Un vent de scission souffle sur le mouvement des Scouts musulmans algériens (SMA), où une trentaine de mouhafadhs de wilaya ont retiré la confiance en le commandant général, en l'occurrence Noureddine Benbraham, contre lequel pèsent de nombreux griefs, dont des «dépassements statutaires et la mauvaise gestion». Les dissidents, réunis le 14 août dernier, ont décidé la convocation d'une session extraordinaire du conseil national qui doit se tenir le 28 août prochain au camp international de Sidi Fredj, pour mettre sur pied une «instance nationale de redressement de la ligne du mouvement scout» chargée d'établir les contacts et de préparer le conseil national en question. Un appel est lancé en direction de tous les anciens cadres et commandants des scouts à coopérer avec cette instance, et à boycotter toutes les activités et les réunions auxquelles appelle l'«ancien commandant général», sans coordination avec l'instance susmentionnée. Un appel est lancé, en outre, au ministre de l'Intérieur pour l'ouverture d'une enquête sur la manière dont est gérée l'organisation, les violations de la loi portant associations, et pour mettre au clair les relations avec les ambassades étrangères et les ONG. Le ministre de la Jeunesse et des Sports est invité, par le biais des instances habilitées, notamment l'IGF et la Cour des comptes, à ouvrir une enquête sur la gestion financière de l'organisation, le camp international de Sidi Fredj, depuis 1998 à nos jours. Intervenant lors d'une conférence de presse organisée hier, au siège de la mouhafadha de la wilaya d'Alger, organisée conjointement par Youcef Serrir et Mounir Aït Yala, respectivement mouhafadhs des wilayas d'Alger et d'Oran, ces deux dissidents qui ont fait l'objet d'une mesure de suspension ont retracé l'ambiance au sein de cette réorganisation depuis le dernier congrès en 2005 et recensé les principales doléances. Au chapitre des dépassements statutaires et réglementaires, notamment à la loi 31/90 relative aux associations, ils accusent le commandant général de non-installation de l'adjoint au commandant général des mourchidate, des structures de six wilayas, et de la création d'un poste de chargé de mission auprès du commandant général, ainsi que la création de groupes de scouts en dehors des cadres réglementaires et sans consultation des mouhafadhas de wilayas habilitées par la loi, la suspension de trois membres du conseil d'administration, la dissolution de la mouhafadhas d'Alger le dépassement des délais réglementaires pour la tenue des sessions du conseil d'administration et du conseil national, etc. Sur le plan financier, des dépassements sont aussi enregistrés, notamment «l'utilisation des fonds de l'organisation et de ses moyens aux fins personnelles du commandant général et de ses adjoints» et «l'utilisation de ses moyens pour le chantage des structures de wilaya et des groupes», d'énormes dépenses sans délibération des instances spécialisées, le chantage des cadres des mouhafadhas de wilaya pour bénéficier des tenues de scouts, ce qui de surcroît est un don du président de la République. Ils relèvent, en outre, la situation désastreuse de l'organisation, notamment la régression de la position des SMA sur les plans arabe et international, la baisse dangereuse du nombre d'adhérents et la poursuite de projets fictifs. Tout compte fait, la crise aux MSP et le soutien au troisième mandat du président de la République n'en sont pas moins liés à cette situation que traverse l'organisation scoute aujourd'hui. Le commandant Aït Yala, chargé du continent européen, et suspendu pour son appartenance au MSP, tout en reconnaissant qu'il fait partie du conseil national du MSP, a indiqué que cette appartenance n'est pas antinomique avec celle des SMA, arguant que la majorité des membres du conseil national sont adhérents d'autres partis, citant le FLN, le FNA, etc. Selon lui, le début des mesures de suspension et des persécutions contre les mouhafadhs remonte au lancement de la campagne «tous avec le Président» qui a consisté à prendre langue avec les jeunes, à la suite de la réunion avec les walis sur le thème de la jeunesse. Le lancement de cette campagne n'aurait pas été du goût du commandant général, qui aurait l'intention de soutenir un autre candidat, a-t-il indiqué en rappelant qu'en 2004 les SMA ont été la dernière organisation à apporter son soutien au président Bouteflika. Il s'est inscrit en faux contre les allégations selon lesquelles les dissidents auraient reçu des instructions pour abattre le commandant général, en précisant que la majorité de ses proches sont des membres des instances exécutives du MSP. A. R.