Photo : S. Zoheïr Par Hassan Gherab Avec la 15ème édition du Salon international du livre d'Alger (SILA), comme avec la précédente d'ailleurs, les organisateurs ont manifestement voulu sortir la manifestation du cadre de simple exposition-vente de livres. La promotion du livre et de la lecture publique étant un des objectifs principaux de ce salon, ils se devaient donc de l'y adapter de manière à encourager les parents à y venir avec leurs enfants.Pour ce faire, en plus de l'élargissement des allées, qui sont passées de 3 mètres à 5 mètres, pour fluidifier le flux de visiteurs, des espaces détente, jeux et restauration ont été aménagés autour du chapiteau abritant le salon. Les familles qui se déplacent au SILA peuvent ainsi laisser leurs enfants jouer dans le petit parc de jeu, se reposer et/ou s'alimenter chez un des vendeurs de sandwichs installés sur le site. Mais entre la volonté des organisateurs de faire du SILA un vecteur de socialisation du livre et la réalité du terrain, il y a tous les acteurs intervenants qui ne jouent pas toujours le jeu, à commencer par les restaurateurs. Comment peut-on vendre à 200 dinars, en moyenne, des sandwichs dont le prix de revient n'excède pas 50 dinars ?Certains se demanderaient peut-être ce que le prix d'un sandwich a à voir avec la fréquentation du salon. La quasi-totalité des familles qui se rendent au salon viennent de loin. Aussi, si elles savent que leurs enfants pourraient manger sur place à moindres frais, elles consentiraient à venir à l'ouverture du salon, à 10h30, et resteraient toute la journée, ce qui leur permettrait de tout visiter et, peut-être, d'acheter. Autrement, elles se contenteraient d'une petite visite en matinée ou en après-midi. «Quand le ventre est plein, la tête chante», dit le proverbe. Les exposants sont cet autre intervenant dont la philosophie ne cadre pas complètement avec l'objectif des organisateurs susmentionnés. De nombreuses maisons d'édition, étrangères principalement, utilisent le SILA pour déstocker. Des étals entiers sont occupés par des ouvrages qui datent, et à des prix décourageants. Quant au livre pour enfants, il a, certes, bonne place, mais il n'est pas toujours accessible. Le rapport qualité-prix joue en sa défaveur : on doit opter soit pour un livre de moindre qualité et pas trop cher (entre 50 et 200 dinars), soit pour celui de très bonne facture mais à un prix bien plus important (1 000 à 1 700 dinars).Evidemment, les bourses moyennes choisissent le moins cher, ce qui n'empêche pas les enfants d'être très contents. Il reste seulement aux parents de les pousser à les lire. Car l'école a depuis belle lurette exclu le livre de ses murs et de ses programmes. La promotion du livre et de la lecture a encore du chemin devant elle. Un pas est déjà franchi. D'autres devront suivre. Le SILA n'est pas une fin en soi. Il est attendu que ce salon fasse des «petits» qui se dissémineront à travers tout le pays.