Le code communal approuvé en Conseil des ministres va être finalement présenté à l'Assemblée populaire nationale qui, de toute évidence, n'a que très peu de pouvoirs pour infléchir le texte dans un sens ou dans un autre. Mais, dans tous les cas, le code qui sera voté sans surprise par le Parlement sera un indicateur des plus fiables pour mesurer l'orientation donnée par l'Exécutif à l'avenir du pluralisme et à la profondeur démocratique en Algérie. La commune, dès son origine dans les démocraties et ensuite dès sa naissance en Algérie, est effectivement la première cellule et la première école de l'apprentissage par et pour les citoyens de la démocratie et de la gestion de leurs propres affaires au quotidien.Dans son préambule, que connaissent sûrement les parlementaires, la Constitution algérienne proclame que «ayant toujours milité pour la liberté et la démocratie, le peuple entend, par cette Constitution, se doter d'institutions fondées sur la participation des citoyens à la gestion des affaires publiques et qui réalisent la justice sociale, l'égalité et la liberté de chacun et de tous.» Si le préambule de la Constitution a un sens et n'est pas une simple clause de style pour habiller la loi des lois, les institutions sont faites pour la participation des citoyens. Si l'Algérie n'est ni la Suède ni l'Angleterre, le préambule et l'essentiel de sa Constitution dans ses principes démocratiques ne détoneraient ni à Stockholm, Paris, ni à Oslo. La commune donc, pour être conforme au préambule, aux articles 14, 16 de la Constitution, doit avoir et assumer sur son territoire des devoirs nettement décrits et des responsabilités tout aussi clairement définies. Le fait d'annoncer, bien avant le vote à l'APN, que le wali peut congédier un maire élu comme un simple petit fonctionnaire indélicat pose des problèmes. Le renvoi d'un élu est une gifle pour les électeurs censés être la source d'une légitimité que n'a pas le wali, et en même temps fait l'impasse sur la décision de justice qui tranche après une procédure : plainte, enquête, témoins, preuves, etc. Le b.a.-ba d'un Etat de droit.Sous la coupe d'une administration, largement décriée par les citoyens, des partenaires étrangers, et souvent interpellée par le président de la République, que vaudront la commune et le maire ? En 2010, l'Algérie peut prétendre à ce que les élus (APC) aient des pouvoirs, le renom, le respect et l'envergure dans les grandes villes comme ceux de Madrid, New York, Londres, Rome, Sidney, Paris, Tokyo ou Montréal. A moins que le modèle qui sera voté par le Parlement soit celui exercé avec fracas par le président russe qui a limogé le maire de Moscou. Dans la situation actuelle du pays caractérisée par des hésitations sur la stratégie industrielle et économique, un terrorisme qui tue régulièrement, une islamisation porteuse de tous les dangers, des scandales financiers énormes et à répétition, quelle place pour Monsieur le maire ? La réponse, n'importe laquelle, ne peut occulter le plan engagé par M. Bouteflika qui porte sur des sommes colossales. Et c'est à la base, dans les communes, que cet argent va être investi. Mais comme la rigueur, l'honnêteté, la qualité du travail ne sont génétiquement liées ni au ministre, ni au wali, ni au maire, il appartient aux nombreuses structures (police, gendarmerie, DRS, IGF, Cour des comptes...) et à la justice de veiller au grain. Mais pour l'ancrage démocratique, le futur code communal peut présager un avenir bon ou mauvais pour le pays. Est-il venu le temps de Monsieur le maire, élu par le peuple qui ne peut être renvoyé par quelqu'un de désigné sans procédure judiciaire ? A. B.