A deux mois de la tenue à Paris du sommet qui lancera l'union pour la Méditerranée, la Commission européenne, chargée par le Conseil européen de présenter des propositions en vue de définir les modalités de cette nouvelle ambition, a dévoilé, mardi dernier, les contours du projet initié par le président français, Nicolas Sarkozy. Dans son projet, la Commission européenne limite davantage les ambitions de la France, puisque de nombreuses idées mises sur la table par M. Sarkozy ne figurent pas sur la liste des propositions. Au départ, l'initiative de M. Sarkozy avait limité la participation, côté européen, aux seuls pays riverains de la Méditerranée. Ce n'est qu'après le vent de contestation qui a soufflé dans plusieurs Etats membres de l'UE et les réserves qu'avait émises la chancelière allemande Angela Merkel, sur notamment le risque de division de l'Europe, que le président français a décidé de revoir sa copie. D'ailleurs, la Commission a proposé que le projet rassemble 44 pays riverains de la Méditerranée et de l'Adriatique : les 27 Etats membres de l'UE, plus les 13 membres et observateurs du «processus de Barcelone» lancé en 1995 par les Européens pour un partenariat avec les pays du sud de la Méditerranée. Concernant le mode de gestion du nouveau projet, la Commission a proposé la coprésidence qui devait être assurée par un Etat de chaque côté de la mer, pour deux ans. Bruxelles laisse le soin aux pays partenaires de désigner l'un des leurs, mais, pour la présidence côté européen, elle préconise le respect du traité de Lisbonne, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2009. Le traité préconise que le futur président du Conseil de l'UE et le président de la Commission assureront la présidence côté européen. Nicolas Sarkozy ne peut donc espérer cette fonction que jusqu'à la fin de l'année, en tant que président en exercice de l'UE au deuxième semestre 2008. Par ailleurs, face à l'attachement des Européens au processus de Barcelone, la France avait accepté, lors du sommet européen de mars, que ce projet se contente essentiellement de redynamiser un processus de Barcelone amorphe. Et que le projet soit rebaptisé «Processus de Barcelone : union pour la Méditerranée». Réagissant aux propositions de la Commission européenne, la présidence française, dans un communiqué rendu public mardi dernier, déclare approuver le diagnostic de la Commission. «Il s'agit à la fois de prendre appui sur les acquis de la coopération euro-méditerranéenne engagée depuis 1995, tout en lui insufflant une nouvelle dynamique pour en surmonter les lacunes et insuffisances», peut-on lire dans le communiqué. Aux yeux des autorités françaises, «ces objectifs passent par une impulsion politique renouvelée au plus haut niveau, une révision du mode de fonctionnement sur une base paritaire, le lancement de projets de coopération concrets à dimension régionale…». Sur les propositions de la Commission relatives à la gouvernance, les autorités françaises affirment qu'un examen approfondi de leur contenu doit avoir lieu. «Les propositions de la Commission seront discutées dans les jours et les semaines qui viennent, à la fois par les États membres dans le cadre des instances du Conseil et avec les partenaires méditerranéens», indique le communiqué. Le processus de préparation du sommet du 13 juillet, ajoute le communiqué, doit s'inspirer des principes de parité et d'égalité «qui sont au cœur de la démarche conduisant à une union pour la Méditerranée». Au sujet des projets, les autorités françaises, note le communiqué, se réjouissent des premières propositions présentées par la Commission, qui convergent très largement avec les suggestions dont elles lui avaient fait part et qui avaient fait l'objet de premiers échanges avec les partenaires du Sud. «L'objectif est de poursuivre les concertations engagées afin que plusieurs de ces projets puissent être effectivement lancés et ouverts à la participation de tous les États intéressés à l'occasion du sommet du 13 juillet», conclut le communiqué. C. B.