Environ 1 500 tracteurs agricoles, produits par le Complexe moteurs tracteurs (CMT) de Oued Hamimime (près de Constantine) n'ont pu être vendus. La situation est loin d'être rassurante, mais les gestionnaires du complexe la qualifient de conjoncturelle. Du côté de la section syndicale, le ton est différent. «Le climat est tendu au sein de l'entreprise», estime son secrétaire général. La direction générale de l'entreprise indique que «le stock d'engins agricoles invendus a provoqué, en effet, l'arrêt de la chaîne de production depuis le mois de juillet 2007, occasionnant au passage, selon les chiffres fournis par la direction générale, un manque à gagner de l'ordre de 2 milliards de dinars, coût des tracteurs stockés». Le président-directeur général par intérim explique que «le problème de mévente auquel l'entreprise est confrontée est la conséquence de la non-application des mesures arrêtées au cours d'un conseil interministériel, tenu en août 2006 sous la présidence du chef du gouvernement, pour soutenir l'agriculture et aider à l'écoulement des matériels agricoles de fabrication locale. Au cours de ce conseil interministériel, il avait été notamment décidé la mise en place d'une bonification des matériels agricoles [entre 25 et 35% pour les tracteurs] au moyen d'une participation de l'Etat, l'octroi de crédits par le système du leasing [crédit-bail] via la Salem [Société algérienne de leasing mobilier] avec un taux de 2% sur 5 ans et une assurance à taux réduit des matériels». Le P-DG du CMT ajoute que «le chef du gouvernement avait également instruit la Salem à payer 600 millions de dinars aux entreprises publiques de production de matériels agricoles» et le ministère de l'Agriculture et du Développement rural «à créditer la Salem d'une enveloppe de 600 millions de dinars à partir du FNRDA [Fonds national de régulation et du développement de l'agriculture]». Il convient de rappeler que les responsables de l'entreprise avaient décidé d'augmenter le nombre de tracteurs fabriqués suite à la demande formulée par le ministre de l'Agriculture. Ce dernier a commandé, en effet, 2 500 tracteurs. Le complexe a accéléré la cadence de fabrication, produisant 1 256 tracteurs qui se sont ajoutés au stock existant. Le dispositif mis en place au cours du conseil interministériel n'a pas été suivi d'exécution. «La situation se caractérise par un blocage : les agriculteurs hésitant à acheter le produit et préférant temporiser en vue de bénéficier des avantages de la bonification et du crédit», conclut le P-DG. M. Slougui, membre du comité de participation de l'EPE/CMT, défend, pour sa part, la qualité du produit. «Fabriqués sous licence allemande, les moteurs que nous produisons, connus, tout comme nos tracteurs, pour leur fiabilité et leur robustesse, sont aujourd'hui devenus prétendument obsolètes et polluants, car refroidis par air, alors qu'ils continuent à être importés à l'identique», a-t-il déclaré. A. Y.