Photo : APS Par Ali Boukhlef «Les relations entre l'Algérie et la France se portent bien.» C'est par cette phrase aussi courte que concise que le président Abdelaziz Bouteflika a balayé les nuages qui ont assombri, des mois durant, les relations entre Alger et Paris.Mieux, le chef de l'Etat, qui recevait hier à Alger la garde des Sceaux de la France, Michèle Alliot-Marie, s'est montré particulièrement optimiste en répondant par un «inch'Allah» à la question de savoir s'il allait se rendre en France pour une visite officielle. Cette virée, maintes fois reportée, reste donc dans le domaine du possible. Cette sortie médiatique du président de la République, qui ne s'exprime que très rarement devant les médias, est en soi un gage de bonne volonté de la part de l'Algérie. C'est aussi un signe de renouveau dans les relations entre deux pays qui, pour avoir en commun un passé, douloureux pour l'Algérie et lourd à porter pour la France, et un présent pas très net, ont fini par se regarder en chiens de faïence. C'est surtout une réponse aux multiples sollicitations de la France qui veut coûte que coûte (re)gagner une place dans l'économie algérienne. La tâche n'est pas de tout repos pour Paris qui, malgré les appels du pied, continue de temps à autre à commettre des gestes maladroits. Avant Alliot-Marie, d'autres responsables, aussi importants, sont venus à Alger. La visite la plus importante a été celle de Claude Guéant, secrétaire général de la Présidence française. Venu à deux reprises, le principal collaborateur de Nicolas Sarkozy a été reçu par le Premier ministre Ahmed Ouyahia. De ces rencontres est sortie une décision du chef de l'Etat français. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre et personnalité importante du parti au pouvoir à Paris, est désigné comme envoyé spécial pour les questions économiques entre l'Algérie et la France.C'est ce volet économique qui préoccupe en grande partie les autorités françaises. D'autant plus qu'Alger a clairement signifié sa volonté de voir désormais ses relations économiques s'établir avec un rapport gagnant-gagnant. Volonté qui s'est traduite dans la loi de finances complémentaire 2009 (LFC 2009) et dans la diversification des fournisseurs pour ne pas devoir dépendre d'un pays. L'affranchissement de la dépendance des puissances économiques s'est affirmé avec le renforcement de la coopération avec des pays aux économies émergentes (Brésil, Inde, Turquie, monde arabe…). Ce faisant, l'Algérie a donné la mesure pour toutes ses relations avec les partenaires étrangers dont la France. Même si avec cette dernière, la problématique de l'histoire et les questions de mémoire sont encore mises en avant. Cette nouvelle donne est-elle la nouvelle page tant recherchée des deux côtés ?