Photo : S. Zoheïr De notre envoyé spécial à Mijek (territoires libérés de la RASD) Lyes Menacer C'est sous le signe de la poursuite du combat libérateur et de la consolidation de l'unité du peuple sahraoui, y compris dans les territoires occupés, que se sont déroulées hier à Mijek (sud-est) les festivités commémoratives du 35e anniversaire de la Proclamation de l'Union nationale sahraouie. Dans un discours au ton déterminé et lourd de sens, le Premier ministre de la République arabe sahraouie et démocratique (RASD), Abdelkader Taleb Omar, a réaffirmé l'engagement de son peuple à lutter pour recouvrer son indépendance totale et à chasser l'occupant marocain de l'ensemble du territoire sahraoui. M. Taleb Omar a dénoncé les pratiques machiavéliques du royaume chérifien visant à déstabiliser les forces vives sahraouies et à ternir l'image de la RASD aux yeux de la communauté internationale, en entravant tous les efforts visant à trouver une solution à ce conflit. «L'ennemi accentue son entêtement mais aussi en répandant son venin pour cacher ses échecs», a-t-il dénoncé, rappelant au passage que le peuple sahraoui a déjoué tous ces complots grâce à sa foi en la justesse de son combat pour l'indépendance. Il a cité en exemple l'insurrection pacifique des Sahraouis des territoires occupés, le sud du Maroc et dans les campus universitaires à l'intérieur même du Maroc, déclenchée le 21 mai 2005. Le responsable sahraoui a rappelé qu'un «saut qualitatif» a été opéré par le peuple de la RASD et lui a permis de faire entendre davantage sa voix à travers le monde. M. Taleb a souligné que la longue trêve, résultat de l'accord de cessez-le-feu de 1994, arrange Rabat qui bloque toutes les initiatives de paix dans la région du Sahel, œuvrant à lutter contre le terrorisme transnational d'Al Qaïda, la contrebande et l'immigration clandestine. Le Premier ministre de la RASD a expliqué que «depuis la trêve, l'ennemi continue à nous combattre sur plusieurs fronts, à savoir le front diplomatique, économique, médiatique et sécuritaire, dans le but d'exercer essentiellement une pression sur nous, en utilisant tout ce qu'il possède comme appareils afin d'intenter à la cohésion de notre front interne». Il a expliqué que le Sahara occidental participe activement à endiguer ces nouveaux phénomènes grâce à la mobilisation efficace des éléments de sa Gendarmerie nationale, sous la direction de l'Armée populaire sahraouie de libération et en étroite collaboration avec le voisin mauritanien. L'armée sahraouie couvre entièrement la localité de Mijek, distante de 90 km de la ville mauritanienne Zouirate, a insisté le Premier ministre, précisant que le Sahara occidental constitue un facteur de stabilité dans la région sahélo-saharienne. Autrement dit, l'instabilité régnant dans cette zone du Continent africain arrange amplement la politique de colonisation de Rabat qui a bâti toute son économie sur le bradage des richesses naturelles sahraouies. «Le conflit du Sahara occidental bloque le processus de coopération entre les pays du Maghreb arabe dans la lutte contre le crime transnational, à savoir le terrorisme, le trafic de drogue et l'émigration clandestine», a souligné M. Taleb Omar. «Cette situation ne menace pas uniquement la sécurité dans la région maghrébine mais, elle dépasse ce cadre, pour intenter à la sécurité et aux intérêts de l'Europe et du monde», a-t-il déploré, estimant que cette situation «dicte» aux Nations unies et à l'ensemble des organisations internationales la nécessité d'aller dans le sens de «trouver une dynamique politique nouvelle pour pousser le processus de paix vers l'avant et éviter, ainsi, le pire». La communauté internationale, principalement l'Espagne (ancien colonisateur du Sahara occidental), la France (l'alliée du royaume chérifien) et l'Union européenne sont ainsi invitées à plus de fermeté dans le traitement de la question sahraouie. Le Premier ministre qui a représenté le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, en visite d'Etat au Nigeria, a affirmé que l'adoption de sanctions diplomatiques et économiques sont plus qu'une nécessité pour contraindre Rabat à accepter le principe d'autodétermination du peuple sahraoui et à cesser ses violations des droits de l'Homme dans les territoires occupés où se concentre la quasi-totalité des gisements miniers sahraouis. M. Taleb a toutefois regretté le fait que la question du conflit opposant son pays au Maroc ne soit pas définitivement tranchée, en dépit de tous les acquis enregistrés depuis le début de la lutte des Sahraouis, il y a trente-cinq ans. «Il est évident que nous constatons, aujourd'hui, les grands acquis réalisés mais sans que le conflit qui nous oppose à l'occupant marocain soit tranché définitivement», a affirmé M. Taleb qui n'a pas manqué de remercier l'Algérie pour son indéfectible soutien à la cause de ses concitoyens vivant dans leur majorité dans les camps de réfugiés installés près de la ville algérienne de Tindouf, sous la protection de la Minurso, la mission des Nations unies au Sahara occidental. L. M. Le parti mauritanien «Arrafah» s'oppose à la campagne de dénigrement de l'Algérie La campagne de dénigrement orchestrée par certains cercles politiques et médiatiques en Mauritanie contre l'Algérie a fait l'objet d'une virulente dénonciation de la part du parti de l'opposition mauritanienne (Arrafah) de l'ancien commandant Mohamed Ould Fall. Celui-ci a appelé dans un communiqué publié par le bimensuel mauritanien indépendant Albayan Assahavi, à cesser «l'escalade» médiatique de son pays contre l'Algérie. Dans ce communiqué repris par cette publication qui a été distribuée aux représentants de la presse présents à la cérémonie de commémoration des festivités maquant le 35ème anniversaire de la Déclaration de l'Union nationale du peuple sahraoui, organisées à Mijek (territoires sahraouis libérés), par son directeur de publication, M. Moulay Ibrahim Ben Moulay M'hamed, le parti «Arrafah» a réaffirmé que «l'Algérie est un allié stratégique de la Mauritanie à travers toutes les étapes». «L'histoire a prouvé que l'Algérie est l'alliée stratégique chaque fois que la Mauritanie éprouvait le besoin d'avoir un allié stratégique», a souligné ce parti en ajoutant que «l'Algérie était la première qui nous a soutenus matériellement et moralement, sur le plan financier, par ses professeurs et ses experts et elle n'était pas encore sortie de sa guerre de libération nationale». Le parti de Mohamed Ould Fall a invité les instigateurs de cette campagne médiatique à arrêter de «susciter les divisions entre frères» et de répandre les rumeurs «tendancieuses» qui ne sont pas dans l'intérêt de la région. L. M. La RASD dénonce les violations de Rabat Le Premier ministre de la RASD, Abdelkader Taleb Omar, a dénoncé les violations des droits de l'Homme dont sont victimes les populations sahraouies vivant dans les territoires occupés, dans certaines villes et prisons marocaines. Il a lancé à ce propos au roi Mohamed VI lui-même en l'invitant à laisser la communauté internationale et les Ligues internationale de la défense des droits de l'Homme enquêter au Maroc et dans les territoires occupés où toute présence étrangère est passible des pires réprimandes de la part des soldats de l'armée royale. Rencontré à l'occasion de la célébration du 35e anniversaire de la proclamation de l'Union nationale sahraouie, des militants de droits de l'Homme dans les territoires occupés ont dénoncé à leur tour les sévices auxquels sont soumis leurs concitoyens qui militent pour l'indépendance de leur pays. Mohamed Tahlili, un militant de l'Association sahraouie pour la défense des victimes des graves tortures et de la défense des droits de l'Homme à Boujdour (territoires occupés), a affirmé dénoncé les autorités de Rabat qui s'apprêtent à condamner le 15 octobre trois militants sahraouis qui ont été arrêtés l'an dernier alors qu'il se rendaient à Alger pour pouvoir assister plus tard au 34e anniversaire de la proclamation de l'Unité nationale dans les territoires occupés. Arrêtés en compagnie de quatre autres militants, ces trois Sahraouis croupissent dans les prisons du Makhzen et auraient subi toutes sortes de tortures de la part des forces de sécurité du roi. A noter que 40 autres militants sahraouis sont encore détenus et leur sort demeure inconnu.