C'est avec la projection du film L'homme qui crie du Tchadien Mahmet Salah Haroun (lauréat du prix spécial du jury au Festival de Cannes 2010) que la 23ème session des Journées cinématographiques de Carthage a marqué son coup d'envoi hier. Considéré comme le doyen des festivals du 7ème art, cet événement présentera cette année quarante-neuf œuvres de dix-sept pays arabes et africains. «Les JCC, plus que tout autre manifestation arabo-africaine dont elles sont la doyenne, sont appelées à penser l'avenir», déclare Dora Bouchoucha, directrice de cette 23ème édition. L'Algérie sera évidemment en compétition et sera représentée par Malek Bensmaïl dans la section documentaire avec son œuvre choc la Guerre secrète du FLN en France. Écrit par le réalisateur, ce documentaire montre la véritable guerre menée par le FLN en France, transportant pour la première fois dans l'histoire une révolution populaire sur le sol du pays occupant. Dans la section court métrage, l'enfant prodige Yaniss Koussim tentera de séduire le jury avec Khouya, déjà primé au Festival de Locarno. Côté long métrage, Abdelkrim Bahloul concourra avec Voyage à Alger, qui relate l'histoire d'une femme ayant tout perdu durant la guerre de l'indépendance algérienne. Elle rencontrera un Français qui décide de lui faire don, à elle et à ses six enfants, de son ancienne demeure. Hélas, un haut fonctionnaire de l'Etat algérien s'y oppose et veut absolument récupérer la maison. Ce dernier concourra avec des films très attendus à l'image de State of Violence du Sud-Africain Khalo Matabenee, Once Again du Syrien Joud Saïd et Message from the sea de l'Egyptien Daoud Abdel Sayed. On soulignera aussi la participation de la coproduction algéro-tunisienne les Palmiers blessés, réalisée par Abdelatif Ben Ammar en compétition officielle catégorie long métrage. Pour cette catégorie, le jury sera présidé par le réalisateur haïtien Raoul Peck et comprendra Diane Baratier (France), Joseph Gaye Ramaka (Sénégal), Anouar Brahem (Tunisie), Atiq Rahimi (Afghanistan), ainsi que les actrices Elham Shahine (Egypte) et Soulef Fawakherji (Syrie). Au-delà de l'instauration de deux nouvelles catégories, à savoir le court métrage et le documentaire, les organisateurs ont également songé à créer une compétition nationale pour le court métrage avec douze œuvres tunisiennes. Aussi, deux prix nouvellement créés seront décernés, le premier par l'Organisation de la femme arabe (OFA), une instance regroupant les premières dames arabes actuellement présidée par Leïla Ben Ali, épouse du chef de l'Etat tunisien. Le second récompensera un jeune cinéaste à l'initiative de l'ambassade de France, qui organisera en marge du festival les «Premières journées audiovisuelles» du 25 au 27 octobre.Les JCC donneront également lieu à de nombreux hommages, dont un à titre posthume au cinéaste malien Sotigui Kouyaté fils de l'Afrique et citoyen du monde, mais aussi au réalisateur d'origine algérienne Rachid Bouchareb. «Entre drames intimistes et cinéma épique, Rachid Bouchareb a acquis en un quart de siècle une centralité dans le cinéma français que personne n'aurait pu prédire il y a encore quelques années. De Cheb à Hors-la-loi, le cinéma de Rachid Bouchareb est travaillé par le même idéal humaniste défendu avec une constance qui force le respect», rapporte le dossier de presse à propos du réalisateur.Les JCC, c'est aussi des cycles de projections réguliers et thématiques, dont «Découvertes», «Cinéma du monde», «Cinéma et mémoire» et un panorama du cinéma tunisien ; au total plus de 200 films seront projetés durant cette année et ce, jusqu'au 31 octobre. W. S.