Le complexe moteurs-tracteurs (CMT) de Oued Hamimime (Constantine), fleuron de l'agromachinisme algérien fait face à des difficultés financières sans précédent. En effet, et selon le P-DG de l'entreprise, Mohamed Kamel Djamaâ, la mévente des produits du complexe, à savoir plus de 700 tracteurs et d'un vieux stock de 300 moteurs de trois cylindres destinés à être exploités dans le secteur de l'hydraulique, a provoqué un manque à gagner estimé à plus d'un milliard de dinars. Le même responsable estime que la situation "se dégrade au fil des jours" et remet en cause toutes les prévisions établies, laissant le conseil d'administration de l'entreprise envisager ''la mise en oeuvre de mesures à même d'atténuer le déficit prévu et permettre à l'entreprise de faire face à ses engagements, dont principalement le paiement des salaires des travailleurs'' au nombre de 1 045, avant d'indiquer que la trésorerie de l'entreprise risque d'être totalement bloquée dès le mois courant. Aussi, et afin d'éviter le spectre de la fermeture pure et simple du CMT et ses lourdes conséquences, M. Djamaâ a souligné l'urgence de la mise en œuvre des suggestions et des mesures de sauvegarde envisagées par le conseil d'administration qu'il préside. Le "volet social" proposé par le conseil dans sa réunion du 21 juillet dernier, soumis à l'approbation du partenaire social, prévoit notamment le recours au temps partiel de travail, a indiqué le P-DG, précisant que la mesure envisagée suggère la réduction du temps de travail de moitié, "ce qui implique la réduction à hauteur de 50% des salaires". Cette mesure qui attend toujours l'aval des représentants des travailleurs qui ont exigé "un complément d'informations", touche tout le personnel sans exception aucune, c'est-à-dire du premier responsable au simple travailleur. A ce propos, le P-DG du CMT a expliqué que "le recours au temps partiel permettra de diminuer les frais du personnel de 85 millions de dinars pour les quatre derniers mois de l'exercice en cours, ce qui réduira le découvert bancaire à 14 millions de dinars au lieu de 100 millions actuellement". En outre, cette perspective " forcée" qui constitue la solution la moins drastique et la moins extrême, serait "à même d'éviter la fermeture du complexe et ses conséquences qui pénaliseront lourdement l'entreprise au point de vue technique, en plus des perturbations commerciales, et qui menaceront même son avenir", a souligné M. Djamaâ. Un point de situation sera établi à la fin de l'année 2008 "pour évaluer la situation qui résultera de l'application de cette mesure, et prendre les décisions qui s'imposeront alors", a ajouté M. Djamaâ qui ne cache cependant pas son optimisme quant au sauvetage du CMT, surtout si l'Etat mettait en application les mesures arrêtées au cours d'un Conseil interministériel, tenu en août 2006 sous la présidence du chef du gouvernement pour soutenir l'agriculture et aider à l'écoulement des matériels agricoles de fabrication locale. Au cours de ce Conseil interministériel, il avait été notamment décidé la mise en place d'une bonification des matériels agricoles (entre 25 et 35 % pour les tracteurs) au moyen d'une participation de l'Etat, l'octroi de crédit par le système du leasing (crédit-bail) via la Salem (Société algérienne de leasing mobilier) avec un taux de 2% sur 5 ans et une assurance à taux réduit des matériels. Implanté sur une surface de 66 hectares, le CMT est une entreprise qui intègre toutes les activités de production et de soutien sur un seul site. Cette production s'articule autour de 4 centres de profit industriels soutenus par un atelier de fabrication et de réparation d'outillage et la maintenance des équipements. L'expérience du CMT remonte à 1974, date de sortie de ses premiers tracteurs et moteurs. Quant au complexe lui-même, il a été réalisé en 1972 par le constructeur allemand DIAG selon une formule "produit en main" pour la fabrication de tracteurs agricoles et moteurs diesel pour différents usages. Le CMT est passé au stade d'EPE-SPA le 8 juin 1997, et est implanté à Oued Hamimime, à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya et à moins d'une dizaine de kilomètres de la commune d'El Khroub. Ses activités essentielles consistent bien entendu en la fabrication de tracteurs agricoles de 45 à 140 CV à deux ou quatre roues motrices sous licence du constructeur allemand DEUTZ, ainsi que la fabrication de moteurs diesel à refroidissement par air de 40 à 120 CV destinés à l'agriculture et à différentes entreprises de mécanique algériennes.