% du corps électoral, soit 2,2 millions d'électeurs, pour que soit organisé un référendum «révocatoire». Hugo Chavez a lancé à l'adresse de ses détracteurs. «Nous avons vaincu définitivement cette nouvelle tentative de déstabilisation», lors de son programme télévisé dominical «Allô président». Dans le domaine énergétique, Chavez a annoncé que la production pétrolière vénézuélienne a atteint quasiment 1,8 million de barils/jour, plus de la moitié de sa production normale, et que le pays exporte désormais 800.000 barils/jour. Avant la grève, le Venezuela, 5e exportateur et 8e producteur mondial, produisait un peu plus de 3 millions de barils/jour, dont 2,8 sont exportés. Il a également annoncé la reprise des opérations dans la plus grande raffinerie du monde, à Amuey, dans la péninsule de Paraguana (300 km à l'ouest de Caracas), qui étaient paralysées depuis le lancement de la grève. Cette reprise est de première importance pour les Etats-Unis, premier client du pétrole vénézuélien. Pour rappel, l'entrée de la communauté internationale, représentée par «un groupe de pays amis» (Brésil, Etats-Unis, Mexique, Chili, Espagne et Portugal), dans la recherche d'une solution au Venezuela a changé les données de la crise. L'Algérie, qui a failli être entraînée dans le tourbillon de la crise vénézuélienne, en vertu de l'accord d'assistance technique mutuelle liant les deux pays, a vite fait de tirer son épingle du jeu. Une demande d'assistance que d'aucuns ont vite fait d'assimiler à une ingérence dans un conflit interne d'un pays étranger, a su être repoussée par le sang-froid et le tact de la part de l'appareil diplomatique algérien, après avoir donné des sueurs froides à nos responsables politiques et économiques. L'Algérie tirera les marrons du feu par l'envoi d'une mission diplomatique discrète à Caracas conduite par Ahmed Ouyahia, ministre représentant personnel du Président Bouteflika et une autre mission de trois jours à Washington conduite par le ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil. L'engagement stratégique des USA dans le soutien au développement du secteur gazier national témoigne que les Américains ont estimé à sa juste valeur la révision de la position algérienne par rapport à ce conflit.