Photo : S. Zoheir Par Karima Mokrani Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbes, rassure sur la disponibilité des médicaments en quantités suffisantes, en Algérie, infirmant maintes fois les déclarations de certains responsables et personnels du secteur sur les manques à répétition. Le représentant du gouvernement n'en démord pas, rappelant sans cesse que l'Algérie dispose de moyens financiers assez importants pour répondre à tous les besoins en la matière. «Nous n'avons pas de problème d'argent… Il n'y a pas de pénurie», aime-t-il répéter chaque fois qu'il est interpellé sur la question. L'Etat en achète régulièrement, selon les prévisions. Si toutefois, des manques sont signalés çà et là, c'est parce qu'il y a des problèmes dans la distribution, soutient-il. Ces problèmes sont créés par les importateurs eux-mêmes qui continuent d'exercer un certain monopole sur le marché. C'est à ce niveau qu'il faut réagir pour prévenir de nouvelles ruptures de stock. Le drame, c'est que ça pénalise lourdement les malades, particulièrement les cancéreux dont certains décèdent, dans des conditions pénibles, faute justement de certaines drogues nécessaires au traitement par la chimiothérapie, ainsi que d'antidouleurs. Le problème est donc assez sérieux, sa résolution doit être immédiate. C'est dans ce sens que le ministère a décidé récemment, après son audition par le président Bouteflika, d'accorder l'exclusivité de l'acquisition des médicaments à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). C'est elle qui assurera l'approvisionnement de tous les autres établissements de santé en médicaments demandés. La PCH deviendra alors son seul vis-à-vis en la matière, tenue pour responsable de la gestion des stocks des médicaments. Bonne ou mauvaise gestion, c'est elle qui en assumera les conséquences. Selon les dernières informations du département de Ould Abbes, ainsi que de la PCH, cela sera effectif une fois la révision du code des marchés publics finalisée. Cette révision doit avoir lieu avant la fin de l'année en cours. Jusque-là, les établissements publics sont libres de choisir leurs fournisseurs. Selon Ould Abbes, ce marché représente 49 milliards de dinars annuellement. Aussi, souligne le ministre, c'est le président Bouteflika qui a donné l'instruction de «faire de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), un instrument de sécurisation et de régulation de l'approvisionnement des structures publiques de santé en produits pharmaceutiques». Autre décision prise par le département de la santé, promouvoir la production locale par des facilités et des encouragements en faveur des unités algériennes de production pharmaceutique. Une façon de réduire au maximum l'importation et d'atteindre une autosuffisance en médicaments à hauteur de 70%. C'est d'ailleurs l'un des objectifs premiers du premier responsable du secteur à l'horizon 2014. Le cas de Saidal est cité en premier. Ainsi, lors d'une visite de travail effectuée récemment à Constantine, le ministre Ould Abbes a clairement dit qu'il est prêt à arrêter l'importation de l'insuline, pour ne citer que ce produit, et à offrir tous les marchés à Saidal, à condition que cette entreprise assure une couverture totale du marché. Le problème se situe là justement. Premièrement, l'arrêt de l'importation des médicaments n'est pas chose facile, c'est même difficile en raison de la puissance des lobbies qui, chaque fois qu'il y a une décision allant dans ce sens, agissent et réagissent de manière à stopper toutes les initiatives.Deuxièmement, les entreprises de production de produits pharmaceutiques algériennes ont encore un long chemin à parcourir pour arriver au niveau de production souhaité. Sans compter les problèmes administratifs, juridiques, financiers… sur lesquels elles butent dans leur marche vers le développement.