De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Le syndicat d'entreprise ArcelorMittal du complexe sidérurgique d'El Hadjar ne peut plus maîtriser ses troupes et la situation à l'intérieur de l'usine s'est dégradée, hier, à tel point que les travailleurs s'en sont pris aux partisans du président du CP en leur donnant la chasse à travers toutes les unités et ateliers. Hier vers 10 heures du matin, un attroupement de quelque 500 ouvriers s'est formé devant la direction générale du complexe pour exiger de l'employeur le retour de leur syndicat, la réouverture du siège abritant les représentants des travailleurs, la reprise des négociations et des mesures de sécurité strictes à même d'assurer la bonne marche des différents services, ateliers et unités. Ce rassemblement de protestation a paralysé une grande partie de l'usine ; d'autres travailleurs dépendant de la sous-traitance se sont joints au mouvement pour prêter main-forte à leurs collègues. La situation a dégénéré lorsque des membres du CP, accompagnés d'autres travailleurs, se sont approchés du rassemblement. Pris à partie par les protestataires, ces derniers ont dû fuir pour échapper au courroux de centaines d'ouvriers en cambouis. Les travailleurs des laminoirs à chaud et froid (LFR et LAC) se sont, à leur tour, rassemblés pour exprimer les mêmes revendications devant leur direction, tout en scandant des slogans favorables au syndicat et à son secrétaire général. «Personne ne travaillera dans les laminoirs tant que cette situation ne sera pas réglée une fois pour toutes. Nous avons suffisamment attendu et nous espérions un règlement à l'amiable entre le CP et le syndicat, mais les membres du comité de participation continuent à faire la sourde oreille et maintiennent leur position. Nous en avons marre ! Nous avons donc décidé de reprendre en main la situation et de rouvrir le siège du syndicat en vue de reprendre les négociations avec l'employeur», nous déclare un ouvrier. Près de 200 travailleurs sont montés hier au sommet du haut fourneau pour exprimer leur colère et exiger que leurs revendications soient satisfaites au plus vite. Devant les deux directions, un ultimatum adressé au directeur général, M. Vincent Legouic, a été lu ; celui-ci annonce que, si d'ici le 10 octobre en cours les revendications des travailleurs n'étaient pas satisfaites, une grève générale et illimitée paralyserait le complexe. La tension était hier à son comble et, apparemment, la situation va dégénérer encore plus au vu de la détermination des travailleurs à réhabiliter leurs représentants qui doivent, selon eux, et quelles que soient les circonstances, rejoindre le siège du syndicat. Contacté par nos soins, le secrétaire général du syndicat ArcelorMittal, Smaïn Kouadria, déclare que ce sont les travailleurs qui ont pris en main la situation et leur destin. «Pour ma part, nous confie-t-il, j'ai respecté toutes les voies légales et j'ai même proposé de nouvelles élections pour trancher la question et en finir avec ce conflit qui, normalement, ne devrait pas être. Les louvoiements, les attentes, le pourrissement de la situation ont fait que les travailleurs réagissent. Moi, je reste à leur service et je défendrai jusqu'au bout leurs intérêts envers et contre tout.»