Longtemps lesté par l'absence de stratégie, un personnel pléthorique et des dettes structurelles, le Complexe moteurs tracteurs (CMT) de Hamimime, à Constantine, semble aujourd'hui en meilleure santé et voit l'avenir avec davantage d'optimisme et une dose nécessaire de modération. La restructuration amorcée depuis 1997 commence à porter les fruits d'un assainissement accomplit dans la douleur suite à la compression de plus de 2000 travailleurs, parmi eux des cadres dont la perte s'est avérée inestimable. Avec ses 31 ans d'âge, le complexe garde le monopole de la fabrication des tracteurs et de moteurs destinés à l'agriculture et à différentes entreprises de mécaniques à l'image de la SNVI ou de l'ENMTP. L'usine géante a fait de la résistance durant les deux décennies écoulées et relève aujourd'hui le défi pour maintenir intacte sa part du marché algérien. Ceci dit et à l'approche de l'ouverture totale de l'économie nationale, beaucoup de problèmes liés à la gestion politique et à l'interventionnisme de l'Etat persistent encore et plombent les ailes de CMT. Le contrat signé avec l'Irak, sous embargo, a permis à l'entreprise une bonne bouffée d'oxygène en livrant 5000 tracteurs. Dès l'accomplissement de ce marché conjoncturel, les ventes de l'entreprise sont revenues à la moyenne de 2000 tracteurs/an, qui est loin des capacités de l'entreprise, capable d'atteindre les 6000 unités. A ce rythme, le chiffre d'affaires de CMT demeure en deçà des objectifs et risque encore de s'affaiblir face à la concurrence qui se profile déjà à l'horizon. Equipant ses propres tracteurs, CMT fournit aussi des moteurs aux produits de la SNVI et certains engins de l'ENMTP ainsi que des moteurs de pompes hydrauliques et de groupes électrogènes destinés à l'irrigation. Ces moteurs fabriqués sous la licence de l'allemand Deutz sont refroidis à l'air et sont par conséquent considérés aujourd'hui comme caduques dans la quasi majorité des pays du monde où le moteur refroidi à l'eau domine. En outre, cette licence concerne uniquement la série 912 qui n'a pas évolué depuis le lancement de la production en 1974, alors que le constructeur allemand a lancé la série 914. Sur le plan écologique, notre moteur est hors normes à cause des émissions de gaz. Il n'est pas aussi puissant que les nouveaux produits construits ailleurs et en plus il n'est pas construit en grande quantité à l'image des grande usines qui fournissent 200 000 moteurs/an. Faute de gros investissements nécessaires pour la modernisation des produits de l'usine, la direction de CMT compte sur le partenariat étranger et l'ouverture de son capital, considérée comme la solution sine qua non pour l'introduction des nouvelles technologies et par là même éviter la disparition. Dépendance de l'agriculture L'agriculture française consomme quelque 30 000 tracteurs/an. Ce chiffre est malheureusement divisé par dix chez nous alors que la surface plantée est plus importante. La sous-exploitation agricole en Algérie influe directement sur la demande et donc sur la production de tracteurs. En plus de cela, il se trouve des lobbies qui tentent de priver le CMT du marché algérien en jetant le discrédit sur ses produits et en poussant à l'importation de tracteurs, par leurs propres filières, bien entendu. La campagne malsaine orchestrée autour notamment du tracteur CX est composée d'un tissu de mensonges destiné à tuer le produit. Face à cette offensive, CMT n'a pas réagi comme il se doit en étant encore une fois victime de son talent d'Achille qui est l'absence de communication. Ce ne sont pas pourtant les efforts qui font défaut au sein du complexe. Une véritable stratégie de mise à niveau est engagée à travers la modernisation de l'outillage et le recyclage du personnel. Une grande offensive est aussi engagée afin de conquérir des marchés étrangers qui connaissent des tracteurs similaires, à l'image des voisins maghrébins, quelques pays africains comme le Mozambique et le Zimbabwe et tout récemment la Croatie et la Serbie. Ce sont autant de rayons de soleil qui éloignent le spectre de la crise et imposent l'adoption d'une mentalité agressive qui sache se comporter avec la réalité du marché.