Photo : Zoheïr De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Y a-t-il un responsable dans la wilaya d'Oran ? C'est la question récurrente que se posent de plus en plus de citoyens et de touristes présents, actuellement, dans la capitale de l'Ouest, en prenant connaissance de l'état des lieux de la wilaya. Bien entendu, les responsables locaux ont un bon prétexte pour expliquer le laxisme et le laisser-aller ambiants. Les travaux du tramway deviennent, ainsi, une belle aubaine aux mains de ces responsables pour expliquer l'anarchie qui prévaut dans la wilaya. Pourtant, de tels travaux auraient pu être bien gérés et maîtrisés, si la wilaya disposait de compétences et de profils adéquats en matière de management et de gestion urbaine. En 2004, la municipalité de Marseille avait entrepris des travaux de réalisation d'une nouvelle voie de métro sous la célèbre et majestueuse gare ferroviaire Saint-Michel. Surplombant la Cannebière, avec son perron de mille marches, la gare et ses usagers n'avaient pas souffert le martyre à la suite de ces travaux. A peine si un écriteau et quelques cordons de sécurité séparant une petite partie du perron de la gare, annonçaient que des travaux sont en cours juste en dessous. Le reste de la ville était nickel pour reprendre les mots usités par les jeunes Français. Aucune trace de poussière, aucune trace des engins, ni des personnels assurant l'opération n'était visible. A Toulouse également, quand le conseil général de la Haute Garonne avait décidé d'entamer le programme «Amélioration urbaine», les immeubles étaient démolis dans une absolue propreté et sécurité pour les riverains. A peine si les délimitations de sécurité dépassaient tout juste les trottoirs des immeubles en question. Pourtant, il faut relever la hauteur de ces bâtisses et les difficultés liées à leur démolition. A Oran, la situation est tout autre. Dans le quartier de Gambetta anciennement résidentiel, un particulier s'est accaparé la place parallèle à Fontanelle sans que personne ne trouve à redire. Les exemples comme celui-là ne manquent pas à Oran et ils sont même devenus une règle générale. En fait, ce sont les barons et les tenants des affaires qui font la loi dans la rue au sein des jeunes, dans la circulation au sein des automobilistes, dans les quartiers au sein des populations, dans le commerce au sein des grossistes, etc… et la liste reste longue. Il y a quelque temps, les douaniers espagnols étonnés par les fortes sommes en devises déclarées par des Algériens, qui transitaient par leurs ports et aéroports, ont fini par éclabousser tout un réseau. Plusieurs personnes sont encore recherchées dans le cadre de cette affaire, alors que 42 personnes sont inculpées par l'administration douanière pour fraude et se sont vus retirer leurs passeports. Deux commissaires sont également relevés de leurs fonctions, celui du port et celui de l'aéroport. Selon des sources proches du dossier, ce sont plus de 900 millions d'euros qui se sont envolés vers les banques d'Europe et autres cadres d'investissements via ce réseau de 2006 à 2008. Il n'y a pas que ça. La mafia du foncier applique une main de fer sur le territoire. Le manque de transparence dans la gestion du secteur reste chronique et ne permet pas un contrôle exhaustif de la réserve. Des personnalités, dont des hommes d'affaires, des chanteurs d'andalou, des hommes politiques et autres ont bénéficié de grandes surfaces foncières à l'est d'Oran pour y édifier des projets dans le cadre de l'investissement culturel, industriel et autre. Mais que font les responsables locaux et leurs services pendant ce temps ? Certains directeurs de l'exécutif se sont même érigés en véritables patrons sur la scène locale. L'un d'entre eux a même été attaqué en justice pour avoir brandi son arme sur un citoyen qu'il voulait délester de son bien. Personne n'a trouvé à redire parce que le responsable en question contrôle une réserve extraordinaire. Tous les procès qu'il a intentés ou qu'on a intenté contre lui ont été tranchés en sa faveur. Il n'y a qu'à vérifier. Voilà à quoi passent leur temps nos responsables locaux. Même les programmes officiels et les projets d'Etat ne sont pas pris en charge convenablement. Certains projets ont été presque abandonnés à leur triste sort, comme le palais des congrès. Mais que gère-t-on à Oran ? La cadence de travail qui avait suivi les préparatifs du GNL16 s'est estompée comme par magie, juste après la fin des travaux de ce conclave mondial que la ville d'Oran avait eu l'honneur d'organiser en avril 2010. En plus de la saleté que les ordures ménagères imprègnent à la ville, les travaux du tramway ont fini par clochardiser El Bahia et la transformer en un vulgaire petit douar. Les rues sont devenues sales et invivables, couvertes de poussière blanchâtre et de détritus de tout genre. «Normal, ce sont les travaux du tramway», ressassent nos responsables qui semblent accorder davantage d'intérêt à d'autres aspects de la vie de la cité. Jamais Oran n'avait été aussi mal gérée qu'au cours de ces dernières années. Les citoyens pris en otage dans cette situation ne savent plus quoi faire, ni quoi dire et même s'ils ont le droit de le dire librement, sans contraintes, ni représailles. Les commerçants lourdement sanctionnés par les éternels chantiers du tram qui ont sectionné la ville et isolé ses quartiers, ont introduit plus de 200 recours auprès des instances du fisc et des impôts. L'affaire n'a pas encore abouti et ne risque pas de connaître d'issue favorable, assure-t-on du côté des commerçants. Que faire alors ?