De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Depuis quelques années, Oran vit dans un chaos urbain indescriptible. La situation s'est empirée au cours de ces quatre dernières années, à cause de dysfonctionnements graves au sein de l'administration locale. La circulation s'est enlisée dans une situation insoutenable depuis plus de deux années déjà. Les citoyens ne reconnaissent plus leur ville, morcelée en plusieurs parties impénétrables, et les dommages se comptent en plusieurs milliards de dinars, tant pour les ménages que pour les commerces de la wilaya. En effet, en plus des défauts du bitumage et de la pose des tapis qui accuse d'innombrables imperfections et autres manquements graves, le réseau routier de la ville n'est plus onctionnel à 100%. Un budget colossal pour les travaux publics L'Etat a pourtant consenti un budget colossal, au titre des deux plans quinquennaux, pour le développement des infrastructures de base, les équipements publics et autres programmes sociaux. Au titre du plan quinquennal (2005-2009), le secteur des travaux publics a consommé plus de 20 milliards de dinars. Des tranches d'urgence ont été également allouées aux communes pour la réalisation de la trémie menant à la corniche oranaise, la réhabilitation du réseau routier urbain, l'aménagement des artères des villes constituant le Grand Oran, notamment la ville d'Oran, Bir El Djir, Es Senia. Des infrastructures routières ont été également réalisées dans le but de fluidifier la circulation en ville, dont la rocade sud d'Oran. A noter également des opérations de modernisation de routes secondaires et de chemins de wilaya pour désenclaver certaines zones reculées, la réalisation de nouvelles routes et bretelles autoroutières, comme la voie express de 40 kilomètres reliant le port d'Arzew à l'autoroute Est-Ouest (20 milliards de dinars), le projet du viaduc d'Oran reliant le port à l'autoroute également, etc. Dans la ville d'Oran, beaucoup de réalisations ont été effectuées pour désengorger le tissu urbain, notamment deux trémies simples, une autre à double étage, ainsi qu'un ouvrage d'art au nouveau du port. Il y a eu aussi la réalisation de la route de Raz El Aïn, dotée d'une enveloppe de 150 millions de dinars, qui a rencontré des problèmes à cause de tensions sociales que l'ancien exécutif n'a pas su résoudre, la modernisation de plusieurs routes importantes, comme le CW 20 de Madagh et celui de la corniche supérieure, et l'élargissement de la RN 2 reliant Oran à Aïn Témouchent. Mais la gestion locale ne semble pas cadrer avec les priorités des responsables centraux. Sectionnée en plusieurs parties non communicantes, la ville offre le décor d'un grand village en construction. La circulation piétonne et automobile y est devenue problématique et source de problèmes. Les travaux du tramway, à l'origine de désagréments graves et catastrophiques, s'étendent à travers le tissu urbain de la ville. L'exemple du quartier El Makkari (ex-Saint Eugène), Mdina Jdida et le village d'Es Senia reste significatif de l'ampleur du désastre urbain. Un tramway nommé problème Les commerçants des quartiers susmentionnés ont été totalement lésés dans leurs activités. Du coup, la société devant réaliser le tramway a décidé de dédommager les commerçants ayant subi des pertes sèches à la suite de ces travaux, faut-il le spécifier, désordonnés. 1 400 commerçants devront être indemnisés, selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Dans le quartier de Saint Eugène, la situation est très complexe. Il est vrai que les avantages que la population va tirer de la réalisation de ce projet grandiose sont immenses. Seulement, selon les spécialistes, l'erreur a été commise dans le choix du tracé. «On ne peut choisir des couloirs aussi exigus et présentant des dangers potentiels, comme les risques d'effondrement du vieux bâti, accentués par les vibrations et les mouvements des wagons du tram», note-t-on encore. Du coup, il faut gérer des risques supplémentaires que les gestionnaires de ce projet auraient pu éviter. Les ménages semblent s'inquiéter devant cette situation de chaos général. Tout le quartier a été bouclé. L'artère principale a été complètement coupée à la circulation et les commerces ont baissé rideau. En l'espace de quelques mois seulement, le prix de l'immobilier a chuté vertigineusement. Les ménages préfèrent quitter ce décor lugubre au plus vite.