Quand deux grosses pointures du jazz se rencontrent et décident de partager leur savoir-faire, cela donne l'occasion à certains talents d'émerger. C'est dans le cadre d'un atelier de jazz, organisé par le Centre culturel français, que le saxophoniste Julien Lourau et le pianiste éclectique Jeff Shrael ont réuni une dizaine de jeunes musiciens algériens suite à un appel lancé auparavant par les organisateurs. Plus de 150 artistes ont répondu présent, certains pour évaluer leur niveau seulement et les meilleurs ont survécu au dur boulot imposé par les deux jazzmen. Jeudi dernier, dans l'enceinte du CCF, ces enfants prodiges en compagnie de leurs parrains se sont produits sur scène face à un public nombreux. En fait, jamais la salle du CCF n'avait enregistré un tel afflux du public. Face à une salle bondée, les retardataires n'ont pas eu d'autre choix que de squatter le hall habituellement utilisé comme salle d'exposition. Sous une lumière tamisée et adéquate, l'ambiance n'a pu être qu'intimiste et conviviale. Le public est principalement composé de jeunes, preuve que la musique jazz commence vraiment à trouver des adeptes en Algérie. Les musiciens rejoignent la scène munis d'une grande panoplie d'instruments. Après tout, le jazz est un assemblage de sonorités et de cultures. Entre saxophone, luth, guitare et percussions, les artistes font leur show offrant le fruit de leur collaboration avec de grands noms. Le son est recherché. Il balance entre l'oriental et le free jazz. Cette étendue de sonorités permet aux stagiaires de donner libre coursaux créations de l'atelier. Ces derniers se surpasseront sur scène. Les applaudissements du public font écho à leurs prestations. Un accueil chaleureux sera réservé aux deux frères Bouzid, musiciens multi-instrumentistes. L'émotion atteindra son summum à l'arrivée de la chanteuse Kaouther, qui subjuguera l'assistance en interprétant plusieurs titres du répertoire jazz. Le concert prendramalheureusement fin au bout d'une heure et demie de show, laissant le public sur sa faim. Concernant cet atelier, il s'agit d'une véritable aubaine pour les jeunes musiciens algériens en quête de perfectionnement. C'est en réunissant une dizaine de jeunes de styles musicaux différents que le CCF a réussi le pari d'en faire un concert d'exception dédié au jazz au sens large. Certains stagiaires n'ont pas hésité à remercier les initiateurs de cette expérience humaine et artistique qui leur a permis de toucher à un genre musical des plus recherchés et variés. Un jeune dans le public a souligné les points positifs de cette action qui, selon lui, «permet de dénicher de nouveaux talents et de faire un lifting à la scène musicale algérienne». En outre, le Centre culturel français devrait songer à relancer la même action pour satisfaire la demande du public un tantinet exigeant. «Le CCF devrait former des artistes et les faire jouer plus souvent ; ainsi la musique se porterait mieux», nous déclare un jeune amateur de jazz. W. S.