L'Agence nationale du médicament sera mise en place avant la fin de l'année en cours. Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbes, l'a annoncé hier, à Alger, à l'occasion de sa première «réunion de concertation» avec les intervenants dans le domaine de la production pharmaceutique en Algérie. La première du genre, décidée sur instruction du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de son audition du ministre, au mois de Ramadhan dernier. «J'ai soumis au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, un projet de décret présidentiel concernant la création de cette agence. Elle sera mise en place avant la fin de l'année en cours. Vous serez tous représentés à côté d'autres responsables d'autres secteurs», a tenu à préciser le ministre. Autre information concernant ce domaine de l'industrie pharmaceutique, la création d'une direction générale du médicament au niveau du ministère : «Il y aura un nouvel organigramme et, avec lui, une direction générale du médicament.» Le représentant du gouvernement se lance un défi majeur : «Nous devons couvrir 70% de nos besoins en médicaments à l'horizon 2014.» Un pari difficile à réussir mais que le ministre juge absolument nécessaire de lancer, en collaboration étroite avec les producteurs locaux et les distributeurs, dans l'objectif principal de «protéger la santé du citoyen». Le ministre Djamel Ould Abbes soutient qu'il est temps que l'Algérie mette un terme à sa dépendance de l'étranger en matière d'approvisionnement en médicaments : «Que deviendrons-nous si nous restons dépendants de l'importation ?» interroge-t-il, rappelant qu'en moins de cinq ans la facture d'importation du médicament a doublé. Elle est passée de 800 millions d'euros en 2005 à 1 670, 10 millions d'euros en 2009, soit près de 2,5 milliards de dollars. «C'est beaucoup. C'est une grande charge pour l'Etat algérien.» D'où l'urgence de renforcer la production locale mais cela ne peut se faire sans un véritable encouragement et un soutien de l'investisseur local. C'est justement là l'objet de la rencontre d'hier. Une occasion pour les intervenants dans le domaine de poser leurs problèmes. Le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officine (SNAPO) insiste sur la nécessité d'élaborer une «charte des pratiques de commercialité». Selon son représentant, des anomalies criantes sont constatées au quotidien dans le marché du médicament : «Les conditions de travail sont de plus en plus difficiles. Nous sommes constamment agressés par des pratiques contre l'éthique et la déontologie. Il faut mettre de l'ordre dans ce marché du médicament. Nous voulons une charte des pratiques de commercialité. C'est à l'Etat d'imposer ces pratiques et non pas aux opérateurs…» Autre revendication, la nécessité de mettre en place une stratégie bien réfléchie et «une politique nationale du médicament». La même revendication exprimée par d'autres opérateurs, producteurs, distributeurs, etc. L'autre problème posé par l'assistance a trait à l'enregistrement des médicaments. Une procédure administrative qui pose de grands problèmes aux concernés en raison de ses lenteurs : «Nous demandons un couloir vert pour l'enregistrement. Il n'est pas normal qu'un opérateur attende deux ans pour l'enregistrement d'un nouveau produit.» D'autres intervenants ont insisté sur la nécessité de rembourser tous les médicaments produits localement : «C'est le meilleur moyen de montrer son soutien pour l'investissement local.» Même chose pour le tarif de référence : «Il faut abandonner ce tarif de référence lorsqu'il s'agit de médicament produit localement.» D'autres interventions ont été axées sur les difficultés d'accès aux crédits bancaires. Revenant sur les pénuries à répétition des médicaments, le premier responsable du secteur s'est montré catégorique : «Il n'y aura plus de pénurie de médicaments. Je déclare la guerre aux pénuries.» Et de poursuivre : «Ces pénuries sont organisées. Je ne laisserai pas faire.» K. M.