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Octobre de la résistance, de la liberté et de la dignité
Une conspiration du silence vise à en étouffer la mémoire
Publié dans La Tribune le 05 - 10 - 2010

Vingt-deux ans déjà. Les natifs d'octobre 1988 sont aujourd'hui jeunes et ont la tête pleine de souvenirs et d'événements de tous genres mais n'ont aucune idée sur le 5 Octobre. Les jeunes artisans et témoins des événements qui ont bouleversé l'Algérie, sont aujourd'hui des adultes qui ont d'autres préoccupations sociales. La mémoire d'Octobre s'effiloche et s'use au risque de s'éteindre, tant elle dérange non seulement ceux qui responsables des raisons de cette explosion sociale historique, mais aussi ceux qui ne veulent pas admettre que la jeunesse des années 80, tout autant que celle des années 50, était capable de changer l'Histoire. Le tempérament de la jeunesse algérienne est pétri dans une même glaise et sculpté par la même identité, celle-là même qui a animé les donatistes, les résistants aux invasions romaine et arabe, au diktat turc et à l'occupation française. Lorsque l'ancien président de la République, Chadli Bendjedid, impute, dans une interview publiée dans un journal japonais et cité par Liberté, les événements d'Octobre 1988 au FLN, il exprime en fait deux idées fondamentales : d'une part, la population ne s'était jamais soulevée contre son mode de gouvernance et sa politique économique et sociale qui ont creusé le lit de l'islam politique, matrice de l'intégrisme religieux, et d'autre part, la jeunesse algérienne est incapable de bouger et de protester sans être manipulée et instrumentalisée. Cette même idée est avancée par Chadli Bendjedid lorsqu'il aborde le printemps amazigh et les événements de 1980. Pour lui, c'est la France qui était derrière le mouvement étudiant et social ayant posé la problématique des libertés politiques, syndicales et la question identitaire et linguistique. Cette approche basée sur le complot intérieur ou extérieur n'est pas propre à Chadli Bendjedid. Elle est partagée par un grand nombre d'anciens responsables qui n'arrivent pas à admettre que le peuple puisse remettre en cause leur gestion des affaires publiques, leur légitimité, le monopole du pouvoir et la tutelle qui s'exerce sur une société considérée comme mineure ad aeternam.
M. Bendjedid, qui se présente comme un démocrate et un libéral, n'hésite pas à fouler aux pieds les principes élémentaires de la praxis démocratique quand il décrète que l'Algérie est arabo-musulmane sans consulter le peuple à ce sujet et lui reconnaître le droit de décider. A propos de la question identitaire et linguistique, Chadli a réduit l'amazighité de l'Algérie à quelques tribus. On aurait aimé que l'anthropologue Bendjedid éclaire l'opinion nationale sur ces «quelques tribus» qui ont fini par imposer la reconnaissance de tamazight comme langue nationale. Au-delà du débat nécessaire sur l'usage de tamazight et son développement, nul n'a le droit de dénier l'identité à une partie du peuple, quelle que soit son importance numérique. Car tout peut se négocier, sauf l'identité d'un humain et d'un groupe d'humains.Alors que, s'agissant des résultats des élections de décembre 1991, il reconnaît au FIS le droit d'exercer le pouvoir, car c'était le choix du peuple. La démocratie n'est pas une humeur de circonstance ni une position qu'on adopte et qu'on abandonne en fonction des situations. Si Bendjedid a raison sur le principe de l'opposition à l'arrêt du processus électoral, l'histoire le jugera pour n'avoir pas assumé pleinement ses responsabilités et avoir préféré fuir le terrain de la bataille politique en démissionnant comme si la suite des événements ne le concernait pas. Par ses choix, Bendjedid a prêté le flanc aux putschistes qui ont invoqué la vacance de l'institution présidentielle pour remettre en cause toute la constitution de 1989, générée justement par
l'esprit d'Octobre et ses sacrifices. C'est sous le règne de Chadli Bendjedid, qu'Octobre 1988 a ensanglanté l'Algérie comme prélude à une tragédie nationale qui a failli saper les fondements de la nation et de l'Etat. Les émeutes sanglantes d'Octobre 1988 étaient prévisibles et ce sont les manipulateurs qui ont pris le train en marche. Au lendemain de la mort de Boumediene, et au-delà de la lutte qui opposait les différents clans du sérail pour la succession, l'Algérie était en crise politique, économique et sociale. Les limites des options dirigistes commençaient à produire des effets qui remettaient en cause une paix sociale précaire imposée par le dispositif répressif d'un régime monolithique et à parti unique et à pensée unique.Mais cette unicité de façade a volé en éclats après le décès de l'homme fort dont la disparition a ouvert la voie à toutes les dérives et à tous les appétits. Avril 1980 a été l'accueil réservé à Chadli Bendjedid et qui a été étouffé dans le sang. Mais le printemps a fleuri et la contestation a pris de l'ampleur avant de s'essouffler en 1981 non sans semer ses graines de liberté et d'aspiration démocratique à travers le pays. Le souffle du printemps amazigh a été étouffé en partie, grâce notamment au concours des islamistes utilisés par le système pour affaiblir la gauche algérienne. C'est dans ce contexte que l'assassinat d'Amzel Kamel a été programmé pour justifier la répression des activistes du MCB.Les années quatre-vingt ont été jalonnées de protestas sociales et politiques marquées par les événements de Constantine en 1986 et ceux de Bordj Bou Arreridj en 1987 avant de culminer la veille du 5 octobre 1988. Entre 1984 et 1985, un foisonnement politique sans précédent autour des droits de l'homme a donné naissance à la première ligue des droits de l'homme autonome. Ses initiateurs ont été arrêtés et assignés à résidence ou emprisonnés. Dans la même période, les islamistes ont pris du poids et ont commencé à menacer publiquement le régime. La tendance de Bouiali a d'ailleurs pris les armes et le maquis. La société a donc réussi à se soustraire à la chape de plomb qui la muselait pour exprimer son ras-le-bol d'un système sclérosé et dictatorial. Le bouillonnement social prenait de l'ampleur dans des secteurs sociaux de plus en plus importants et névralgiques jusqu'à ce la contestation touche le monde du travail. Le discours de Chadli, du 19 septembre 1988, a mis le feu aux poudres et a provoqué la colère de la zone industrielle de Rouiba. La grève y a été déclenchée le 24 septembre et s'est propagée comme une traînée de poudre dans tout Alger avant de toucher toutes les wilayas. C'est en réaction à la répression de la protestation ouvrière que les jeunes de Bab El Oued ont donné le ton et la mesure d'une émeute qui allait soulever toute l'Algérie contre le pouvoir. C'est cela Octobre, et ses victimes sont celles de la résistance, de la liberté et de la dignité.
A. G.


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