La Palestine, invitée d'honneur du 2ème Festival international du théâtre d'Alger (Fita) était au cœur de la problématique sur les conflits au Moyen-Orient, abordés par la pièce intitulée Au commencement était le verbe, présentée, vendredi dernier, sur les planches du Théâtre national algérien (TNA), par la compagnie belge Arcinolether. Talentueusement mise en scène par Christophe Cotteret, la pièce aborde, dans un style ubuesque, les rapports et les décisions absurdes frisant le ridicule prises depuis une soixantaine d'années par l'Organisation des Nations unies (ONU) concernant la résolution du conflit israélo-palestinien. Dans un décor plongeant les spectateurs au centre névralgique de cette organisation, dont le premier devoir est de promouvoir et de maintenir la paix dans le monde, le public suit le déroulement du fil de l'histoire depuis la décision saugrenue de la création de l'Etat sioniste en Palestine à la fin du tutorat anglais jusqu'aux tragiques événements récents, à travers notamment la restitution théâtralisée à l'extrême des multiples assemblées dont les jeux sont faits d'avance.Dans la présentation de la pièce, il est souligné qu'«avec une certaine dose d'humour noir et de cynisme diplomatique, Arcinolether revient sur plusieurs événements qui ont marqué l'histoire du Moyen-Orient. De résolutions en discours, de traités de paix en prix Nobel, soixante années de verbe révèlent avec force les contradictions, les mensonges, les hypocrisies et les menaces». Ainsi, dans un style ironique frisant le grotesque, le rôle de l'ONU dans la dégradation sanglante de la situation en Palestine, et au-delà dans toute la région du Moyen-Orient, est implacablement démontré sur scène à coups de photos, d'extraits de documentaires d'archives et du jeu magistral des comédiens. Ainsi, la «puissante organisation mondiale», censée œuvrer à apaiser les conflits et les guerres dans le monde, n'est en fait qu'une gigantesque marionnette téléguidée par les puissances occidentales afin de mieux servir leurs intérêts. Ces puissances qui, à travers un discours pernicieux, ont semé les graines de la haine et de la mort en toute légalité à coups de discours hypocrites et de résolutions versatiles. La cacophonie de cette Assemblée de pacotille est notamment illustrée par l'utilisation de trois langues arabe, français et anglais qui s'entrechoquent dans des dialogues de sourds où les «petits Etats» n'ont pas droit à la parole et ne sont présents que pour donner plus de légitimité à des décisions qui font couler le sang des innocents et charcutent les enfants sous les bombes à phosphore. A la chute du rideau, le metteur en scène Christophe Cotteret et les comédiens Léa Rogliano, Olivier Rosman, Maria Harfouche, François Kah et Raymond Hosni ont été chaleureusement applaudis par le public qui a apprécié cette représentation de qualité ayant abordé avec intelligence et pertinence la tragédie du peuple palestinien. S. A.