Dans un mois, le bureau d'études international qui devra accompagner le gouvernement algérien dans l'acquisition de Djezzy sera connu. Il le sera à l'issue de l'opération d'ouverture de plis qui précédera le dépôt des offres. Le gouvernement qui a lancé par le biais du ministère des Finances un avis d'appel d'offres international restreint le 11 octobre dernier a accordé aux bureaux d'études un délai de 45 jours pour déposer leurs offres. Ce ne sera donc qu'à partir de cette échéance que les choses sérieuses vont commencer. Si la volonté du gouvernement de reprendre Djezzy a été affichée dès le début de la crise en faisant valoir, entre autres, son droit de préemption, le lancement officiel du processus d'acquisition n'a eu lieu qu'après la conclusion d'un accord entre Orascom Télécom Holding et le groupe russe VimpelCom. La proposition de ce groupe russo-norvégien de racheter Djezzy pour un montant de 7,8 milliards de dollars ne dépassera pas ce stade puisque le gouvernement est décidé à reprendre Djezzy en considérant OTH comme seul interlocuteur dans cette affaire. Le gouvernement sera suivi dans ce projet qu'il veut mener à bon port par une banque d'affaires qui sera choisie. D'ores et déjà, cette mission d'accompagnement à travers le conseil, le suivi, l'évaluation et l'expertise s'annonce difficile et de longue haleine vu la complexité du dossier qui commencera sans nul doute par une analyse profonde des données sur Djezzy et qui se terminera par une évaluation précise de l'entreprise sur tous les plans particulièrement financier. Il s'agit de ramasser tous les ingrédients à mettre en faveur de l'Algérie pour réussir ce projet d'acquisition en proposant une offre valable par rapport à la tendance générale. Les connaissances et les compétences des experts qui composent la banque d'affaires à choisir sont importantes. Ces experts auront, en effet, à conseiller tout au long du processus d'acquisition le gouvernement pour l'aiguiller sur toutes les décisions qu'il prendra dans ce cadre et optimiser ses chances. Les atouts sont bien là, à commencer par les dettes de l'opérateur envers le fisc. Ajoutons à cela les poursuites en justice dont fera l'objet l'opérateur mobile en raison des contraventions aux règlements en vigueur, selon la Banque d'Algérie. Donc, il suffit juste de jouer sur ces atouts pour réussir l'opération et proposer le bon prix pour une licence vendue, pour rappel, à 737 millions de dollars en juillet 2001 pour une durée de 15 ans, c'est-à-dire jusqu'en 2016. Si le groupe Vimpelcom a proposé 7,8 milliards de dollars à OTH, les experts l'ont évalué entre 2 et 3 milliards de dollars. Le plus important pour l'heure est d'arriver à évaluer précisément cette entreprise en prenant en considération tous les facteurs dans le respect des délais. A ce sujet, le ministre de la Poste, des Technologies de l'information et de la communication, Moussa Benhamadi, a annoncé récemment que l'évaluation de Djezzy devrait être finalisée «avant la fin de l'année en cours ». Serait-ce possible ? Tout dépend du bureau qui sera choisi à cet effet.C'est pour cela que dans l'avis d'appel d'offres lancé le 11 octobre dernier, des curriculums vitae (CV) détaillés et des références professionnelles justifiées par des attestations de bonne exécution délivrées par les clients concernés sont exigés aux experts dans les dossiers des banques soumissionnaires. De même que la méthodologie et le planning pour la réalisation de la prestation demandée. D'autres conditions à l'image de la déclaration de probité demandée. Et ce, en application des nouvelles dispositions de passations des marchés publics et de lutte contre la corruption. En somme, le gouvernement cherche à sélectionner une banque d'affaires qui a déjà eu à prouver sa compétence dans le traitement des affaires de fusion et d'acquisitions. Pour rappel, l'Algérie a déjà fait appel à des bureaux étrangers durant l'ère des privatisations tous azimuts. Des montants colossaux ont été dégagés dans ce cadre. Dans certains cas, les études n'ont pas été concluantes. Mais, dans ce cas précis, le premier depuis l'ouverture du marché, le gouvernement veut aller jusqu'au bout en usant de son droit de préemption. Un droit qui coûtera cher à l'empire Sawariss, lequel s'est lancé cette semaine dans une autre affaire de vente d'actions. Cette fois, c'est en Grèce qu'OTH cherche à céder ses parts dans Wind Hellas, toujours au profit de VimpelCom pour 6,6 milliards de dollars. Parallèlement à cette opération, OTH dont la cote a baissé à la bourse du Caire cherche à sauver son image en Algérie en annonçant la semaine dernière qu'un recours sera déposé auprès de la Direction des grandes entreprises (DGE) concernant le redressement fiscal dont OTA a fait l'objet. A titre de rappel, Djezzy est le premier opérateur mobile en Algérie avec 15 millions d'abonnés. S. I.