Photo : Riad Par Hasna Yacoub Dans un point de presse qu'elle a animé à la fin de sa visite de deux jours en Algérie, la ministre de la Justice et des Libertés de la République française, Mme Michèle Alliot-Marie, a déclaré que sa visite démontre les relations caractéristiques entre l'Algérie et la France qui ne «connaissent pas d'équivalent dans le monde». La ministre, qui a été reçue par le président Abdelaziz Bouteflika, pendant plus de deux heures, a abordé avec le chef de l'Etat de nombreuses questions, notamment les relations bilatérales, mais aussi les questions liées aux pays africains et à la Méditerranée. En réponse à la période de grisaille qui a caractérisé les relations algéro-françaises, la ministre de la Justice a tenu à préciser que les relations entre les deux pays sont très étroites, «il y a toujours une occasion de se réconcilier et de repartir sur d'autres bases plus solides», ajoutant que chez le président Bouteflika, «il y a une volonté de se tourner vers l'avenir. Car nous avons des défis à affronter en commun comme le terrorisme et la mondialisation. Nous avons donc intérêt à travailler ensemble».Cet intérêt d'unir les efforts entre Alger et Paris a également été développé par Mme Alliot-Marie lors de sa discussion avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. La lutte contre le terrorisme et le développement de la coopération économique ont été les principaux sujets abordés avec le Premier ministre, a précisé la ministre française, tout en précisant le souci «de la sécurisation sur le plan juridique des investisseurs». A la question de savoir quelle vision a la France de la coopération de lutte contre le terrorisme avec l'Algérie, notamment après le boycott de l'Algérie de la réunion du G8 à Bamako, Mme Alliot-Marie a affirmé que les deux pays ont «une très bonne coopération entre leurs services de sécurité. Les deux pays expriment le besoin de protéger leurs citoyens, de connaître les causes du terrorisme qui sont politiques. Nous savons qu'il faut d'abord régler certains conflits dans la région, mais il faut aussi une action de soutien aux Etats du Sahel qui doivent sécuriser eux-mêmes leur domaine». Très explicite, Mme Alliot-Marie ajoutera : «Il ne s'agit nullement d'ingérence, mais d'une action de soutien que la France propose. Le gouvernement algérien est soucieux de lutter contre le terrorisme comme pour la Mauritanie qui, lors de sa dernière intervention, a eu le soutien logistique de la France.» Pour Mme Alliot-Marie, la France et l'Algérie partagent le souci de lutte antiterroriste et «la France est prête à soutenir l'Algérie qui, par son implantation, son importance et sa connaissance du sujet a un grand rôle à jouer». Revenant aux questions qui «fâchent» les deux pays, entre autres, la loi sur la glorification du colonialisme et la naissance d'une association dans ce sens, la ministre de la Justice a reconnu qu'«on ne peut pas nier un passé douloureux. Mais essayons de prendre à bras-le-corps les problèmes d'aujourd'hui et ceux que nous devons affronter ensemble demain. Ce qui ne nous empêchera pas de répondre à des attentes dans l'avenir». Sur l'affaire Mecili et l'emprisonnement du diplomate algérien, une des affaires qui a glacé les relations entre les deux pays, Mme Alliot-Marie a déclaré qu'«il est important que nous puissions admettre qu'il y a des décisions de juges indépendants et qui ne dépendent pas du politique. C'est d'ailleurs l'un des objectifs de cette visite de développer le côté judiciaire entre nos deux pays». Mme Alliot-Marie insistera enfin sur la nécessité du renforcement des relations entre les deux pays et affichera sa conviction profonde que la quatrième visite qu'elle vient d'effectuer en Algérie participe à ce rapprochement, «parce que la France et l'Algérie ont des visions communes, partagent des défis de tous ordres et ont tout intérêt à les relever ensemble».