Photo : S. Zoheir Par Samir Azzoug «Je n'ai pas travaillé avec des colonels de la Gendarmerie nationale à la retraite. J'ai une très grande confiance dans les cadres de la police nationale. J'ai fait appel à un colonel et un lieutenant-colonel de gendarmerie, c'est tout», tranchait, hier, le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani El Hamel, au sujet du mouvement opéré dans les rangs des chefs de Sûreté de wilaya. «Une commission composée de cadres supérieurs de la police a été installée afin de sélectionner parmi les commissaires principaux et les commissaires divisionnaires de police les candidats potentiels pouvant assumer cette fonction», poursuivait-il, lors d'une conférence de presse en marge de la réunion de travail tenue avec l'ensemble des chefs de Sûreté de wilaya à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf. Rappelant que ce mouvement «préconisé par nos soins (le DGSN), validé par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et décidé par le président de la République n'est pas une fin en soi», M. El Hamel révèle les critères de sélection et les objectifs de l'opération. Concernant le choix des chefs de Sûreté de wilaya, il précisera que, durant un mois, la commission a eu à étudier 168 dossiers de candidature (24 dossiers de commissaires divisionnaires de police CDP et 144 dossiers de commissaires principaux CPP). Quatre critères ont été retenus, à savoir : le niveau d'instruction (un niveau universitaire est exigé) ; une condition d'âge (pas plus de 50 ans pour les CPP et pas plus de 52 ans pour les CDP) ; le profil (avoir exercé au niveau des services opérationnels) et la discipline (n'ayant pas encouru de sanctions disciplinaires incompatibles avec l'exercice de la fonction concernée). «La Ssûreté de wilaya est un échelon opérationnel. On a besoin d'un effectif jeune car les missions sont très difficiles. Et on ne peut pas désigner un administratif, il ne s'agit pas de gestion», explique le DGSN. S'agissant de la finalité du mouvement, El Hamel précise que «la mutation est un acte de commandement et de gestion». Il résumera ces objectifs en trois points : consacrer dans les faits le principe de mobilité statutairement institué dans les fonctions publiques et les postes supérieurs de l'Etat ; assurer l'alternance dans les postes de responsabilité et permettre aux différents échelons hiérarchiques de disposer de commandements jeunes possédant l'expérience nécessaire du terrain et les niveaux de formation requis préalables à l'appréhension des problématiques sécuritaires. Quant au cadre global dans lequel entre le mouvement des chefs de Sûreté de wilaya, il est dit qu'une démarche globale de professionnalisation et de modernisation de la police algérienne s'appuie, outre la mobilité de sa ressource humaine, sur la réorganisation de ses services, la révision du statut de ses fonctionnaires et l'élévation du niveau de formation et de qualification ainsi que sur le renforcement et le développement des moyens et la technologie nécessaires à l'accomplissement de leurs missions. Le mouvement des chefs de Sûreté de wilaya a touché 31 cadres sur 4 823 cadres de la Sûreté nationale qui ont été, pour la première fois, promus au rang de chef de Sûreté, 8 chefs de Sûreté de wilaya ont été désignés en la même qualité au niveau d'autres wilayas et 17 ont été maintenus dans leur poste. S. A. Les réponses d'El Hamel Lors de la conférence de presse animée à l'Ecole supérieure de police de Châteauneuf, le directeur général de la Sûreté nationale a répondu aux questions posées par les représentants de la scène médiatique nationale sur différents sujets relevant des prérogatives du corps de la police nationale. Circulation, sécurisation et caméras de surveillance A une question posée par un confrère sur le problème de la circulation automobile, Abdelghani El Hamel explique qu'il y a deux types de barrages routiers : un pour le filtrage et un autre pour la lutte antiterroriste : «Il y aurait peut-être un problème en termes de nombre de barrages, mais la sécurité n'a pas de prix. On ne peut pas faire autrement.» Rassurant quant au niveau de sécurisation d'Alger, il a affirmé que «la capitale est bien sécurisée» ; le taux de couverture sécuritaire est de 70% sur le territoire national. Revenant sur l'installation de caméras de surveillance, il dira : «Elles ne sont pas encore opérationnelles. C'est un projet qui n'est pas de la DGSN. La Sûreté nationale n'aura que l'exploitation du réseau. Et il faut rappeler que les caméras sont là pour protéger le citoyens et pas pour le déranger.» Personnel de la police, police de proximité et statut particulier Concernant les effectifs de la police nationale, le nouveau DGSN déclare : «J'ai trouvé un personnel formé en quête d'orientation du fait de la crise» en référence à l'assassinat de l'ex-DGSN, Ali Tounsi, dans son bureau. Au sujet de la prise en charge des préoccupations socioprofessionnelles des policiers, tout en écartant l'éventualité de la constitution d'un syndicat de police qui «n'est pas à l'ordre du jour», il informe que la direction a pris en charge, sérieusement, le dossier relatif au statut particulier des policiers. «Une commission a été installée au niveau de la Sûreté nationale accompagnée de cadres de la fonction publique et du ministère des Finances. Un délai a été fixé et nous y serons largement. Je peux vous garantir que les fonctionnaires de police seront entièrement satisfaits de leur nouveau statut.» S'agissant de la police de proximité, El Hamel rappelle que ce n'est pas une nouvelle démarche, mais elle obéit à un objectif : impliquer le citoyen dans la sécurité de son environnement. Il ajoutera que les Sûretés urbaines seront renforcées en moyens et personnel. Lutte antiterroriste et cybercriminalité Quant à la lutte antiterroriste, le DGSN déclare ne pourvoir en faire l'évaluation car «les forces de police sont intégrées dans des cellules qui relèvent de l'ANP». Pour ce qui est de la lutte contre la cybercriminalité, tout en reconnaissant que le tâche est ardue, il a déclaré : «Nous avons des cellules au niveau de la police scientifique et technique.» Marchés informels et parkings sauvages S'agissant de l'opération d'éradication des marchés informels, El Hamel rappelle les déclarations du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales qui adopte une politique favorisant l'absorption de ces marchés contre l'éradication pure et simple. «Vous avez constaté que les marchés de Bachdjerrah et de Bab El Oued ont été délocalisés. L'éradication des marchés informels est une opération qui s'inscrit dans le temps», soutient-il. Pour les parkings sauvages, le DGSN explique : «Nous avons reçu instruction de prendre toutes les solutions concrètes en vue de mettre un terme à ce phénomène.» Réhabilitation des cadres poursuivis En ce concerne les cadres de la police impliqués dans des affaires de corruption, le DGSN nie l'installation d'une commission particulière pour leur réhabilitation : «Ce genre de commissions existe déjà, et elles font leur travail.» La communication «J'ai instruit la direction de la communication de la DGSN et les cellules de communication au niveau des Sûretés de mettre l'information à la disposition des journalistes et des citoyens», déclare El Hamel qui assure avoir renforcé ces cellules pour une meilleure accessibilité à l'information.